La parentalité affecte davantage la carrière des femmes que celle des hommes
Les mères sont plus nombreuses que les pères à se mettre à temps partiel ou à cesser leur activité professionnelle lors de l’arrivée d’un enfant.

Aux mères la garde d’enfants et l’intendance du foyer, aux hommes l’activité professionnelle qui pourvoit aux besoins de la famille : cette division genrée est-elle de l’histoire ancienne ? Pas vraiment, si l’on observe les derniers résultats de l’étude de la DREES (Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques), publiés le 5 mars.
Des situations parfois subies, faute de solution de garde
Ainsi, dans 42% des couples comptant au moins un enfant de moins de six ans, c’est la femme qui délaisse sa vie professionnelle pour se consacrer à ses enfants, qu’il s’agisse d’un passage à temps partiel ou d’une cessation d’activité. Quant aux pères, ils sont bien moins nombreux à mettre leur carrière entre parenthèses (cela ne concerne que 8% des couples).
Si 31% des mères interrogées dans le cadre de l’enquête n’occupent pas un emploi à temps plein pour des raisons liées à leur(s) enfant(s), seuls 5% des pères sont dans ce cas. Des situations subies quand elle sont liées à l’absence de solution de garde pour leur enfant (ce qui concerne 18% des couples avec un enfant de moins de 3 ans) : « Cette garde parentale non choisie est principalement assurée par les mères : elles passent, en moyenne, 22 heures seules avec leur enfant de 8h à 19h du lundi au vendredi, contre moins de 5 heures pour les pères », notent les auteurs de l’étude.
Des chiffres qui font écho aux travaux de la prix Nobel d’Economie 2023, Claudia Goldin, qui a mis en évidence que la maternité était le principal vecteur d’inégalité professionnelle hommes-femmes.
Une lente évolution vers l’égalité des genres
Pour nuancer le tableau, l’étude met en exergue une lente évolution vers une plus grande égalité professionnelle : en 2002, seuls 36% des couples avec enfants affichaient une situation d’emploi similaire hommes/femmes. En 2021, date de l’enquête, 50% des couples affichent la même situation d’emploi pères/mères. « La tendance vers un rapprochement des situations d’emploi au sein des couples s’est surtout jouée via un plus fort investissement des mères dans la sphère professionnelle, avec très peu de changement du côté des pères. Or, une plus forte participation des pères dans la sphère familiale est un levier important pour atteindre l’objectif d’égalité entre les femmes et les hommes », commentent les auteurs.
A noter que ces chiffres ne prennent pas en compte les effets de l’allongement du congé paternité, passé à 25 jours calendaires (en plus des trois jours de congé de naissance) depuis l’été 2021. Et qui pourraient encore évoluer avec le futur congé de naissance, annoncé par le gouvernement. La directive européenne sur la transparence des salaires, qui doit être transposée en droit français d’ici le 7 juin 2026, devrait, de son côté, contribuer à réduire l’écart salarial entre les genres.
Des divergences liées à la catégorie sociale
L’étude souligne enfin que les situations varient grandement en fonction de la catégorie sociale des travailleurs : les mères employées ou ouvrières se trouvent plus éloignées de l’emploi que les mères cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure. Les premières sont moins souvent à temps complet (44%) que les secondes (74%) et, quand elles ne le sont pas, elles sont plus souvent sans emploi (62%) que les secondes, qui peuvent plus facilement opter pour un temps partiel (58%).
Ces différences s’expliquent notamment par de plus faibles rémunérations et des conditions de travail plus contraignantes (pas de possibilité de télétravail, horaires irréguliers…) pouvant justifier une préférence des employées et des ouvrières à quitter leur activité professionnelle pour garder leur enfant elles-mêmes.