« Semaine en 4 jours » : quelle forme prendra cette expérimentation dans les ministères ?

Gabriel Attal a demandé à l’ensemble des ministres de tester « la semaine en quatre jours, sans réduction du temps de travail » dans leurs administrations.

Le budget du ministère du Travail est en hausse en 2024.
Tous les ministères sont invités à mettre en place la semaine en quatre jours à volume horaire de travail constant. © Florence Piot/stock adobe.com

« Les conditions de travail doivent évoluer et l’Etat doit montrer l’exemple (…) Le rapport au travail a changé, je mesure dans ma génération comme dans les autres les changements de mentalités, les nouvelles attentes sur les horaires, sur la disponibilité, sur l’équilibre entre vie professionnelle et familiale. » Dans ce but, le Premier ministre, Gabriel Attal a appelé l’ensemble des ministères à mettre en place la semaine en quatre jours dans leurs administrations centrales et déconcentrées.

1h45 de travail de plus par jour

Une formule qu’il avait lui-même prônée lorsqu’il était ministre des Comptes publics. Avec des résultats contrastés, a-t-il lui-même reconnu : « A certains endroits il y a eu peu de candidats, à d’autres ils sont nombreux à avoir choisi d’arriver plus tôt le matin, partir plus tard le soir pour travailler un jour de moins. »

Car il ne s’agit pas ici de travailler moins d’heures par semaine, mais de concentrer leur durée de travail sur quatre jours, ce qui signifie travailler 1h45 de plus par jour. Plusieurs administrations publiques proposent déjà ce rythme de travail, à l’image de la métropole de Lyon, de l’Eurométropole de Strasbourg, des communes de Villeurbanne, Fougères, Neuilly-sur-Marne ou encore de la Caisse d’assurance vieillesse.

L’ambition affichée par ces employeurs est d’attirer de nouveaux talents et de les fidéliser dans un contexte où ils ont du mal à recruter. Ils y voient aussi un levier au service de l’égalité salariale, permettant aux agents à 80%, en majorité des femmes, de reprendre un temps plein et le salaire associé tout en conservant un rythme hebdomadaire de quatre jours de travail.

Une organisation du travail qui pose des défis aux employeurs

Il ne faut pas oublier, toutefois, que cette formule représente un défi en matière d’organisation du travail. On se souvient de l’expérimentation de l’Urssaf Picardie, pour laquelle seuls 3 agents sur 200 s’étaient portés volontaires. Un échec notamment justifié par la difficulté de concilier une journée de travail de neuf heures avec ses impératifs personnels (conduite et garde d’enfants…).

La semaine en quatre jours, à volume de travail inchangé, pose aussi la question de l’intensification du travail. Avec les risques qui en découlent en termes de stress, de fatigue et de charge mentale. Dans une note publiée en octobre 2023, la Fondation Jaurès s’interrogeait en ces termes : « Dans le cas d’une semaine de quatre jours à volume horaire constant, la question de la productivité va se poser : peut-on sur le long terme être productif plus de neuf heures par jour ? Cela dépend probablement des individus (…). »

Autant de questions qui devraient être débattues au sein du Comité économique, social et environnemental (Cese), auquel l’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, avait demandé un état des lieux sur les « organisations alternatives du travail en Europe », dont la semaine de quatre jours. L’institution doit rendre sa copie en mars 2024.

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