Les discriminations dans l’emploi concernent plus d’un jeune sur trois
Selon une récente enquête, les jeunes actifs sont particulièrement victimes de discrimination, que ce soit à l’embauche ou au cours de leur carrière.
Le 14e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi, publié par l’Organisation internationale du travail et la Défenseure des droits, s’est concentré sur les jeunes actifs, une catégorie de travailleurs particulièrement affectée par la crise sanitaire.
Mardi 7 décembre, lors de la présentation des chiffres de l’étude*, réalisée auprès d’actifs de 18 à 34 ans, la Défenseure des droits, Claire Hédon, a alerté sur le nombre élevé de discriminations dans l’emploi vécues par les jeunes.
37% d’entre eux témoignent avoir subi une situation de discrimination ou de harcèlement dans le cadre de leur recherche d’emploi ou au cours de leur carrière. Un chiffre à mettre en regard de celui de la population générale au sein de laquelle 1 personne sur 5 est concernée. Les motifs de discriminations les plus fréquents visant les jeunes sont liés au sexe (27%,), à l’âge (23%), à l’apparence physique (22%) et à l’origine des personnes (16%).
Refus d’embauche ou de promotion pour motif discriminatoire
En 2021, 60% des 18-34 ans ont été confrontés à des propos stigmatisants ou à des comportements discriminatoires dans le cadre d’entretiens ou de promotions. Par exemple, près de la moitié des jeunes Français affirment avoir déjà été incités, lors d’un entretien, à modifier leur apparence (changer de coiffure, de barbe ou de maquillage, porter une tenue plus sobre ou sexy, ne pas afficher de signe d’appartenance religieuse, perdre ou prendre du poids…) ou à adopter un certain comportement (répondre à des avances sexuelles, cesser leurs engagements politiques ou syndicaux, différer un projet de grossesse, gommer leur accent…), que ce soit pour obtenir un poste ou une promotion.
Parmi ces victimes, plus de 4 jeunes sur 10, principalement des femmes, n’ont rien dit et n’ont entrepris aucune démarche pour sanctionner les auteurs de ces discriminations.
Des conséquences durables sur le parcours des victimes
Or, « l’expérience répétée des discriminations a des conséquences délétères et durables sur les parcours individuels, mine la cohésion de la société française et la confiance de notre jeunesse dans la promesse d’égalité », rappelle Claire Hédon.
Ces situations se soldent dans 20% des cas par une démission du salarié ou une rupture conventionnelle et dans 15% des cas par un licenciement. Elles ont également des répercussions sur la santé psychologique des victimes et génèrent chez elles de l’autocensure et une perte de confiance.
Des bonnes pratiques pour lutter contre les discriminations
La Défenseure des droits a rappelé l’existence de la plateforme antidiscriminations.fr et du numéro 39 28, lancés en février en 2021 et dédiés aux victimes de discriminations.
Elle a également énuméré trois bonnes pratiques à destination des employeurs privés et publics pour lutter contre ces discriminations :
- Une phase de diagnostic et d’enquête pour mieux identifier les risques de discrimination à l’encontre des jeunes collaborateurs ;
- Des actions de prévention et de lutte contre les discriminations visant spécifiquement les jeunes actifs ;
- La remise en question des processus et critères de décision RH et la sensibilisation de l’ensemble du personnel à ces problématiques.
*Enquête réalisée en ligne auprès de 3 201 jeunes actifs de 18 à 34 ans, en France métropolitaine, du 7 au 26 juillet 2021, par l’institut Ipsos.