« Psychological safety », ce climat propice à l’expression des talents
Le mot RH de la semaine. Pour Sarah Bourenane, DRH d’Armatis, la sécurité psychologique est la clé d’un engagement durable et d’une performance collective.
« Dans le monde du travail, s’exprimer librement, oser signaler un dysfonctionnement ou reconnaître une erreur ne va pas toujours de soi. Derrière ces gestes simples se cachent parfois des peurs bien réelles : « Et si j’étais jugé ? », « Et si mon manager le prenait mal ? », « Et si cela freinait ma progression ? » Lorsque ces craintes prennent le dessus, c’est souvent le signe que l’environnement de travail manque d’un ingrédient essentiel : la sécurité psychologique. »
Un levier puissant de performance et d’innovation
« La sécurité psychologique, c’est la permission d’être soi-même. C’est la confiance partagée au sein d’une équipe que chacun peut prendre la parole, questionner, proposer, ou se tromper sans craindre d’être jugé. Ce n’est pas l’absence de désaccords, mais la certitude que ces désaccords peuvent être exprimés et résolus dans le respect. Dans un environnement où la parole est libre, les idées circulent, les initiatives fleurissent et les erreurs deviennent des opportunités d’apprentissage. Les équipes osent, innovent, apprennent ensemble. Elles savent que leurs contributions ne sont pas seulement écoutées, mais valorisées. Dans nos métiers centrés sur l’expérience client, cette posture prend tout son sens : pour bien écouter les clients, il faut d’abord savoir écouter les collaborateurs. C’est là que tout commence. »
Un engagement fort pour attirer et fidéliser les talents
« Dans un marché du travail en constante mutation, la sécurité psychologique est devenue un avantage compétitif majeur. Les entreprises qui cultivent la confiance et la bienveillance attirent naturellement les talents les plus innovants et les plus engagés. A l’inverse, celles où la peur ou le silence dominent voient souvent s’éroder la motivation et la créativité. Instaurer un climat de sécurité psychologique, c’est d’abord une question de leadership. Les managers jouent un rôle central : en partageant leurs propres erreurs, en accueillant les feedbacks sans jugement, et en encourageant les initiatives, ils créent un espace où chacun se sent légitime et écouté. Ce type de management favorise non seulement la performance, mais aussi la fidélisation durable des collaborateurs. »
Un pilier du bien-être et de la résilience collective
« Au-delà de la performance, la sécurité psychologique agit comme un véritable facteur de bien-être. Lorsqu’un collaborateur n’a plus besoin de se protéger ou de faire semblant, il peut consacrer toute son énergie à ce qui compte vraiment : la qualité de son travail, la coopération, la créativité. Cette authenticité allège la charge mentale, améliore l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et renforce la résilience collective : dans les périodes de tension ou de changement, les équipes solidement connectées s’adaptent mieux, plus vite, ensemble. »
Comment instaurer une culture de sécurité psychologique ?
« Voici quelques leviers concrets à actionner :
Leadership inclusif
Les dirigeants et managers doivent montrer l’exemple, reconnaître leurs propres limites et encourager la vulnérabilité comme une force. L’écoute active et l’empathie sont les premiers outils du management de demain.
Culture du droit à l’erreur
L’erreur devient une occasion d’apprendre, pas une faute à sanctionner. Ce changement de posture encourage la prise de risque, la créativité et l’amélioration continue.
Communication ouverte et bienveillante
Créer des espaces où chacun peut s’exprimer librement – que ce soit pour partager une idée, un doute ou un désaccord – sans crainte de représailles.
Inclusion et respect inconditionnel
Chaque collaborateur doit se sentir reconnu, écouté et respecté, quelle que soit sa fonction ou son ancienneté. Tolérance zéro pour les comportements qui nuisent à cette confiance.
Evaluation et amélioration continue
Mesurer régulièrement le niveau de sécurité psychologique (via sondages, ateliers, feedbacks anonymes) permet d’identifier les points d’attention et de progresser collectivement. »
L’oeil RH
« Cultiver la sécurité psychologique, c’est bien plus qu’une démarche managériale : c’est un engagement humain et culturel. C’est choisir de bâtir des organisations où la confiance prime sur la peur, où l’erreur devient apprentissage, et où chacun peut contribuer à la réussite collective en toute authenticité. Les entreprises qui en font une priorité ne se contentent pas d’améliorer leur performance : elles construisent des équipes épanouies, résilientes et prêtes à relever les défis de demain. »