Besoin de nouvelles compétences : et si vous misiez sur vos collaborateurs ? 

Vos collaborateurs actuels ne sont-ils pas les mieux placés pour acquérir les compétences dont vous aurez besoin demain ?

Former vos colaborateurs à de nouvelles compétences est bien moins coûteux que de recruter.
Former vos colaborateurs à de nouvelles compétences est bien moins coûteux que de recruter. © kpdmedia/stock adobe.com

Vous souhaitez développer de nouvelles activités ? Les technologies évoluent vite et les compétences de vos équipes deviennent rapidement obsolètes ? Avant de recruter, avez-vous pensé à former vos collaborateurs pour répondre à ces enjeux d’avenir ? Loïc Mahé, Senior Advisor au sein du cabinet de conseil Oneida-Oasys et ancien DRH, nous explique les avantages des programmes de reskilling.

Qu’entend-on par reskilling ?

Loïc Mahé : Le reskilling est une manière de proposer à ses salariés de vérifier l’adéquation de leurs compétences à l’évolution de leur environnement de travail et à son impact sur leur poste. A l’heure de rupture fortes, liées à la digitalisation, à la transformation écologique et à la mondialisation, les collaborateurs doivent sans cesse développer leurs savoir-faire, qu’il s’agisse de monter en compétences (on parle alors d’upskilling) ou d’en acquérir de nouvelles (reskilling). Les deux doivent, à mon sens, cohabiter pour répondre aux enjeux actuels.

Si le reskilling est un terme relativement nouveau, il couvre des sujets qui ne sont pas neufs : ceux de la GPEC (gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences), de la mobilité professionnelle, de la formation, de la reconversion.

Quelles sont les compétences les plus recherchées par les entreprises aujourd’hui ?

L.M : Si on se focalise sur les hard skills, elles sont très liées au métier. Il est donc difficile de répondre de manière globale à cette question. Mais en termes de soft skills, les entreprises recherchent principalement des personnes capables de travailler en équipe et de communiquer avec leurs collègues, car les métiers sont plus complexes qu’avant et nécessitent davantage de coopération.

Une grande qualité recherchée chez les managers est la capacité à accompagner les membres de leur équipe dans leur évolution professionnelle, à dialoguer avec eux pour identifier leurs soft skills et la manière dont ils les utilisent dans l’entreprise.

Quel intérêt pour une entreprise de mettre au point un plan de reskilling ?

L.M : La formation des personnels est un enjeu majeur de performance. Une entreprise ne peut durer que si elle s’adapte à son environnement. A titre d’exemple, toute entreprise est confrontée à la digitalisation de ses outils, qui s’est accélérée avec la massification du télétravail au cours de la crise sanitaire. Les postes se sont transformés et les entreprises se trouvent dans l’obligation d’intégrer les outils digitaux à leurs méthodes de travail si elles veulent survivre.

Au-delà de la performance, le reskilling peut aussi permettre à une entreprise d’éviter un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) et lui évite le coût de recrutements « inutiles ». Tout ce qu’on peut faire avant de recruter doit être fait pour éviter de gaspiller du temps et de l’argent. Car c’est coûteux de recruter : il faut acculturer les nouveaux, on peut faire des erreurs de casting, recruter en doublon…

Enfin, le reskilling est un formidable outil de mobilisation des collaborateurs, qui se sentent écoutés et accompagnés dans leur évolution professionnelle.

Et pour les collaborateurs ?

L.M : Acquérir de nouvelles compétences permet à un salarié de garder son poste, mais aussi de pouvoir nourrir d’autres projets professionnels ou personnels. Le reskilling est, à la fois, un vecteur de fidélisation et d’amélioration de son employabilité. C’est une approche gagnant-gagnant entre le collaborateur et l’employeur.

Comment mettre en place ce plan ?

L.M : Comme dans le cadre d’une GPEC, il faut commencer par lister les compétences présentes dans l’entreprise. La difficulté c’est qu’en France, beaucoup de dirigeants considèrent la GPEC comme un travail d’analyse qui ne sert pas, une cartographie qu’on range dans un coffre.

Il faut les inviter à aller au-delà du diagnostic : cette étape nécessaire doit s’accompagner d’un plan d’action, un workforce planning qui rende opérationnelle cette GPEC. Si la mise en œuvre de ce plan est parfois difficile, c’est qu’on a eu tendance à découper le service RH en plusieurs fonctions : recrutement, formation, gestion de carrière… Or, l’efficacité d’un programme de reskilling est de mettre en cohérence l’ensemble des actions de gestion de développement des salariés.

Il faut d’abord définir un plan de mobilité interne en fonction des besoins de l’entreprise sur les postes qui évoluent, puis construire un plan de formation cohérent avec ce plan de mobilité et, enfin, enclencher une campagne de recrutement, s’il y a lieu.

Comment faire adhérer l’ensemble des équipes à ce programme ?

L.M : Les mutations de l’environnement de travail ont des répercussions à l’échelle du poste de travail de chaque salarié. L’entreprise doit appréhender et, si possible, anticiper ces changements pour que les nouvelles situations soient bien vécues et remportent l’adhésion des collaborateurs. Changer ses habitudes de travail, ce n’est pas simple. Quelques rares personnes adorent ça, mais la plupart des salariés sont rassurés par une part de routine.

Un programme de reskilling n’est pas uniquement un plan de formation, mais une mobilisation globale de l’entreprise, dans une approche holistique. La direction doit donner la vision stratégique et la partager avec les partenaires sociaux. La fonction RH doit ensuite proposer aux salariés de lister leurs propres compétences. Cela permettra à chacun, en concertation avec son manager, de se dire : « Il faut que je développe telle ou telle compétence dans le cadre de mon poste ou dans la perspective d’un projet de changement de poste. »

Inversons la pyramide et laissons les salariés être à l’initiative. Une manière intelligente de procéder de la part de la direction est de dire : « Nous avons la vision stratégique de l’entreprise, vous avez la connaissance de vos métiers. Partageons les deux pour voir comment on peut se projeter sur l’avenir tous ensemble. »

C’est ce dialogue de proximité et une présence sur le terrain qui permettront à chacun de dire ce qu’il a envie de faire. Plus vous laissez d’initiatives locales, plus vous aurez de manifestations intelligentes des souhaits des personnes pour évoluer dans leur poste et dans leur carrière.

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Bien s’équiper pour bien recruter