Soft skills : comment les détecter en entretien d’embauche
Comment mesurer le sens du collectif, l’empathie ou l’autonomie d’un candidat au stade de l’entretien d’embauche ?
Travail en équipe, adaptabilité et communication figurent parmi les qualités comportementales les plus recherchées par les recruteurs, selon une récente enquête d’Article 1. Déterminées en fonction de la nature du poste à pourvoir et de la culture d’entreprise, les soft skills sont devenues des critères déterminants de choix d’un futur collaborateur. Et comptent autant, voire davantage, que ses compétences techniques qui peuvent, le plus souvent, être acquises ou renforcées, après l’embauche, dans le cadre d’une formation.
A l’inverse des hard skills, validées par tel diplôme, telle certification ou telle expérience professionnelle, les soft skills sont plus difficiles à évaluer au stade de l’entretien d’embauche. Nous avons demandé à quatre experts leurs astuces pour déceler ce potentiel chez un candidat.
Questionner le candidat sur ses expériences extra-professionnelles
Le CV fourmille d’informations intéressantes sur les activités associatives, sportives, culturelles du candidat qui peuvent être exploitées durant l’entretien : « Vous pouvez lui demander comment il a géré une situation difficile dans le cadre de l’une de ses activités : par exemple, s’il était capitaine de foot vous pouvez le questionner sur comment il s’adressait à ses coéquipiers pour les fédérer, les motiver pendant le match s’ils étaient menés au score », explique Benjamin Blavier, président de l’association Article 1, qui lutte contre les inégalités en matière d’orientation et d’insertion professionnelle des jeunes.
Le placer en situation professionnelle
Voir comment le candidat se comporte face à une situation professionnelle qu’il pourra vivre s’il est embauché est également riche d’enseignements : « Pour tester sa faculté de communication, vous pouvez lui demander de faire comme s’il avait une annonce difficile à faire à ses équipes : le désengagement de votre principal client par exemple », poursuit Benjamin Blavier.
Lui demander de partager ses réussites et ses échecs
La réaction de la personne face à la réussite ou à l’échec peut être révélatrice, comme le souligne Catherine Marché, directrice générale adjointe et DRH du groupe Demos : « Au cours de l’entretien, le recruteur va s’assurer que son ressenti lors du premier contact téléphonique avec le candidat est fondé. Il va valider ou invalider une première perception des soft skills qu’il recherche : l’innovation, la créativité, l’adaptation etc… en demandant au candidat de partager avec lui ses projets et ses résultats. Au travers de ces témoignages, le recruteur décryptera les soft skills que le candidat a dû mobiliser pour réussir un projet ou rebondir à l’issue d’un échec. En France, la culture de l’échec reste taboue et pourtant elle en dit long sur la capacité de rebond et de résilience de la personne. Nelson Mandela avait ouvert la voie à l’appréciation des soft skills en précisant « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ».
Sonder l’attitude du candidat durant l’entretien
« Nous pouvons commencer à détecter certaines soft skills dès la lecture du CV et de la lettre de motivation, qui restent des sources principales d’information sur le candidat. Mais ceci n’est évidemment pas suffisant, il sera ensuite nécessaire de les approfondir durant l’entretien, estime, pour sa part, Marion Fessaguet, responsable RH et administrative chez iExec. Lors de l’échange avec le candidat, observer son attitude ainsi que sa manière de réagir et de répondre aux questions peut permettre d’avoir une première appréciation de ses soft skills. »
Pour identifier les compétences douces en adéquation avec le poste à pourvoir et la culture d’entreprise, Julien Badr, cofondateur du Mercato de l’Emploi conseille aux recruteurs de créer un climat dans lequel le candidat se sentira à l’aise : « La posture des recruteurs est importante lors de cet échange car elle va permettre, par la bienveillance, l’ouverture d’esprit et l’écoute active, de favoriser le climat d’échange et d’encourager le candidat à être lui-même. »
« Pour appréhender la réussite de l’intégration du candidat dans son nouvel environnement professionnel, l’attitude du recruteur est importante, confirme Catherine Marché. Il y a quelques années, certains recruteurs n’hésitaient pas à être odieux lors des entretiens d’embauche afin de tester les limites de la personne. Outre le fait que cette posture donne une très mauvaise image de la société qui le mandate, ces façons de procéder ne sont pas, à mon sens, déontologiques et respectueuses. Le recruteur doit plutôt s’appuyer sur l’écoute, la neutralité et la reformulation tel un coach pour apprécier ces soft skills. De par ses questionnements, il va pouvoir valider ses hypothèses et son ressenti. »
S’appuyer sur des grilles d’évaluation et des entretiens de personnalité
Les entretiens de personnalité peuvent aussi être des outils d’objectivation de ces compétences comportementales, comme le précise Marion Fessaguet : « Les grilles d’évaluation ou les tests de personnalité pour vous aider dans votre analyse. Mais, ces instruments viennent en complément de la communication avec le candidat : ne soyez pas dans l’interrogatoire, mais plutôt dans un échange naturel afin de détecter efficacement si les softs skills de la personne seront en phase avec votre culture d’entreprise ».
Se renseigner auprès des précédents employeurs du candidat
Enfin, Julien Badr conseille de contacter les précédents employeurs ou managers du potentiel futur collaborateur pour recueillir des informations sur son comportement dans un cadre professionnel.