Plan santé et QVT : 5 étapes pour le construire avec vos collaborateurs
Découvrez les conseils de Vincent Baud pour déployer une politique QVT en accord avec les besoins de vos employés.

Dire à vos salariés ce qu’il faut faire pour ne pas se faire mal, c’est un bon début. Mais écouter ce qu’ils ont à dire sur leurs conditions de travail, c’est encore mieux pour construire un plan de santé et de qualité de vie au travail (SQVT) efficient. « Mettre des babyfoot ou des corbeilles de fruits bio en salle de pause, proposer à ses collaborateurs des massages ou des cours de yoga ne règle aucun problème du travail mais aide à mieux les supporter, juge Vincent Baud, CEO du cabinet MASTER et président de la fondation Projet 41-21. Or, la SQVT doit agir sur les causes des atteintes à la santé mentale et physique des salariés, à commencer par l’organisation du travail, avant d’agir sur leurs effets. »
Tel est l’objectif poursuivi par le projet 41-21, en référence à l’article du Code du travail L.41-21, qui stipule qu’un employeur doit protéger la santé physique et mentale de ses salariés. L’idée ? Un référentiel en accès libre dont peuvent s’emparer toutes les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité, leur taille ou leur localisation, pour mettre au point leur plan de SQVT.
« Avant de s’engager dans la démarche, il faut adhérer à quatre principes : gratuité, respect du référentiel dans son intégralité, transparence (publication sur le site de la fondation du nom de l’entreprise ou de l’acteur public, de la lettre d’engagement de son dirigeant, de sa feuille de route, des bilans annuels validés par le CSE…), respect du dialogue social », liste Vincent Baud. Ensuite, on entre dans le vif du sujet !
Étape 1 : Élaborer sa feuille de route SQVT
L’employeur commence par examiner les 10 blocs du référentiel projet 41-21 avec ses partenaires sociaux, ou, quand il n’y en a pas, avec un salarié compétent. Ils déterminent les objectifs déjà atteints et ce qui reste à faire, puis construisent ensemble leur feuille de route SQVT.
« Chacun des blocs (prévention des risques majeurs, de la discrimination, lancement d’une démarche écouter-évaluer-agir, analyse des cause d’accident du travail…) comporte des objectifs précis ainsi que des bonnes pratiques à mettre en œuvre, détaille Vincent Baud. Chaque entreprise déterminera le temps dont elle a besoin pour valider l’ensemble des blocs : un an, deux ans, trois ans. »
Etape 2 : Recueillir tous les besoins de vos collaborateurs
La bonne attitude est d’écouter tout ce qui empêche vos employés de « bien faire et bien vivre leur travail ». Même si vous ne pourrez pas apporter une réponse immédiate à tout.
« Trop souvent, les plans de santé au travail consistent à dire aux gens quoi faire pour ne pas qu’ils se fassent mal physiquement et psychiquement (respecter telle procédure, porter tel équipement de sécurité, suivre telle formation…), et c’est normal qu’ils le fassent. Mais ce n’est pas suffisant, explique Vincent Baud. Bon nombre de salariés me disent : ‘’Mon employeur me dit que la santé et la sécurité au travail sont ses priorités mais je ne le crois pas parce que mes outils qui ne fonctionnent pas bien ne sont pas changés, parce que rien n’est fait pour soulager ma charge de travail qui me pèse, parce que je n’ai pas de perspectives d’évolution.’’. Or tous ces éléments portent atteinte à la santé physique et mentale des travailleurs. »
Etape 3 : Etablir un ordre de priorité
Dans un deuxième temps, il s’agit de classer les différents sujets remontés en fonction de leur degré de gravité sur la santé des travailleurs : « Par exemple, dans les trois premières boulangeries où nous avons testé le référentiel, la principale cause de souffrance au travail était le poids des sacs de farine de 50 kg qu’il fallait transporter. Il a suffi d’installer des tables, pour que les sacs soient à hauteur d’homme et que les boulangers n’aient plus qu’à les faire glisser. Le deuxième sujet qui revenait souvent était l’agressivité des clients à l’encontre des vendeurs. Pour la réduire au minimum, les employeurs ont agi sur les causes les plus fréquentes de celle-ci : informer des ruptures de stock de produits, réduire le temps d’attente en fluidifiant le service, mieux respecter l’ordre d’arrivée des clients… »
Etape 4 : Bâtir ensemble un plan d’action
Après avoir ainsi écouté vos salariés, évalué dans chaque équipe les problèmes qu’ils peuvent avoir pour bien faire et bien vivre leur travail, vient le temps de chercher avec eux les réponses possibles à engager, suivant cette priorisation, pour améliorer leurs conditions de vie au travail. D’après cette dynamique participative en 3 temps (Écouter – Évaluer – Agir) issue de la mise en œuvre de l’ensemble des blocs du référentiel, vous pourrez alors bâtir et mettre en œuvre votre programme de prévention.
Etape 5 : Evaluer les impacts du plan
La fondation a créé un laboratoire scientifique chargé d’évaluer l’impact des actions SQVT mises en place :
- Sur la santé mentale et physique des travailleurs
- Sur la santé mentale et physique des dirigeants
- Sur la performance et l’attractivité des entreprises
« Ces experts effectueront un premier diagnostic sur ces trois sujets avant l’entrée en vigueur du plan, puis ils feront, chaque année, un bilan des progrès réalisés jusqu’à la fin de l’échéance fixée par l’entreprise. Ces données seront publiées sur notre site pour que cela profite au plus grand nombre. A travers ce projet, on souhaite prouver que l’entreprise de demain se construit avec ses salariés et pas pour eux. »
Après une carrière dans l’industrie, où il a occupé des fonctions d’ouvrier, de chef d’équipe puis de directeur d’usine, Vincent Baud enseigne depuis 25 ans le management participatif à Aix Marseille Universités. Membre de la direction des risques professionnels de la CARSAT, il a créé, en 2010, le cabinet Master (Management de la santé au travail par l’écoute et la réponse). Fin 2023, il a créé, au côté d’un groupe d’experts en santé au travail, la fondation Projet 41-21, un projet d’intérêt général destiné à améliorer significativement la santé et la qualité de vie au travail au sein des organisations.