Picardie : pourquoi la semaine de 4 jours ne convainc pas les employés de l’Urssaf
Un mois après l’annonce gouvernementale, seuls 3 employés sur 200 se sont portés volontaires pour tester la semaine de quatre jours à l’Urssaf de Picardie.
Présentée comme l’une des solutions pour attirer des candidats, notamment dans des secteurs qui connaissent de fortes tensions de recrutement, la semaine de quatre jours compte peu de détracteurs.
Comme le confirme la dernière expérimentation à grande échelle au Royaume-Uni, la plupart des États ou des entreprises y ayant goûté ont souhaité prolonger l’essai, voire pérenniser ce rythme de travail. Selon une étude 4 Day Week Global, 92% des 61 entreprises britanniques ayant mis en place cette organisation durant six mois ont été convaincues, et un tiers d’entre elles l’ont même adoptée définitivement.
Un engouement pas si unanime
Productivité accrue, performance économique au rendez-vous, meilleure santé mentale des salariés, optimisation de l’équilibre vie pro/vie perso, bonus pour la marque employeur… Tout semble plaider en faveur de la semaine de quatre jours. Encouragé par ces signaux au vert, le gouvernement français a souhaité, à son tour, prendre ce virage, en proposant aux employés de l’Urssaf Picardie volontaires de ramasser leurs heures de travail hebdomadaires sur quatre jours.
Le modèle retenu : une condensation des 36h effectuées par semaine sur quatre jours, pendant un an. Ce qui revient à travailler 9h par jour, au lieu de 7h20. Si une majorité d’agents de l’Urssaf Picardie s’était déclarée favorable à la mesure dans le cadre d’un sondage préliminaire, dans les faits, peu d’entre eux vont tenter l’expérience. Seuls 3 sur 200 se sont portés candidats.
Une formule inadaptée ?
Ce manque d’engouement s’explique en grande partie par le fait que ces journées à rallonge rendent plus difficile la conciliation du travail et des impératifs personnels (garde d’enfants, conduites à l’école ou à la crèche…) Certains redoutent également que la charge de travail concentrée sur quatre jours soit source de fatigue et de stress.
En matière de semaine de quatre jours, différents modèles sont envisageables :
- Une réduction du temps de travail sans baisse de salaire. Les entreprises qui ont opté pour cette formule travaillent généralement 32h par semaine, à l’image de LDLC, d’IT Partner ou d’Elmy ;
- Un maintien du volume horaire de travail hebdomadaire, mais condensé sur quatre jours. C’est notamment le choix fait par le législateur belge, qui permet aux salariés de choisir d’effectuer leur semaine de travail de 38h sur quatre ou cinq jours. En France, l’entreprise Yprema, convertie aux quatre jours depuis 1997, a conservé une durée de 35h de travail hebdomadaire ;
- Un passage à un temps partiel de 4/5equi implique une perte de salaire ;
- Un dispositif temporaire lié à un moment de vie, comme chez KPMG France, qui a choisi d’instaurer une « semaine de quatre jours parentale » en octobre 2022. Son principe : offrir aux parents venant d’accueillir un enfant la possibilité de travailler à 80% pendant six mois, tout en étant rémunéré à 100%.
L’exemple de l’Urssaf Picardie rappelle qu’il convient de s’interroger en profondeur sur le système à privilégier avant de mettre en place la semaine de quatre jours afin de créer les conditions de son succès. Malgré ce flop, la direction de l’agence picarde souhaite malgré tout mener l’expérimentation jusqu’à son terme.