La santé au travail : un nouvel argument de recrutement ?
Quelle place les candidats accordent-ils à la prise en compte de la santé au travail par une entreprise au moment de postuler ?
La crise sanitaire a vu émerger une nouvelle manière de prendre en compte la santé au travail. « Au-delà des risques liés au métier lui-même, les entreprises ont bien conscience qu’elles doivent aujourd’hui prendre en charge la santé globale de leurs salariés », précise Nicolas Baudelot, co-fondateur de Medicalib, qui propose des solutions de prévention aux entreprises.
Le développement du télétravail et la porosité de la frontière vie pro/vie perso ont vu poindre de nouvelles menaces pour la santé des collaborateurs : apparition de troubles liés à un mobilier de bureau inadapté ou à une faible luminosité du logement, isolement social, hyper-connexion…
« Les entreprises ont bien compris que la santé au travail a un impact sur la vie personnelle et vice versa. Elles savent qu’elles ont un rôle à jouer pour prémunir leurs salariés de ces dangers, car la médecine du travail manque de ressources pour remplir pleinement sa mission de prévention. L’idée est de simplifier la vie de ses collaborateurs, d’alléger leur charge mentale, pour qu’ils se consacrent pleinement à leur tâche durant leurs horaires de travail », explique Nicolas Baudelot.
Un sujet de premier ordre pour les RH
Les problématiques liées à la santé des collaborateurs prennent donc de plus en plus de place dans les missions dévolues aux RH ou au responsable RSE (dans les grands groupes).
« Dans la première phase du Covid, les RH ont dû prendre des mesures pour rassurer les travailleurs de la première ligne, qui n‘avaient d’autre choix que de se rendre sur leur lieu de travail pour le maintien de l’activité de l’entreprise », illustre le co-fondateur de Medicalib.
La fonction RH a ensuite été à l’avant-poste pour assurer des conditions sereines de retour au bureau après les confinements. « Les entreprises ont engagé une réflexion sur les actions à mettre en place en matière de santé pour que leurs collaborateurs continuent d’être productifs et moteurs du développement de l’entreprise. »
Quel éventail d’actions ?
Alors que la prévention des risques au travail est au cœur de la nouvelle loi santé au travail, entrée en vigueur le 31 mars, c’est sur ce volet essentiel que les RH doivent concentrer leurs efforts.
A titre d’exemple, les campagnes de dépistage et de vaccination contre la Covid-19 ont rencontré un franc succès auprès des salariés. Selon une enquête réalisée par Medicalib, 96% des collaborateurs vaccinés plébiscitaient cette initiative : « Du moment que l’entreprise est à cheval sur la démarche RGPD et que l’employeur n’a pas connaissance du statut vaccinal de son personnel, les collaborateurs ne considèrent pas cette mesure comme un empiètement sur leur vie privée. Elle est, au contraire, perçue comme extrêmement positive car elle permet aux salariés d’économiser le temps consacré à la prise de rendez-vous médicaux. »
De manière générale, hors pandémie, les salariés sont demandeurs d’actions de sensibilisation et de formation aux risques menaçant leur santé : « S’ils sont moins réceptifs à une présentation sous forme de webinar, ils apprécient les approches personnalisées, proposées sur la base du volontariat, destinées à les rendre acteurs de leur santé. Cela peut passer, entre autres, par des entretiens avec des professionnels de santé sur la thématique de leur choix : sommeil, alimentation, stress. Un rendez-vous qui peut également être l’occasion d’analyser leurs constantes biologiques, pour voir si elles sont alignées avec leur ressenti, et de les orienter vers un spécialiste, si besoin. »
Autres possibilités : proposer des bilans de santé semestriels ou annuels plus approfondis que ce que propose la médecine du travail (un rendez-vous à l’embauche puis un deuxième organisé dans les cinq ans qui suivent) ou mettre en place des créneaux pour rencontrer des professionnels de santé (infirmiers, kinésithérapeutes, ergothérapeutes…) sur son lieu de travail.
Un argument qui attire des talents
Plus que jamais, la santé devient un facteur d’attractivité pour recruter de nouveaux talents, comme le souligne Nicolas Baudelot : « Au même titre que la mutuelle pouvait être un élément différenciant entre les entreprises aux yeux d’un candidat, celui-ci s’intéresse aujourd’hui aux actions de leur potentiel futur employeur en matière de qualité de vie au travail. »
Celui-ci conseille donc à l’entreprise d’évoquer le sujet dès le processus de recrutement, notamment lors de l’entretien d’embauche : « Vous pouvez partager les initiatives mises en place par l’entreprise et insister sur l’intérêt accordé au bien-être au travail dans l’entreprise. Si le télétravail a parfois engendré des différences entre catégories de salariés, en termes d’accès au travail à distance ou de conditions de travail, proposer des services de santé sur le lieu de travail permet de gommer ces inégalités et de recréer du lien entre les salariés. Mettre en place une politique efficace de prévention de la santé de vos collaborateurs est perçu comme juste et équitable. C’est un argument fort de votre marque employeur ! »