Entreprises : bientôt un « titre sport » sur le modèle des tickets restaurant ?
C’est l’une des pistes proposées par deux députés pour développer la pratique du sport au travail.
Renouveler son abonnement en salle de sport ou payer son entrée de piscine au moyen d’une carte abondée par son employeur ? La proposition émane de deux députés, Karl Olive et Claudia Rouaux. À l’issue d’une mission d’information flash au sujet de la pratique sportive au travail, les parlementaires ont mis sur la table la création d’un « titre sport », sur le même principe que les tickets restaurant.
Le point de départ ? Un décalage, mis en lumière par le baromètre sur le sport en entreprise du Medef (juin 2023), entre les habitudes de pratique sportive des salariés (77% disent faire du sport avant, pendant ou après leur journée de travail) et les opportunités offertes par les employeurs de pratiquer ces activités physiques en milieu professionnel (moins de 10% des salariés ont cette possibilité).
« Un enjeu de santé publique majeur »
Ces chiffres font écho aux statistiques de la Fédération française du sport d’entreprise, selon laquelle 16% des Français pratiquant une activité physique le font dans le cadre professionnel. Les freins au déploiement de ces pratiques au travail sont de différente nature : défaut d’infrastructures adaptées, manque de temps des employés, coût financier, mauvaise sensibilisation des employeurs.
Déclaré grande cause nationale pour 2024, l’encouragement de l’activité physique et sportive est un sujet dont les employeurs ont tout intérêt à s’emparer, estiment les députés. Ils voient dans le développement de cette pratique au travail un « enjeu de santé publique majeur » pour lutter contre « la hausse des troubles musculo-squelettiques » et la « forte augmentation de la sédentarité ».
Du sport à l’Assemblée nationale
À titre d’exemple, Karl Olive cite l’intégration de deux heures hebdomadaires de sport, sur la base du volontariat, au temps de travail des agents de la ville de Poissy, qu’il a dirigée entre 2014 et 2022. Cette expérience s’est traduite, notamment, par une réduction de l’absentéisme, un renforcement des liens sociaux entre travailleurs et une augmentation de la pratique sportive des femmes.
D’après une étude Decathlon/Union sport et cycle, réalisée fin 2023, 85% des entreprises et des collectivités interrogées considèrent la pratique du sport comme importante pour le bien-être des salariés. Elle devient même un ingrédient de la marque employeur pour « améliorer la qualité de vie au travail, fidéliser les équipes et déployer leurs performances », selon le panel.
Les députés ont intégré le « titre sport » à une liste de seize recommandations pour promouvoir le sport au travail, parmi lesquelles l’instauration d’un label « entreprise sportive » ou la négociation d’un accord national interprofessionnel sur le sujet. Les premiers à montrer la voie pourraient d’ailleurs être les députés eux-mêmes. Karl Olive et Claudia Rouaux doivent prochainement rencontrer la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour voir quelles mesures pourraient voir le jour pour faire entrer le sport au Palais Bourbon.