Le new-collar worker, ce talent au parcours atypique convoité par les employeurs
Le mot RH de la semaine. Antoine Hosteing, recruteur au Mercato de l’emploi, revient sur l’avènement d’une nouvelle classe de collaborateurs : les « new collar », des profils au parcours peu académique.

« Face à la pénurie de talents dans certains secteurs, comme la tech, les entreprises se tournent vers un nouveau vivier de candidats sans parcours universitaire classique, mais ayant effectué des formations en accéléré et développé les compétences requises. Cette prime à la compétence et à l’envie d’apprendre fait émerger une nouvelle classe de collaborateurs : « les new-collar worker » ( « nouveaux cols »). Une terminologie qui s’inspire des « cols bleus » (les ouvriers) et des « cols blancs » (les employés de bureau). »
Répondre plus vite aux besoins des entreprises
« Selon Statista, 54% des entreprises technologiques mondiales ont signalé une pénurie de compétences en 2023. Face aux besoins croissants de main-d’oeuvre dans ce secteur, de nombreux employeurs abandonnent leurs exigences de diplôme pour l’embauche et se tournent vers d’autres profils plus atypiques, qui ne “cochent pas toutes les cases”, mais ont soif d’apprendre. Les recruteurs recherchent également chez ces talents des compétences non techniques, telles qu’une solide éthique de travail, une volonté d’apprendre, une motivation pour réussir et une capacité à s’adapter en suivant des formations ad hoc. »
Une nouvelle génération de talents en quête de savoirs
« Les “new-collar jobs” sont des emplois récents qui requièrent un ensemble de compétences spécialisées et surtout très à jour. Dans ce type de professions, les candidats développent leurs compétences sans passer par la case université ou école de commerce/ingénieur en 4 ans. Ces talents, dits “new-collars”, sont souvent autodidactes. Il peut s’agir de profils en reconversion professionnelle, qui ont choisi de se former eux-mêmes en ligne et/ou de suivre des programmes accélérés. Ces “nouveaux cols” évoluent dans différents domaines : la tech (IA, Cloud, cybersécurité…), mais aussi le “care”, l’ingénierie et même la vente ! »
Des formations ouvertes à tous
« La vente est un métier qui ne s’apprend pas de manière très concrète dans les formations longues. A titre d’exemple, une formation courte basée sur l’expérimentation et le développement personnel a permis à un ancien grutier de devenir un commercial hors pair dans le domaine de la tech. Des écoles ou formations en ligne comme “L’école 42”, fondée par Xavier Niel pour devenir développeur, “l’École de la deuxième chance” ou encore le “Parcours Chance” offrent de précieuses ressources pour ces profils en reconversion. Les Bootcamp numériques ou les “Google Career Certificates” permettent aussi de suivre des formations certifiantes en matière de cybersécurité ou d’analyse de données. Enfin, Youtube donne accès à une masse considérable de cours et de tutoriels pour se former sur les dernières techniques en matière d’IA ou de conduite du changement ! »
L’éclosion de nouveaux métiers
« En définitive, si ces profils rencontrent autant de succès aujourd’hui, c’est qu’une des compétences les plus recherchées par les entreprises est la capacité d’adaptation. Ceux qui savent se former en peu de temps sur des métiers très opérationnels et continuer à apprendre seuls sont de vrais atouts pour les organisations. Car de nouveaux métiers et des besoins en nouvelles compétences se font jour, chaque année. Or, les “new-collar workers » sont capables d’endosser rapidement de nouveaux rôles : développeur de logiciels, architecte en cybersécurité ou expert en marketing digital. Même s’il faut aussi rappeler que certains employeurs choisissent de former leurs employés actuels à ces nouveaux postes. »