Ces employeurs qui rognent les primes de leurs collaborateurs pour lutter contre l’absentéisme
Si certaines entreprises versent des « primes d’assiduité » à leurs collaborateurs, d’autres ont fait le choix de rogner celles des personnes fréquemment absentes.

Si le taux d’absentéisme était de 4,55% en 2015, il atteignait 5,54% en 2019 et 6,19% en 2021, selon le dernier baromètre Ayming/AG2R La mondiale, publié le 13 septembre 2022. Des absences qui ont des coûts pour les entreprises : 1% d’absence coûte 1% de masse salariale à une entreprise, ce qui représente 15% de pertes sur leur marge, estime Denis Blanc, directeur général d’Ayming.
La mairie de Charleville-Mézières a trouvé un moyen efficace de lutter contre cet absentéisme. A compter du 1er janvier 2023, les agents municipaux verront leurs primes progressivement amputées au-delà de leur septième jour d’arrêt de travail.
Des absences réduites de moitié
Pour le maire de la commune, Boris Ravignon, il s’agit aussi d’une mesure de justice à l’égard des « 53% d’agents qui n’ont pas pris une seule journée d’arrêt dans l’année ». L’objectif est clair : faire la chasse aux arrêts maladie abusifs.
La solution semble avoir porté ses fruits à Auchel, une commune du Pas-de-Calais, comme le rapporte France Inter. La Ville a décidé de supprimer le régime indemnitaire de ses agents à partir de 11 jours d’arrêt maladie et de 16 jours de maladie du travail. Au bout d’un an, la DRH a constaté une baisse de 50% du nombre d’absences et une réduction des arrêts maladie de courte durée.
Si la mairie d’Auchel a pris cette décision, c’est notamment parce que son assureur avait fortement augmenté ses tarifs du fait d’une hausse du taux d’absentéisme. Mais cette mesure peut avoir des effets pervers, constate la DRH : certains agents reprennent, par exemple, le travail alors qu’ils sont encore souffrants, quand d’autres posent des congés payés pour ne pas être moins payés.
Une alternative : la « prime d’assiduité »
Pour inciter leurs équipes à se rendre au travail et à ne pas poser d’arrêt maladie injustifié, certains employeurs ont préféré opter pour une « prime d’assiduité ». C’est le cas de la RATP, comme le relaie Le Parisien. Pour remédier à la pénurie de chauffeurs de bus et à la multiplication des arrêts maladie, l’entreprise a fait le choix de verser 450€ à tout collaborateur cumulant trois mois de travail sans absence (maladie, garde d’enfant, accident du travail, grève…). Une décision qui a fait bondir les syndicats qui y voient une entorse au Code du travail. Est-ce vraiment le cas ?
Ces primes sont tout à fait licites, explique Christophe Noël, avocat en droit du travail, interviewé par Marianne : « Elles sont connues dans le monde de l’entreprise et sont ni plus ni moins qu’une incitation aux salariés de ne pas s’absenter de leur poste de travail, peu importe la raison. Il y a aussi d’autres primes incitatives comme la prime de productivité qui encourage les employés à être plus productifs. »