Mentorat RH : « On est là pour éviter aux recruteurs de commettre les mêmes erreurs que nous »

Être recruteur indépendant ne signifie pas forcément travailler seul. Illustration avec trois mentors basés en Ile-de-France.

"Nos plus anciens recruteurs donnent une feuille de route aux nouveaux."
"Nos plus anciens recruteurs donnent une feuille de route aux nouveaux." © HelloWorkplace

Les qualités humaines ont beau être primordiales pour travailler dans les RH, on ne naît pas recruteur, on le devient. Et pour devenir bon, rien de tel que de s’appuyer sur ceux qui maîtrisent le sujet. C’est le principe du mentorat, pratiqué au Mercato de l’emploi, premier réseau de recruteurs indépendants en France. Comme l’indique Jenny Gaultier, sa directrice générale : « Le mentor est une sorte de “sage” qui s’appuie sur son expérience pour guider les recruteurs avec de bons réflexes ! Il aide à discerner les attentes des chefs d’entreprises, mais aussi les aspirations et les compétences réelles des candidats. »

« Je ne pensais pas en être capable mais il a fini par me convaincre »

Après plus de vingt ans dans la fonction RH, Sandrine Ruef a rejoint ce réseau fin 2022 : « Du fait de mon expérience dans le recrutement, je savais que j’étais en capacité de trouver les candidats correspondant le mieux aux besoins des entreprises, mais être indépendante implique de passer vite à l’action. » Lors d’événements professionnels, elle croise à plusieurs reprises le chemin de Kevin Hudson, recruteur au Mercato, qui finit par devenir son mentor. « Approcher des dirigeant(e)s d’entreprises lors de salons était un vrai challenge pour moi. Kevin m’a guidée tel un co-pilote et m’a surtout fait sortir de ma “zone de confort”. »

« Je propose constamment aux nouveaux recruteurs du réseau de m’accompagner aux rendez-vous dans les entreprises et de faire preuve de curiosité dans les échanges avec les opérationnels. Cette immersion va permettre de mieux cerner les besoins recherchés et de comprendre le secteur d’activité. Nous devons toujours nous mettre dans une double posture d’employeur et de candidat afin de rédiger une offre d’emploi pertinente qui touchera son cœur de cible », développe Kevin, qui accompagne aujourd’hui une trentaine de mentorés.

Un matching de personnalités

La réussite du duo dépend fortement de ce choix mutuel mentor-mentoré : « C’est avant tout une question de compatibilité de personnalités. Je n’avais pas envie d’un accompagnement scolaire et j’ai rapidement vu qu’on avait la même approche avec Kévin, c’était fluide et naturel », souligne Sandrine, qui est, à son tour, devenue mentor en juillet 2023. « Nous sommes vraiment dans la transmission ! A mon tour de partager ce que j’ai appris dans cette aventure humaine qui consiste à accompagner et faire progresser de nouveaux recruteurs », poursuit-elle.

« Le succès de la formule réside dans l’émulation. Chacun apprend de l’autre, c’est vraiment une alchimie. Les liens se renforcent lors d’événements informels régulièrement organisés : afterworks, séminaires… », avance François Gournay, mentor depuis mars 2022.

« Oser se tromper »

En matière de transmission de savoirs, la centaine de mentors que compte le réseau préfère se focaliser sur le volet humain : « Pour l’utilisation des outils, par exemple les ATS, nous conseillons aux recruteurs de suivre nos modules d’e-learning. Après, nous sommes toujours disponibles si des questions restent en suspens, témoigne Kevin. Mais nous sommes surtout là pour leur faire gagner du temps, leur éviter de commettre les mêmes erreurs que nous. » « Nos plus anciens recruteurs ont déjà balisé le terrain pour les nouveaux venus dans le réseau, complète Jenny. Ils leur donnent “une feuille de route” qui les fait aller à l’essentiel ! »

L’intérêt du mentorat est aussi de créer du lien et de conjuguer intelligence collective et autonomie liée à l’entrepreneuriat. « Nous avons un métier de montagnes russes, fait de réussites, d’échecs, ou de moments de doutes. Échanger régulièrement entre consultants nous permet d’avancer ensemble. En fonction de nos sujets du moment, on sollicite des recruteurs spécialisés dans les fonctions commerciales, support ou sur des profils plus Tech, précise François. Le mentorat, c’est un partage de savoir et une émulation. Pour moi, on est plus dans une démarche de développement personnel que de coaching professionnel ! »

En définitive, cet accompagnement sert avant tout à lever l’autocensure chez les recruteurs : « On leur apprend à oser se tromper ! »

Bien s’équiper pour bien recruter