Le travail occupe une place de moins en moins importante dans la vie des Français

La fondation Jean-Jaurès publie une note montrant que le rapport au travail des salariés français a profondément changé depuis 1975.

Les Français accordent moins d'importance à leur travail qu'à leur famille, leurs amis et leurs loisirs.
Les Français accordent moins d'importance à leur travail qu'à leur famille, leurs amis et leurs loisirs. © Wanlee/stock adobe.com

Travail hybride, quête de sens, meilleure conciliation des vies pro et perso… le monde du travail est en constante transformation pour s’adapter aux aspirations des salariés. Un mouvement qui s’est accéléré au cours des deux dernières années dans un contexte de crise sanitaire inédite.

Des transformations professionnelles impulsées par les salariés

« Le caractère inédit de ces transformations professionnelles réside dans le fait qu’elles ne sont pas cette fois-ci mises en place par les entreprises comme cela a souvent été le cas dans le passé : innovations technologiques, expérimentation de nouvelles organisations du travail… Elles proviennent avant tout des aspirations des actifs eux-mêmes, aspirations aiguisées par la crise sanitaire, et c’est aux entreprises de s’y adapter », fait remarquer Romain Bendavid, directeur de l’Expertise Corporate et Work Experience de l’Ifop et auteur d’une note publiée le 1er juillet par la fondation Jean-Jaurès.

En se basant sur plusieurs études, il constate qu’il y a eu un important impact de la crise sanitaire dans la relation des Français à leur travail : si aujourd’hui 24% des actifs affirment que leur travail est « très important » et 62% « assez important » (selon la norme Ifop de climat social 2021), la tendance s’est inversée par rapport au constat réalisé en 1990, où 60% lui accordaient une place « très importante » et 32% une place « assez importante » (selon l’enquête européenne sur les valeurs).

Au rang des choses « très importantes » dans la vie des Français, la famille continue d’occuper la première place (citée par 71%), mais elle est désormais suivie par les amis et relations (46%) et les loisirs (41%), devant le travail, qui se classait en deuxième position en 1990.

Du signe de réussite sociale au vecteur d’épanouissement personnel

Est-ce à dire que les Français ne veulent plus travailler ou qu’ils souhaitent travailler autrement ? Romain Bendavid penche pour la seconde hypothèse : « Le plus grand changement n’est donc pas inhérent au contenu en lui-même de son travail, mais à la place qui lui est accordée dans sa vie. Le travail demeure aujourd’hui important, mais il n’est plus aussi structurant. Dit autrement, beaucoup de salariés ne lui confèrent plus une fonction statutaire essentielle. Il constitue moins un marqueur d’inscription sociale ou un levier de bonheur.»

Plutôt qu’un signe extérieur de réussite sociale, l’emploi occupé est davantage perçu comme un vecteur d’épanouissement personnel à court terme, relève l’auteur. Les attentes prioritaires des Français à l’égard de leur employeur sont d’ordre qualitatif : garantir leur bien-être au travail, leur proposer des missions qui ont du sens, favoriser l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle.

Qualité de vie au travail : les employeurs en phase avec leurs collaborateurs

La crise sanitaire a également fait germer ou concrétisé des projets de mobilité, voire de reconversion professionnelle : 35% des personnes interrogées par l’Ifop fin 2021 estiment qu’elles travailleront dans une autre entreprise d’ici 5 ans, et 40% à un poste différent. 28% se voient exercer dans un autre secteur d’activité quand 12% vont même jusqu’à envisager de quitter le salariat pour adopter un statut d’indépendant.

La note pointe aussi que les aspirations des employeurs rejoignent en partie celles de leurs collaborateurs. Interrogés dans le cadre d’une enquête Ifop pour Back Office Santé en février 2022, les décisionnaires RH sont une majorité à citer des facteurs qualitatifs pour pérenniser la qualité de vie au travail de leurs salariés : un bon équilibre vie pro/vie perso (47%), la qualité des relations humaines (43%) et la valorisation des compétences de chacun (40%).

En résumé, si le travail occupe une place de moins en moins structurante dans la vie des actifs, la qualité de vie au travail demeure un enjeu de premier ordre pour les entreprises, actrices de premier plan du bien-être et de l’épanouissement de leurs collaborateurs au travail.

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