Entreprise post-Covid : les 6 travaux des RH

Télétravail, management, espaces de travail… Quels sont les chantiers auxquels vont s’attaquer les équipes RH dans les prochains mois pour construire une organisation durable ?

Les entreprises vont devoir tirer les leçons de la pandémie.
Les entreprises vont devoir tirer les leçons de la pandémie. © ivector/stock adobe.com

Depuis plus d’un an, les RH sont à l’avant-poste de la gestion d’une crise inédite dans leur entreprise. Sur-sollicitées pendant la pandémie, ces équipes sont confrontées à un nouveau challenge non des moindres : construire le monde du travail post-Covid. Quels sont les principaux défis des RH dans les mois qui viennent ?

1. Trouver le bon rythme présentiel/distanciel

Si 60 à 70% des salariés estiment le retour au bureau nécessaire pour la cohésion d’équipe et le relationnel, ils sont 74% à vouloir pérenniser le télétravail un à trois jours par semaine, d’après une enquête OpinionWay.

L’équation à résoudre pour les RH est donc la suivante : comment concilier les deux impératifs du maintien d’une part de télétravail nécessaire à l’équilibre psychique de leurs collaborateurs et renforcer dans le même temps les synergies entre collègues au bureau ?

Les entreprises planchent aujourd’hui sur le sujet avec leurs représentants syndicaux pour déterminer la formule idéale et la détailler dans le cadre d’un accord ou d’une charte de télétravail. Selon une enquête menée par l’association nationale des DRH (ANDRH) auprès de 270 responsables des ressources humaines, les deux tiers des entreprises du secteur privé prévoient d’instaurer au moins deux jours par semaine de télétravail.

« Avant la crise, environ 3 à 4 % des salariés travaillaient au moins une fois par semaine de chez eux. Aujourd’hui, c’est 30 %, calcule Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH, invité de France 24. Il y a donc en France un tiers des emplois qui sont susceptibles d’être télétravaillés. Les entreprises ont donc tout intérêt à intégrer le fait que travailler de chez soi va devenir une alternative. La pression sociale sera forte sur cette question. Il n’y aura pas de retour en arrière. »

2. Favoriser l’équité entre salariés travaillant sur site et télétravailleurs

Autre enjeu essentiel : veiller à l’équité de traitement entre travailleurs sur site et télétravailleurs. En vertu de l’article L. 1222-9 du Code du travail, le salarié en télétravail dispose des mêmes droits que celui qui est présent au bureau. Il bénéficie notamment de la même couverture de Sécurité sociale, maladie et accident du travail, est concerné par les mêmes dispositions légales en matière de rémunération, de jours de congés, dispose des mêmes droits de formation et d’avantages sociaux (tickets-restaurant, CE) identiques.

3. Accompagner les managers dans la gestion de leurs équipes à distance

Selon le dernier baromètre publié par le cabinet Empreinte Humaine fin mai 2021, le burn out concerne 1,5 fois plus les managers que le reste des actifs. Les chefs d’équipe, habitués à une culture française du travail dominée par le présentiel, ont dû s’adapter sans transition au full remote. Une formation sur le management à distance peut s’avérer utile pour leur donner les bons outils.

De son côté, Benoît Serre appelle les entreprises à « abandonner un modèle assez répandu en France, qui repose sur le contrôle, pour un modèle hybride, fondé sur la confiance. Cela signifie aussi pour les DRH, réévaluer nos schémas d’évaluation, de nomination, de recrutement car les qualités que les entreprises vont demander au manager ne seront plus les mêmes. »

4. Rassurer leurs collaborateurs

Parfois mis à rude épreuve pendant la crise, certains salariés n’ont pas bien vécu le travail à distance, les confinements successifs et la menace permanente d’une contamination. Des appréhensions à prendre en compte pour un retour au bureau apaisé. Les équipes RH ont tout intérêt à communiquer sur les précautions sanitaires toujours de mise dans leurs locaux, en se basant sur la nouvelle version du protocole sanitaire en entreprise.

Ce texte invite notamment les employeurs à réorganiser les horaires « pour éviter les arrivées nombreuses » et à veiller au respect des mesures de distanciation physique, notamment lors des repas et des pots, limités à 25 personnes et organisés, de préférence, en extérieur.

Les équipes RH devront se montrer particulièrement disponibles et à l’écoute pour répondre aux craintes des salariés, les acclimater progressivement à cette nouvelle normalité et pouvoir les orienter vers une aide psychologique si besoin. « Être à nouveau dans le regard de l’autre, dans les interactions sociales physiques peut déboussoler. Les managers, même ceux qui n’ont pas renoncé à la culture du contrôle, doivent accepter que chaque personne aille à son rythme », analyse Sandrine Vialle-Lenoël, psychosociologue spécialisée dans la prévention des risques professionnels, dans les colonnes du Journal du Dimanche.

5. Répondre à la quête de sens au travail

« Les entreprises peinent en ce moment à se présenter sous leur jour meilleur, le jour qui donne envie au jeune diplômé de s’arrêter sur son stand quand il reconnaît son logo dans un salon de recrutement, écrit Cédric Bruguière, consultant en ressources humaines, sur le site de la Fondation Jaurès. Difficile de trouver une ligne de crête entre le fait de sembler faire sa promotion en pleine pandémie et le fait de disparaître totalement. Mais, le salarié jugera son employeur à l’aune de son comportement pendant la pandémie. La question du sens rejoindra la question de l’image de marque employeur. »

Selon lui, la crise sanitaire a mené les Français à se questionner plus profondément sur ce qui comptait réellement pour eux dans la vie. Cette introspection a mis en lumière un vif désir d’utilité sociale, question à l’aune de laquelle les entreprises devront redéfinir leur culture et leurs pratiques.

6. Repenser les espaces de travail

Si la crise nous a fait comprendre quelque chose, c’est que le bureau est avant tout un lieu d’échange et de partage. En bref, un espace de socialisation. Dans une organisation qui tend vers plus de flexibilité, les bureaux de demain ont vocation à se transformer. L’open space a vécu et l’engouement des salariés pour les espaces de coworking ou les tiers-lieux conduisent de plus en plus d’entreprises à repenser leurs espaces.

Créer des lieux de vie chaleureux, où les équipes pourront se retrouver pour travailler sur différents projets semble être la nouvelle tendance.

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Bien s’équiper pour bien recruter