QVCT : ces initiatives européennes dont la France peut s’inspirer

Afin de nourrir les discussions avec les partenaires sociaux sur le sujet de la qualité de vie au travail, le ministère du Travail a chargé l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) de comparer ce qui est fait à l’international sur le sujet de la QVCT (qualité de vie et des conditions de travail). Il en ressort un rapport de 97 pages duquel nous avons extrait 8 mesures mises en place en Europe, à l’échelle d’un pays ou simplement d’une entreprise. Salariés aidants, congé menstruel, mesures face aux risques climatiques, santé au travail… : petit tour d’Europe des initiatives favorisant la QVCT.

En Italie, des bracelets connectés face aux températures élevées

Dans tous les pays européens, les entreprises sont contraintes d’intégrer le risque climatique. Alors qu’en France, des mesures supplémentaires ont été prises en juillet 2025 en cas d’épisode de canicule, en Italie, un programme a été mis en place afin de protéger la santé des travailleurs face aux fortes chaleurs. Baptisé Worklimate, celui-ci combine technologie, information et formation, avec une plateforme sur laquelle les travailleurs peuvent notamment consulter une carte de risques thermiques, accéder à des prévisions sur trois jours, et recevoir des alertes en temps réel avec des recommandations. Ce programme prévoit aussi d’équiper les salariés exposés à la chaleur, par exemple dans la construction et l’agriculture, d’un bracelet connecté qui mesure en temps réel la température corporelle et alerte en cas de seuil critique.

Une application pour se protéger de la chaleur en Suède

En Suède, l’application Climapp permet, elle aussi, aux utilisateurs qui ont renseigné des informations personnelles comme l’âge, le poids ou le secteur d’activité, de recevoir des informations sur les conditions météorologiques et des conseils sur comment ils peuvent se protéger de la chaleur au travail.

Horaires décalés et salle de pause pour les femmes souffrant de règles douloureuses au Royaume-Uni

De nombreuses entreprises font face à des demandes croissantes en faveur de la mise en place d’un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Au Royaume-Uni, l’entreprise Channel 4 a instauré une série de mesures pour les femmes souffrant de ce problème : temps de pause supplémentaire, horaires décalés, réduction ponctuelle du temps de travail, aménagement de l’espace de travail… L’entreprise de télévision met aussi à disposition de ses salariées une salle de pause dédiée aux femmes qui le souhaitent.

L’Espagne, premier pays en Europe à instaurer un congé menstruel

En 2023, l’Espagne a été le premier pays d’Europe à instaurer dans la loi le « congé menstruel » pour les femmes qui souffrent de règles douloureuses. Celui-ci prévoit notamment trois jours d’absence en cas de « menstruations invalidantes », accordés par un médecin et financés par la Sécurité sociale. L’Espagne suit le chemin de pays comme l’Indonésie, le Japon ou la Corée, qui ont mis en place le congé menstruel dès les années 50.

Le Royaume-Uni à l’offensive sur le sujet de la ménopause

Alors qu’au printemps 2025, la ministre de la Santé en France, Catherine Vautrin, a annoncé une consultation sur le sujet de la ménopause des femmes, dans d’autres pays, le sujet est sur la place publique depuis plus longtemps. Dès 2023, le ministère du Travail britannique a nommé une Ambassadrice de l’emploi et de la ménopause, avec pour mission de favoriser la normalisation de la ménopause au sein du monde du travail. Toujours au Royaume-Uni, plusieurs entreprises, comme GlaxoSmithKline et Aviva, ont aussi pris des mesures d’accompagnement pour leurs collaboratrices. Le pays a également vu naître « The Pledge », une charte invitant les employeurs à s’engager officiellement en faveur du bien-être de leurs salariées pendant la ménopause.

Des bonus anti-absentéisme en Espagne et en Allemagne

Pour essayer de limiter l’absentéisme, source d’instabilité pour les entreprises, des pays comme l’Espagne et l’Allemagne ont vu naître des initiatives autour de bonus de présence. En Allemagne par exemple, un accord collectif a été signé attribuant une indemnité spéciale de 1 600 € par an aux employés ayant travaillé le nombre d’heures requis avec un minimum ou aucune absence. En Espagne, les employeurs sont autorisés à verser une prime mensuelle qui varie en fonction des heures d’absence non justifiée. Début 2025, le Tribunal suprême a validé ce principe d’un bonus anti-absentéisme, à condition qu’il n’intègre que les absences non justifiées et n’entraîne pas de discrimination fondée sur le genre.

En Suède, un congé pour enfant malade financé par la Sécurité sociale

On connaissait la Suède pour son congé parental très avantageux. Dans le cadre de sa politique parentale, le pays prévoit aussi un congé pour enfant malade financé par la Sécurité sociale suédoise. Baptisé VAB, ce congé s’applique dès les 8 mois de l’enfant jusqu’à ses 12 ans, et permet au parent de recevoir une indemnité correspondant à 80% de son salaire pour les journées où il reste au domicile pour s’occuper de son enfant, dans la limite de 120 jours par an et par enfant.

Des congés rémunérés en Allemagne pour les salariés aidants

A mesure que la population vieillit, le sujet des salariés aidants va se poser dans de plus en plus d’entreprises. En Allemagne, les salariés peuvent bénéficier de 10 jours d’absence rémunérés pour faire face à une urgence liée à un proche dépendant. C’est le cas, par exemple, s’ils ont besoin de mettre en place rapidement un dispositif d’accompagnement (traitement, allocation compensatrice de la caisse dépendance).