Le « micro-learning » ou la nouvelle mode des formations à picorer
Le mot RH de la semaine. Noëmie Cicurel, directrice de la formation Robert Half Europe, décrypte ce phénomène.
« Dans un contexte d’avancées technologiques accélérées, d’attentes croissantes des salariés et d’un marché du recrutement toujours plus compétitif, la formation professionnelle représente un enjeu stratégique pour les entreprises.
Selon le Guide des Salaires 2025 de Robert Half, 43 % des employeurs ont déjà intégré des programmes de formation auprès de leurs collaborateurs pour accroître la productivité des entreprises. 35% d’entre eux prévoient d’automatiser certains processus et de requalifier/améliorer les compétences de leurs collaborateurs.
Du côté des salariés, le plan de formation proposé par l’entreprise représente un critère de plus en plus important, que ce soit pour rejoindre une entreprise ou pour y rester. En effet, les professionnels évaluent de plus en plus la possibilité qu’offrent les entreprises de maintenir leur employabilité actuelle et future, et de rester compétitifs sur le marché du travail. Une réalité bien assimilée du côté des professionnels, puisqu’à la question : « Que feriez-vous si vos missions devenaient partiellement automatisées aujourd’hui et que votre entreprise vous demandait d’acquérir de nouvelles compétences et une nouvelle fonction ? », 53% des répondants souhaiteraient participer à une formation pour se reconvertir dans une nouvelle fonction.
Pour rester attractives, les entreprises doivent donc miser sur des formats innovants de formation, courts et modulaires, qui s’adaptent aux attentes de chacun de leur collaborateur : le micro-learning. »
De quoi s’agit-il ?
« Le micro-learning, ou « snacking pédagogique », propose des modules de formation ciblés, accessibles en distanciel, favorisant ainsi l’autonomie des salariés tout en optimisant leur temps de travail. Ce type de formation ne porte que sur un seul sujet (il s’agira là de condenser une information), sa durée est flexible, elle peut aller de 5 à 30 minutes maximum.
Ce nouveau format, qui a émergé il y a quelques années, s’aligne sur une évolution sociétale : les réseaux sociaux, le scrolling et l’ère de l’immédiateté ont fortement réduit le temps d’attention porté sur un seul sujet. Il n’est pas rare, aujourd’hui, de voir des épisodes de séries de 20 minutes, ou de passer à une autre vidéo après deux ou trois secondes de lecture seulement.
Cette tendance de consommation de contenus a également impacté l’univers de la formation : il est très rare aujourd’hui d’assister à de longues sessions. Tout comme les habitudes ont changé, les méthodes d’apprentissage en entreprise aussi.
De par sa courte durée, le micro-learning exige néanmoins beaucoup de recherches en amont de la part du formateur, et des outils performants pour diffuser et stocker ce type de formation, pour du support audio, etc.
Si l’entreprise opte pour une plateforme de formation, disponible à tout moment, l’objectif sera également de créer une habitude chez les collaborateurs de se rendre sur cet outil interne, une fois par semaine par exemple. Sachant qu’une habitude se prend après l’avoir effectuée 20 fois, un travail de communication et de pédagogie de la part de la direction sera nécessaire pour y parvenir ! »
De nombreux atouts
« Ce format, court et précis, comporte plusieurs avantages :
- il permet de s’inscrire facilement dans des agendas professionnels de plus en plus chargés. En replay, ces sessions de micro-learning pourront être réécoutées pendant le temps de transport, lors d’une pause dans la journée ou entre deux réunions. Idéal si l’entreprise a opté pour un mode de travail hybride pour ses collaborateurs !
- Il implique un effort de simplification important de la part du formateur : ces minutes doivent être rythmées et imagées pour maintenir l’attention et impacter au maximum les participants (phrases courtes, chiffres clés, peu de slides). Le contenu doit être percutant et pertinent dès les premières secondes.
Deux options s’offrent au formateur en termes de contenu pour du micro-learning : donner l’intégralité d’une information de manière courte, ou donner les grandes lignes d’une information et intégrer en fin de formation un call-to-action »Pour en savoir plus », qui permettra d’en apprendre plus sur le sujet évoqué, pour ceux qui le souhaitent. En somme, le micro-learning partage les informations de base d’un sujet en quelques minutes, mais le formateur devra bien faire savoir qu’il ne s’agit que d’un « teaser » et qu’il sera toujours possible d’approfondir ses connaissances. »
Un format qui se prête à tous types de sujet
« Les sujets abordés en micro-learning peuvent être à la fois informatifs (commentaire d’une nouvelle loi, partage des nouveautés d’un secteur) ou opérationnels (nouvel outil interne, comment préparer un rendez-vous avec un client, comment se présenter de manière efficace).
Le marché du travail évolue rapidement et régulièrement. Dans ce contexte, le format du micro-learning permet aussi d’être beaucoup plus flexible et agile, et d’adapter facilement les formations proposées aux réalités économiques et sectorielles de l’entreprise.
Gardons en tête qu’une formation ciblée est une formation rentable pour l’entreprise, car elle répond directement aux besoins des collaborateurs sur leur employabilité, tout en renforçant leur engagement et leur productivité.
Pour résumer, le micro-learning peut être considéré comme une « hyperpersonnalisation » de la formation : des formats flexibles pour répondre aux nouvelles attentes des professionnels en 2025 et pour les années à venir. »