Semaine de quatre jours : pourquoi elle ne séduit pas partout

La semaine de quatre jours fait peu d’émules en Belgique.

Une majorité de travailleurs belges ont souhaité conserver un rythme de travail de cinq jours par semaine.
Une majorité de travailleurs belges ont souhaité conserver un rythme de travail de cinq jours par semaine. © GISTEL/stock adobe.com

La semaine de quatre jours n’a pas que des adeptes. En Belgique, où la loi autorise depuis un an les travailleurs à opter pour quatre ou cinq jours de travail hebdomadaires, les salariés sont, en grande majorité, restés sur un rythme de cinq jours.

Seul un Belge sur 200 a choisi de concentrer ses 38 heures hebdomadaires sur quatre jours, ou bien d’alterner semaine de 31h en quatre jours et semaine de 45 heures en cinq jours, selon des données de Securex, relayées dans la presse belge. D’après cette étude, la semaine de quatre jours intéresse davantage les ouvriers que les employés et convainc plus chez les salariés en CDD que chez les CDI.

Menace pour l’équilibre vie pro/vie perso ?

Pourquoi un tel manque d’engouement ? Un quart des employés estiment qu’ils n’auraient pas le temps de réaliser toutes leurs tâches en quatre jours, conclut une étude RH Tempo Team. L’étude Securex incrimine également la frilosité des employeurs : 27,5% d’entre eux jugent inapplicable une organisation du travail sur quatre jours. Elle pointe enfin, une mauvaise information des travailleurs qui n’osent parfois pas en faire la demande, par crainte d’essuyer un refus, de voir leur productivité chuter ou leur équilibre vie pro/vie perso remis en cause.

De son côté, le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne, se refuse à voir dans ces chiffres un échec du modèle : « La mesure n’avait pas pour but de s’appliquer à l’ensemble des salariés, mais de répondre à des besoins spécifiques de certains d’entre eux », précise-t-il dans les colonnes du Soir.

Ce bilan n’est pas sans rappeler le flop de l’expérimentation de la semaine de quatre jours à l’Urssaf Picardie, où uniquement 3 agents, sur les 200 éligibles, se sont portés volontaires pour tester ce rythme. Leur principal reproche ? Les nouvelles journées de 9h étaient difficilement compatibles avec la gestion d’impératifs personnels (garde d’enfants, horaires d’école et de crèche…).

La réduction du temps de travail sans perte de salaire plébiscitée

Ces exemples n’ont toutefois pas refroidi l’Allemagne, qui s’apprête à tester la semaine de quatre jours et 32h, à salaire égal, pendant six mois, dans cinquante entreprises. En parallèle, le syndicat de la métallurgie IG Metall compte bien profiter des négociations annuelles sur les salaires pour négocier une semaine de quatre jours, à salaire égal, pour les 90 000 salariés du secteur.

Ce modèle impliquant une réduction de temps de travail, à salaire inchangé, semble donc davantage plébiscité que celui concentrant le temps hebdomadaire habituel sur quatre jours. En France, il n’existe aujourd’hui aucun cadre légal pour la mise en place de la semaine de quatre jours, laissée à la libre appréciation de l’employeur. Et cela n’a pas vocation à changer d’après l’exécutif. La Première ministère, Elisabeth Borne, a néanmoins demandé au Comité économique, social et environnemental de dresser un état des lieux des « organisations du travail alternatives » en Europe, parmi lesquelles la semaine de quatre jours, d’ici mars 2024.

Selon l’enquête People at Work 2023 du cabinet Robert Half, 43% des salariés seraient favorables à la mise en œuvre de la semaine de quatre jours dans leur entreprise et 35% des employeurs envisageraient de l’expérimenter.

 

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