Allongement du congé paternité : un pas vers plus d’égalité professionnelle hommes-femmes ?
Ce jeudi 1er juillet, le congé paternité passe de 14 à 28 jours. Quelles bénéfices peut-on attendre de cette réforme en matière d’égalité professionnelle hommes-femmes ?
Dorénavant, le congé paternité sera de 28 jours dont sept obligatoires. A travers ce doublement de la durée légale de congé pour les pères, le gouvernement entend, entre autres, réduire les inégalités professionnelles hommes-femmes, en limitant l’impact négatif de la maternité sur la rémunération et la progression de la carrière des femmes.
En effet, dans la plupart des pays de l’OCDE, les femmes gagnent moins que les hommes et restent sous-représentées aux fonctions de direction. Selon une étude de l’organisation parue en 2018, en moyenne, les femmes salariées gagnent 15 % de moins que leurs homologues masculins et occupent moins d’un quart des postes en conseil d’administration.
Un progrès mais pas de révolution en vue
L’allongement du congé paternité peut-il réellement changer la donne ou n’est-il que symbolique ? Economiste à l’OFCE, Hélène Périvier, interrogée par France 24 estime que « l’effet de cet allongement du congé paternité sera assez faible parce que, le plus souvent, ce congé est pris en même temps que le congé maternité. L’exemple d’autres pays montre qu’il ne faut pas s’attendre à un miracle, même si cela reste un élément positif ».
Cette réforme constitue donc une avancée mais ne suffira pas, à elle seule, à inverser la tendance. Certaines voix s’élèvent déjà pour demander d’aller encore au-delà des quatre semaines de congés pour les pères, considérées comme insuffisantes comparées aux 16 semaines de congé maternité pour un premier enfant. Le rapport Cyrulnik, remis au chef de l’Etat pour préparer cette réforme, recommandait d’ailleurs l’allongement du congé paternité à neuf semaines.
Faudra-t-il aller au-delà des quatre semaines ?
Car, si la France fait désormais partie des pays européens qui proposent les conditions les plus avantageuses en matière de congés paternité, elle demeure toutefois loin derrière la Finlande (9 semaines de congés paternité), l’Espagne (12 semaines de congés paternité) et la Suède (un an et demi de congés incorporant le congé parental, à répartir entre les deux parents).
« La majorité des tâches liées à la parentalité, les charges domestiques, la gestion des enfants, incombe toujours aux mères. Il faudrait mieux répartir ces congés afin que ce ne soit pas un frein à la carrière de l’un ou de l’autre. Et confier l’intendance aux pères permettrait sans doute aussi une reprise du travail plus tranquille pour les femmes », argumente la chercheuse Manuela Spinelli, spécialiste des études de genre, dans les colonnes de Ouest France.
« Idéalement, il faudrait que le congé du second parent soit équivalent à celui du congé maternité mais avec une période de deux à trois semaines au cours de laquelle il serait seul avec l’enfant. Ceci pour qu’il soit confronté, au quotidien, à la gestion de la famille au sens large », préconise-t-elle.
Quid du congé parental ?
Actuellement, dans l’Hexagone, 70 % des papas ont recours au congé paternité, un chiffre quasiment constant depuis sa mise en place en 2002. Comment inciter davantage de collaborateurs à prendre ce congé. Si certains prônent d’augmenter de le rendre obligatoire, d’autres conseillent de mieux le rémunérer. Le niveau de rémunération des salariés a, effectivement, une incidence importante sur la décision de prendre ce congé puisque 80 % des collaborateurs en CDI y ont recours, contre moins de 60 % des travailleurs précaires.
Autre levier possible pour garantir une meilleure égalité professionnelle entre les hommes et les femmes : rendre le congé parental plus attractif pour les pères, qui sont peu nombreux à le prendre, car ils perçoivent souvent le salaire les plus élevé au sein du foyer. Aujourd’hui, ils ne sont qu’1% à le demander à temps plein, alors que 14% des mères y ont recours.
Pour ce faire, une des pistes serait de revaloriser l’indemnisation de ce congé payé, équivalent à un tiers du SMIC (environ 400 euros mensuels) pour un temps plein.