Le « micro-retirement » ou la pause professionnelle salutaire

Le mot RH de la semaine. Jennifer Le Rossignol, recruteuse au Mercato de l’Emploi, liste les bienfaits de ces moments de coupures pour le collaborateur comme pour l’employeur.

L’objectif du micro-retirement ? S'évader, se recentrer, changer de cadre, casser le rythme effréné du quotidien ou tout simplement construire un nouvel équilibre.
L’objectif du micro-retirement ? S'évader, se recentrer, changer de cadre, casser le rythme effréné du quotidien ou tout simplement construire un nouvel équilibre. © Bashkatov/stock adobe.com

« Congé sabbatique au cours d’un CDI ou bien “trou volontaire” dans son CV pour aller faire un tour du monde, le micro-retirement devient une pratique plébiscitée, notamment par la génération Z, pour lutter contre le burn-out et l’hyperconnectivité. Ce projet de “mise entre parenthèses” n’est pas sans impact pour le collaborateur et l’employeur… »

Un concept en vogue

« Le micro-retirement offre une approche novatrice de la pause professionnelle, se positionnant comme une alternative flexible entre la retraite classique et les courtes périodes de vacances. Il n’est pas question, ici, de partir à la retraite de façon anticipée, mais plutôt de prendre une pause, plus ou moins longue, dans sa carrière professionnelle afin de recharger les batteries et de faire le point. Ces interruptions de travail étant généralement comprises entre six mois et un an. L’objectif de cette mise entre parenthèses : s’évader, se recentrer, changer de cadre, casser le rythme effréné du quotidien ou tout simplement construire un nouvel équilibre. »

« Cette pratique est relayée notamment sur TikTok et devient une solution idéale contre la culture de la productivité accrue – ou hustle culture –  avec les risques du burn-out qui y sont associés. Cette pratique n’est pas concentrée exclusivement chez les salariés. En effet, bon nombre d’étudiants fraîchement diplômés optent aussi pour cette pause longue sous forme de voyage avant de démarrer leur carrière professionnelle. Cette itinérance étant narrée sur les réseaux sociaux dont YouTube. »

L’hymne à la déconnexion

« Faire des mini-retraites de yoga loin de tout, au bord de la mer, afin de mener une introspection. S’engager dans une association et donner un nouveau sens à sa vie en étant plus altruiste et à l’écoute. Voici deux illustrations du micro-retirement en totale rupture avec la routine quotidienne d’un travail exacerbé. La génération Z, sursollicitée par le numérique et les réseaux sociaux, est l’une des plus exposées face à cette exigence de productivité au quotidien. Avec des journées en télétravail sans véritable coupure entre la vie pro et perso, le risque de burn-out est considérable. Cette tendance vers la « micro-retraite » répond donc à une quête de déconnexion. Elle permet de redéfinir ses priorités et d’aller à l’essentiel. Le micro-retirement offre un espace de réflexion, une manière de prendre du recul sur sa vie personnelle et professionnelle. »

Avantages

« Les micro-retraites peuvent offrir plusieurs avantages aux collaborateurs et aussi à l’employeur :

– Réduction du stress et amélioration de l’équilibre émotionnel ;

– Prévention de l’épuisement professionnel en s’éloignant du quotidien ;

– Amélioration de la clarté mentale et de l’attention ;

– Développement personnel avec la possibilité d’explorer de nouveaux centres d’intérêt, d’acquérir de nouvelles compétences et d’améliorer son estime de soi ;

– Amélioration des relations interpersonnelles ;

– Sentiment d’utilité en s’investissant dans du bénévolat, ou des projets personnels ;

– Une créativité accrue permise par un changement d’environnement ;

– Une meilleure qualité de sommeil. La réduction du stress lié au travail entraîne souvent une amélioration des habitudes de sommeil.

– Enfin, les talents peuvent revenir avec des idées nouvelles et surtout un regain d’énergie ! »

Un devoir d’anticipation

« La mise en place d’une politique de micro-retraite s’inscrit dans une démarche de qualité de vie au travail impulsée par l’employeur. Ouvrir de nouveaux horizons au collaborateur, être à l’écoute de son équilibre vie pro-vie perso sont des considérations devant être prises en compte par l’entreprise pour fidéliser les talents. En accompagnant les collaborateurs dans la construction de leur projet de micro-retraite, l’entreprise favorise une meilleure gestion des carrières et renforce l’engagement des équipes. Pour assurer la continuité des activités pendant l’absence d’un collaborateur en micro-retraite, une bonne coordination entre le manager et les RH est essentielle. Une anticipation des besoins et une répartition adaptée des tâches permettent de limiter les impacts sur l’organisation de l’équipe. La mise en place d’une période de micro-retraite constitue un projet complexe nécessitant une planification financière rigoureuse pour le collaborateur. Il doit aussi présenter sa demande de congé sabbatique le plus en amont possible afin de ne pas désorganiser un service. »

Les limites de l’exercice

« Le micro-retirement peut faire figure de contre-exemple dans des entreprises axées sur la performance continue avec des équipes stables. De plus, même si les mentalités évoluent chez les RH et les opérationnels, avoir un “trou” dans son CV est encore considéré comme un “accident de parcours” ou une incompréhension qui nécessite justification auprès du potentiel employeur. Par ailleurs, le retour à la réalité peut être difficile. Certains secteurs d’activité, notamment la tech, exigent une mise à jour permanente de connaissances techniques. Il n’est pas facile de se mettre totalement entre parenthèses au risque d’altérer son employabilité. Cela faisant, les RH doivent pouvoir appréhender ces nouveaux parcours avec la sérénité requise. »

Bien s’équiper pour bien recruter