Près d’une femme sur deux confrontée à des actes sexistes au travail

Le premier « Baromètre sexisme » du Haut conseil à l’égalité femmes-hommes, publié lundi 7 mars, met en évidence une recrudescence des inégalités et des discriminations liées au genre.

Les inégalités et discriminations du fait du genre se sont renforcées en 2021, selon le baromètre du HCE.
Les inégalités et discriminations du fait du genre se sont renforcées en 2021, selon le baromètre du HCE. © motortion/stock adobe.com

Dévalorisation des métiers du « care » largement féminisés, plafonds et parois de verre limitant l’accès à certains postes, écarts salariaux, remarques sexistes et violences sexuelles au travail : le rapport 2022 du Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes (HCE) sur l’état du sexisme en France dresse le constat accablant que les inégalités et les discriminations subies par les femmes se sont renforcées. En 2021, presque 8 femmes sur 10 de plus de 15 ans ont déjà vécu personnellement un acte sexiste ou été destinataires de propos sexistes.

Un sexisme ordinaire difficile à déceler

Dans la lignée du mouvement #Metoo et dans un contexte de hausse du nombre de plaintes pour violences sexuelles, le HCE a décidé de publier pour la première fois un « Baromètre sexisme », réalisé par Viavoice*. Construit à partir des réponses de 3 000 Français et Françaises de 15 ans et plus, il met en exergue un décalage important : le sexisme est perçu comme un fléau persistant, indispensable à combattre, mais il est vécu comme un état de fait difficile à déceler dans ses manifestations au quotidien.

Preuve que le sexisme est encore aujourd’hui « mal défini, mal compris et mal combattu », selon le HCE : « Ce flottement conduit à ne pas toujours identifier les actes sexistes comme tels, jugeant que ceux-ci ‘’dépendent du contexte, de la situation’’ ou ne sont pas sexistes du tout. A titre d’exemples : encore 1 Français sur 2 considère qu’un homme qui coupe la parole à une femme n’est pas une situation sexiste dans l’absolu ; 42% considèrent qu’un homme qui commente la tenue vestimentaire d’une femme n’est pas forcément une situation sexiste, et 13% que ce n’est pas sexiste du tout. »

Incivilités, remarques sur la maternité, harcèlement…

Selon les chiffres du baromètre, 46% des Françaises interrogées ont vécu des manifestations sexistes au travail : « humour » sexiste, incivilités, remarques sur la maternité, remise en cause des capacités managériales ou des compétences, harcèlement ou agression sexuelle. Un chiffre qui atteint même 56% pour les 35-49 ans.

Sur le volet économique, les inégalités de salaire se sont accrues en 2021 : plus d’une femme sur 5 a déjà vécu un écart de salaire avec un collègue homme à poste égal ou à compétences égales. A cela s’ajoute un phénomène d’augmentation des travailleuses pauvres, notamment dans les métiers du « care », du champ du médico-social ou de l’hôtellerie-restauration, où les femmes sont surreprésentées.

Le télétravail renforce les inégalités de genre

Le rapport souligne aussi que le télétravail a renforcé ces inégalités de genre : répartition déséquilibrée de la charge domestique au détriment des femmes, invisibilisation des femmes travaillant à domicile qui a un impact négatif sur leur évolution professionnelle, éloignement durable du marché de l’emploi…

Cette enquête fait également apparaître des clivages forts de perception en fonction du genre : seules 18% des femmes ont le sentiment que femmes et hommes sont égaux au travail contre 29% des hommes. Et 82% des femmes estiment que le fait qu’un homme ait un salaire supérieur à celui de sa collègue, à poste égal, relève tout à fait du sexisme, contre 64% des hommes.

*L’enquête a été menée par l’institut Viavoice du 2 au 16 février 2022 auprès de 3 000 Français de plus de 15 ans.

Visuel promo

Bien s’équiper pour bien recruter