Egalité professionnelle femmes-hommes : de trop lents progrès, selon la Cour des comptes

Index de l’égalité professionnelle, loi Rixain… les politiques publiques en faveur de l’égalité professionnelle femmes-hommes n’ont pas eu les effets escomptés.

Les femmes sont notamment surreprésentés dans les métiers du soin, comme celui d'aide à domicile.
Les femmes sont notamment surreprésentés dans les métiers du soin, comme celui d'aide à domicile. © Chanelle Malambo/peopleimages.com/stock adobe.com

« Plus diplômées que les hommes, les femmes n’accèdent pourtant pas aux postes et aux métiers les mieux considérés et les plus rémunérateurs. » Ce paradoxe est au coeur d’un rapport de la Cour des comptes, publié le 27 janvier 2025.

Si elles s’expliquent en partie par la faible mixité des parcours scolaires et universitaires, accentuée par la réforme du baccalauréat et le délaissement de certaines filières (comme les mathématiques) par les filles et d’autres (comme les lettres ou les filières menant aux métiers du care) par les garçons, ces inégalités de genre se creusent ensuite dans le monde professionnel. Et sont sources de profondes inégalités, notamment salariales. Selon le focus Insee de mars 2024, l’écart salarial entre femmes et hommes est de 23,5% tous temps de travail confondus, de 14,9% à temps de travail égal et de 4% à temps de travail égal et métier équivalent.

Ce défi collectif concerne également les entreprises puisque, comme l’explique la Cour des comptes, « l’enjeu de la mixité des métiers revêt aussi une dimension économique : élargissement du vivier de recrutements dans des secteurs en tension et meilleure performance économique des entreprises ».

Les deux principaux vecteurs d’inégalités salariales

Deux facteurs expliquent l’essentiel de ces inégalités salariales : un travail à temps partiel bien plus répandu chez les femmes et leur concentration dans des métiers faiblement rémunérés.

77% des salariés à temps partiel sont des femmes, selon une note publiée par la Dares en décembre 2024. Une différence qui s’explique en grande partie par une réduction du temps de travail à l’arrivée d’un enfant : d’après l’Insee, 51% des femmes à temps partiel ont fait ce choix pour s’occuper de leurs enfants, contre 14% des hommes.

Sur la période 2019-2016, parmi les 87 familles professionnelles qui couvent l’ensemble des métiers, dix concentrent près de la moitié des femmes. Ces dernières sont en particulier surreprésentées parmi les aides à domicile et ménagères, les assistants maternels, les secrétaires, les agents d’entretien, les aides-soignants, les employés de maison ou encore les infirmiers et les sages-femmes. « La sous-valorisation des emplois féminins résulte notamment de l’histoire particulière du travail des femmes, dont on retrouve la trace dans les conventions collectives et les classifications professionnelles », notent les auteurs du rapport.

Des actions ministérielles qui peinent à porter leurs fruits

Malgré une inflation de textes législatifs et un budget dédié en hausse significative depuis 2017, l’action en faveur de l’égalité professionnelle a encore une portée limitée, constatent les auteurs. Preuve en est l’effet de la loi Rixain de 2021, qui a mis en place des quotas de femmes au sein des instances dirigeantes : « Sur les 1 194 entreprises assujetties, seulement 64% ont satisfait à leur obligation de déclaration », relève la Cour des comptes. Quant à l’index de l’égalité professionnelle instauré en 2018, son système de sanctions et de pénalités est « insuffisamment appliqué » : seules 120 pénalités ont été infligées entre 2021 et 2024.

Comment accélérer les progrès en matière d’égalité professionnelle ?

En fin de rapport, la Cour des comptes formule plusieurs recommandations pour aller plus loin dans la résorption des inégalités professionnelles de genre, parmi lesquelles :

  • revaloriser les métiers exercés en majorité par des femmes en renforçant le rôle du ministère du Travail et de l’Emploi dans la négociation autour des classifications ;
  • réaffirmer la responsabilité de l’Insee comme coordinateur des statistiques genrées et inscrire la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au rang de priorité du comité national de l’information statistique ;
  • expliciter systématiquement les enjeux de mixité dans les engagements de développement de l’emploi et des compétences ;
  • développer les actions visant à présenter des modèles féminins exerçant des métiers scientifiques et renforcer les programmes d’accompagnement par le mentorat et le tutorat ;
  • mettre en œuvre le régime des sanctions en cas de non-respect des obligations en matière d’égalité professionnelle.

Bien s’équiper pour bien recruter