Télétravail : le nombre d’heures supplémentaires non rémunérées a explosé
Du fait du télétravail, le nombre d’heures supplémentaires non rémunérées effectuées par les salariés a considérablement augmenté au cours des derniers mois.

La plupart des salariés reconnaissent travailler plus longtemps en télétravail que lorsqu’ils se rendent au bureau. En cause notamment : une économie de temps de trajet et la difficulté de « se déconnecter » de nos tâches professionnelles lorsque nos lieux de travail et de vie ne font qu’un.
Ce phénomène s’est traduit par une augmentation du nombre d’heures supplémentaires non rémunérées, comme le souligne une enquête réalisée par ADP : avec le télétravail, les salariés sont passés de 4,39 heures supplémentaires non rémunérées à 6,65 heures par semaine.
Un double responsabilité du salarié et de l’employeur
Selon Muriel Besnard, responsable veille RH chez ADP, interrogée par Capital, ces dérives sont à la fois de la responsabilité du salarié et de l’employeur : « Il y a des collaborateurs qui n’étant pas sur site vont être tentés d’en faire plus pour montrer qu’ils sont bien là, qu’ils travaillent réellement… Et puis d’un autre côté, on a des employeurs qui peuvent avoir une mauvaise estimation de la charge de travail car, à distance, certains managers ont dû mal à quantifier ce que font leurs collaborateurs. »
D’après le droit du travail, la durée de travail est identique que le collaborateur soit présent sur site ou télétravaille. Concernant les heures supplémentaires, c’est-à-dire celles accomplies au-delà de la durée légale, les règles du travail sur site s’appliquent au travail à distance : si ces heures supplémentaires sont effectuées à la demande de l’employeur, elles doivent être payées dans les mêmes conditions en télétravail et en présentiel. Mais si elles relèvent de l’initiative du salarié, elles peuvent ne pas être payées.
Nouvelle approche managériale et droit à la déconnexion
Pour remédier à cette explosion des heures supplémentaires, Muriel Besnard avance deux solutions : « un dialogue entre manager et collaborateur » pour « aborder clairement la question de la charge de travail » en télétravail et respecter le droit à la déconnexion. « Une bonne pratique, c’est de s’imposer des pauses régulières, comme on peut le faire au bureau en allant prendre un café ou discuter avec un collègue de façon informelle. Et côté manager, il faut être clair sur les missions confiées : laisser une certaine autonomie au collaborateur, mais en étant très précis sur ce qui lui est demandé pour qu’il puisse s’organiser très clairement. »