Pourquoi les femmes réussissent-elles moins bien que les hommes ?
La question est volontairement provocante, mais c’est un fait, les femmes et les hommes sont inégaux devant la réussite professionnelle, et les chiffres le prouvent (ici, là, ou encore ici). Alors quels sont véritablement les freins à l’épanouissement des femmes au travail ? La réponse n’est évidemment pas si simple. Certaines réussissent et deviennent dirigeantes, voire présidentes… Des exceptions qui ne confirment pas la règle.
Résumons la situation des femmes : un taux d’emploi moins élevé que les hommes, un taux de temps partiel plus haut, des salaires plus bas (-27% en France et -17,4% en Europe en moyenne), très peu de femmes dans les fonctions dirigeantes (17% de femmes seulement) ou cadres (37%), peu de femmes créatrices d’entreprises (30%), des retraites moins élevées… Et si tout était lié ?
Discriminées voire oubliées
Au risque de décevoir toutes celles qui pensent que les inégalités en termes de salaire ou d’embauche sont de vieux clichés et que les hommes font désormais tout comme madame à la maison etc. Eh bien oui, la discrimination existe encore. Selon la Dares, en 2005, 70% des recruteurs déclaraient préférer recruter des hommes plutôt que des femmes. Certains secteurs restent encore hermétiques aux femmes (entre autres l’armée, le bâtiment, où elles sont encore peu nombreuses). Et on ne compte à ce jour aucune action gouvernementale concrète en faveur de l’égalité professionnelle, si ce n’est éventuellement le fait de pointer du doigt les mauvais élèves, créer un label et faire des études, toujours des études…
En outre, côté vie privée, si dans certains couples l’équilibre règne, dans de nombreux autres, les mères ont une double journée de travail (à lire sur maviepro). Tout cela sans compter la maternité qui reste encore, à moins d’une révolution scientifique sans précédent, l’apanage des femmes… (Quoique que la récente campagne pour la contraception s’est amusé à inverser les rôles, à voir ici).
La fausse question du choix
Parmi toutes les raisons qui expliquent l’inégalité, plusieurs tiennent à l’attitude des femmes dans le travail dit-on : difficulté à affirmer leurs performances ou leurs ambitions, tendance à minimiser leurs contributions… Le fameux « opt out », traduisez « la décision de suspendre volontairement sa carrière à un moment de sa vie » expliqué en général par l’arrivée d’un enfant est aussi en cause. Mais le mot « décision » n’est-il pas hypocrite ? A l’heure actuelle, consacrer du temps à ses enfants et travailler à temps plein est un challenge qui relève du grand écart permanent pour celles qui s’y emploient.
Mais qui s’en souci vraiment ? Bon nombre d’entreprises ne jouent pas leur rôle : seulement 50 ont signé la charte de la parentalité. La multiplication des temps sociaux se fait au détriment des femmes. Côté institutions, seulement quelques villes ont mis en place une politique visant à harmoniser les temps sociaux et alléger le poids des tâches à accomplir en rentrant le soir, l’exemple sur En aparté avec la ville de Lyon et son Espace des Temps qui expérimente « la création de crèches inter-entreprises » et « de services aux salarié(e)s tels que livraison de repas au travail ou un service de pressing… »
Sans une prise de conscience collective de l’Etat, de la société dans son ensemble mais surtout des dirigeants d’entreprises, les femmes ne risquent pas d’être à égalité avec leurs homologues masculins avant longtemps. Un état de fait qui ne choque personne, contrairement à l’idée d’imposer des quotas de femmes dans l’entreprise qui elle suscite la polémique. Etonnant non ?!
Allez, pour vous consoler, je vous invite à lire cet article du Figaro via le Modérateur, comme quoi les femmes détiendraient la clé de la reprise économique mondiale. Espérons qu’elles ne la perde pas…
- Crédit photo : DrStarbuck