Télétravail en baisse : un tiers des entreprises ne joueraient pas le jeu
Le gouvernement s’inquiète de la baisse du nombre de télétravailleurs depuis début janvier et l’assouplissement des règles encadrant le travail à distance.
Le nombre de télétravailleurs s’érode depuis le début du mois de janvier. Selon un sondage Harris Interactive, réalisé pour le ministère du Travail et publiée vendredi 29 janvier, 58% des Français interrogés ont travaillé à 100% au bureau durant la semaine du 18 au 24 janvier, contre 52% lors de la précédente enquête effectuée entre le 2 et le 8 novembre 2020.
Parmi les 2004 Français interrogés, la part de ceux travaillant à distance à 100% est, quant à elle, de 13% aujourd’hui contre 18% en novembre. 20% des actifs alternent aujourd’hui entre activité en présentiel et travail à distance contre 18% en novembre.
« Selon le Premier ministre, un tiers des entreprises ne jouent pas le jeu, a précisé Cyril Chabanier, de la CFTC. Elles ne refusent pas le télétravail. Mais elles ne l’appliquent pas à tous les salariés éligibles. » 16% des actifs interrogés se sont même vu refuser par leur employeur de rester travailler à la maison, selon l’étude Harris Interactive.
Quand le télétravail affecte la santé mentale des salariés
Fait marquant de l’étude, parmi les salariés pouvant effectuer leurs tâches aisément depuis leur domicile, 36% sont présents à 100% au bureau. Des chiffres révélateurs du mal-être croissant ressenti par certains collaborateurs en télétravail. Un tiers des télétravailleurs se sentent angoissé, stressé ou déclarent mal vivre le télétravail au quotidien. Ils sont 44% à se plaindre de l’isolement induit par le travail à distance.
Conscient de la situation et alerté par les syndicats, le gouvernement avait pris la décision le 7 janvier dernier d’assouplir les règles conditionnant le télétravail en permettant aux salariés qui « en ressentaient le besoin » de revenir travailler un jour par semaine sur site. Mais depuis, face à la baisse du recours au télétravail, l’Etat s’inquiète. « Le télétravail doit être renforcé, dans toutes les entreprises où cela est possible », a déclaré le Premier ministre, Jean Castex, vendredi 29 janvier.
Télétravail : un cadre relativement flou
Il faut dire que les entreprises naviguent à vue car les contours du cadre du télétravail sont relativement flous. Aucun texte législatif ou décret ne vient encadrer ses modalités d’application. Les employeurs peuvent se baser sur le protocole sanitaire du ministère du Travail. Ce texte précise que « les salariés qui peuvent effectuer leur tâche à distance doivent être en télétravail à 100 % », mais que, « pour éviter l’isolement, un retour en présentiel est possible un jour par semaine ». Une série de recommandations non contraignantes tout comme celles présentes dans l’accord national interprofessionnel conclu par les partenaires sociaux fin novembre 2020.
Fin décembre, le ministère du Travail avait publié un vade mecum destiné à accompagner les entreprises dans la définition des postes éligibles au télétravail. Mais, là encore, ce texte n’avait pas force de loi. Faudra-t-il en venir à légiférer pour clarifier la situation ou bien renvoyer la question au dialogue social dans les entreprises comme le prévoit l’accord national interprofessionnel ? Quoi qu’il en soit, le sujet du télétravail, qui s’est invité à la table des entreprises durant la crise, ne pourra plus être occulté.