La hustle culture, ou la théorie du travail acharné (et ses limites)

Le mot RH de la semaine. Qu’est devenue cette culture du travail acharné très en vogue dans les années 1980 ? Réponse avec Camille Meunier, recruteuse au Mercato de l’Emploi.

Heureusement, il existe des alternatives !
Heureusement, il existe des alternatives ! © nullplus/stock adobe.com

« Cette culture du travail acharné, en présentiel et en distanciel, continue à faire des émules, même s’il y a eu un changement de paradigme suite au Covid et l’avènement de la génération Z. Mieux travailler et définir ses priorités font partie du nouveau “contrat professionnel”. »

La culture du “sur-travail”

« Donna Summer l’avait popularisée dans sa célèbre chanson, She Works Hard for the Money. La hustle culture a animé toute une génération de collaborateurs, qui vouait même un culte à cette hyperperformance dans les années 1980. Cette tendance, toujours prégnante, valorise les heures de travail interminables, la disponibilité constante et l’hyperactivité, comme clés du succès et de l’épanouissement professionnel. Une implication sans faille, une détermination dans l’exécution de ses tâches et souvent la capacité à toujours en faire plus pour sortir du lot. Ne plus compter ses heures quitte à travailler durant ses  »congés » sont les quelques traits de ces workaholic. Cette culture a ses aspects positifs : certains se réalisent pleinement dans ce travail continu, passionné par leur activité, ne comptant pas leurs heures pour délivrer un projet… Ils trouvent une forme d’équilibre. La hustle culture peut aussi s’illustrer par la multiplication des projets professionnels chez des salariés qui développent un side project pour se diversifier, à côté de leur métier principal. Pour autant, gare au risque de surchauffe… »

De sérieux risques pour la santé des travailleurs

« Ce comportement extrême peut avoir des effets néfastes pour les salariés comme pour l’entreprise :

– De l’épuisement professionnel : un stress important et des problèmes de santé mentale. Les collaborateurs qui travaillent constamment sans prendre de pause peuvent se sentir dépassés, anxieux et déprimés. Cela peut altérer leur productivité, leur créativité et leur motivation

– Déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ceux qui sont constamment connectés et disponibles pour leur travail n’ont plus beaucoup de temps à consacrer à leur famille, à leurs amis et à leurs loisirs. Cela peut entraîner des sentiments d’isolement et une incompréhension de la part de l’entourage

– Un taux d’absentéisme élevé, une baisse de la productivité et une augmentation du turn-over des employés

– Un environnement de travail toxique, où la compétition et l’individualisme sont privilégiés au détriment de la collaboration et du travail d’équipe. »

Un rééquilibrage nécessaire : place au “snail worker”

« Promouvoir un équilibre plus sain entre vie pro et vie perso et parfois ralentir la cadence (snail signifie escargot en anglais) semblent être désormais plus dans l’air du temps. Même si certains peuvent toujours se réaliser et s’épanouir dans la hustle culture. »

Les milléniaux et la génération Z : vers une nouvelle vision du travail ?

Les jeunes générations, en quête d’épanouissement et d’équilibre, bousculent les codes du travail traditionnel. Finies les longues heures de labeur et le sacrifice de sa vie personnelle sur l’autel de la carrière. Les milléniaux et la génération Z aspirent à un travail qui s’intègre à leur vie, et non l’inverse. A leurs yeux, le bonheur et la liberté priment sur tout le reste. Cette nouvelle approche n’est pas sans fondement. Selon une étude Deloitte (2023 Gen Z and Millennial Survey), près de la moitié de la génération Z et des millenials affirment que leur travail ne définit pas leur identité. Ils recherchent avant tout un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et n’hésitent pas à changer d’employeur si cet équilibre n’est pas respecté.

Les alternatives à la « hustle culture »

– Privilégier l’efficacité opérationnelle : mieux vaut travailler intelligemment que de simplement accumuler les heures. Cela peut passer par une politique de formation qui enseigne la priorisation des tâches. Et, pourquoi pas, la semaine de 4 jours ?

– Promouvoir une culture collaborative : favoriser le dialogue, l’émulation et le respect entre collègues

– Encourager les employés à prendre des congés

– Mettre en place des politiques claires concernant l’utilisation des e-mails et des outils de communication en dehors des heures de travail

– Valoriser le bien-être des employés et offrir des programmes de soutien à la santé mentale.

A chacun de trouver son équilibre. L’avenir du travail appartient à ceux qui savent conjuguer performance et bien-être. L’objectif est d’avoir des collaborateurs plus épanouis afin d’être plus productifs et créatifs…Et vous, quelle est votre vision du travail idéal ?

Bien s’équiper pour bien recruter