Rapport au travail : et si on arrêtait d’opposer les générations ?
Que recherche-t-on au travail ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la réponse n’est pas si différente qu’on ait 20 ou 50 ans.
« Les jeunes ne veulent plus de CDI », « La génération Z recherche un job qui a du sens», « Le télétravail séduit peu les seniors »… A longueur d’article, on présente les différentes aspirations des Français au travail en fonction de leur âge. Mais est-ce la bonne grille de lecture, à une époque où la quête de sens au travail a rarement été aussi intense, toutes générations confondues ?
Une enquête, publiée le 3 février par somanyWays, un programme d’accompagnement pour « redonner du sens au travail », vient bousculer ces stéréotypes, en mettant en évidence que, plus que l’âge, c’est le niveau de diplôme qui conditionne, en partie, notre rapport au travail.
Génération X,Y,Z : même combat
Ainsi, parmi les 15 000 répondants, les générations X (personnes nées entre 1960 et 1977), Y (nées entre 1978 et 1994) et Z (nées en ou après 1995) se rejoignent sur les trois critères indispensables, à leurs yeux, pour se sentir bien au travail : une bonne ambiance de travail, le fait de pouvoir apprendre et développer de nouvelles compétences et le fait de pouvoir proposer des idées et des solutions.
Ils s’accordent également sur ce qu’ils ne souhaitent « surtout pas » retrouver au travail : un manque d’éthique de l’entreprise, le fait que l’entreprise soit renommée, un chef qui micro-manage et dit comment faire plutôt que pourquoi.
Le niveau de diplôme : un critère plus décisif que l’âge
Pour justifier les différences d’aspirations au travail, le niveau de diplôme est un facteur plus déterminant que l’âge, selon les chiffres : ainsi, 65% des travailleurs ayant un niveau inférieur ou égal à bac +2 jugent indispensable d’avoir un CDI contre seulement 22% des bac +5 et plus.
Le nombre d’années d’études est également une bonne grille de lecture pour mesurer l’envie de ces personnes d’occuper un poste utile à la société. Si 50% des bac +5 et plus ont envie d’exercer un métier qui a un impact positif sur la société ou l’environnement, le chiffre chute à 34% chez les moins diplômés.
Le rapport à l’argent est, lui aussi, une affaire de niveau de diplôme bien plus que de génération : 45% des personnes ayant un niveau d’études inférieur ou égal à bac +2 estiment indispensable de progresser régulièrement dans leur rémunération contre 30% des bac+5 et plus. Tout comme le besoin de compartimenter vie professionnelle et personnelle : un sentiment partagé par 40% des moins diplômés contre 30% des plus diplômés.
Flexibilité, horizontalité : les jeunes en veulent-ils vraiment ?
L’enquête ne va pas jusqu’à dire que les aspirations des jeunes actifs et des personnes en fin de carrière sont totalement identiques à niveau d’études équivalent. Il existe des disparités en fonction du stade d’avancement de la carrière professionnelle. Mais, là encore, les résultats sont surprenants. Horaires souples, télétravail, mobilité : on a souvent tendance à penser que la flexibilité est un souhait plus répandu chez les Millenials que chez leurs aînés. Et pourtant, le sondage révèle que 57% des 45-62 ans jugent cette souplesse dans l’organisation du travail indispensable contre 36% des moins de 27 ans.
Dernière idée reçue : les jeunes générations plébisciteraient l’entreprise libérée, l’auto-régulation, l’horizontalité. En réalité, seuls 14% des personnes interrogées, dont une majorité issue de la génération Z, recherchent un environnement de travail « sans cadre ».
*Enquête menée à partir de 60 questions mises en ligne en 2019, et dont les résultats ont été arrêtés en novembre 2021, avec 15 000 répondants salariés, en recherche d’emploi, étudiants, free-lances, entrepreneurs… Une majorité des répondants (plus de 10 000) appartient à la génération Z près de 3 000 à la génération X et près de 2 000 à la génération Z (nés après 1995). Les résultats sont amenés à évoluer au fil des réponses récoltées via le questionnaire toujours en ligne.