Les RH en première ligne face aux discriminations en entreprise

L’état de santé est le premier facteur de discrimination qu’observent les DRH dans leur propre organisation, selon un baromètre Cegos.

Discrimination en entreprise
L’état de santé du salarié, l’âge et l’appartenance syndicale sont les premières sources de discrimination dans les organisations des DRH interrogés par l'étude Cegos. © Anastasiia / Stock.adobe.com

La sensibilisation aux sujets de diversité et d’inclusion progresse dans les entreprises mais certaines pratiques discriminatoires persistent. C’est ce que révèle la deuxième édition du baromètre « Diversité et inclusion dans les organisations »*, publié par l’organisme de formation Cegos. En France, plus d’un DRH sur deux (53%) constate encore des discriminations au sein même de son organisation.

Première source d’inégalités de traitement, l’état de santé du salarié, cité par 24% des répondants. Viennent ensuite la discrimination par l’âge (19%) et par l’appartenance syndicale (19 %). Les DRH notent aussi une augmentation des discriminations liées au patronyme (+13 points) et au lieu de résidence (+7 points), signe qu’ils portent davantage attention à des critères sociaux.

« Le fait que plus de la moitié des professionnels RH reconnaissent la persistance de discriminations dans leur propre organisation est significatif. Il devient donc essentiel de passer d’un constat partagé à des actions concrètes et structurées. Les organisations vont devoir s’attaquer à des formes plus diffuses de discrimination, comme celles liées au statut social, au lieu de résidence ou à l’état de santé, qui sont en nette augmentation en 2025 », analyse Isabelle Drouet de la Thibauderie, manager de l’offre RH chez Cegos.

Le recrutement en première ligne

Trois étapes concentrent les risques : le recrutement (cité par 37% des RH en France), l’intégration dans l’équipe de travail (24%) et la promotion (24%). « Ces résultats sont en léger recul par rapport à 2022, ce qui peut traduire un possible progrès ou bien la banalisation de certaines pratiques discriminatoires », relève l’étude.

Ces comportements ne sont pas sans conséquence, notamment sur l’ambiance de travail. En France, les DRH interrogés considèrent que les réflexions à caractère sexiste sont celles qui dégradent le plus, même partiellement, l’ambiance de travail (48%). Ils citent ensuite des convictions politiques ou syndicales très marquées (45%) et les réflexions à caractère raciste (44%).

Quelles solutions pour lutter contre les discriminations ?

Pour lutter contre les discriminations, les professionnels RH sont en première ligne : 40% se considèrent comme le principal moteur de l’inclusion au sein de leur organisation. A leur disposition, une palette d’outils, qui vont des actions de sensibilisation au recrutement structuré.

Les actions de sensibilisation se généralisent

A l’échelle mondiale, près de 6 organisations sur 10 ont mis en place une communication régulière sur la diversité et l’inclusion. En France, plus de la moitié des DRH (55%) ont instauré une communication dédiée dans leur organisation et communiquent régulièrement sur le sujet via les canaux de communication interne (50%). Dans 55% des cas également, leurs dirigeants s’engagent personnellement sur le sujet. Et tous ces indicateurs sont en nette progression depuis 2022 (+21 points sur la mise en place d’une communication dédiée, par exemple).

Les processus de recrutement sont de plus en plus structurés

Pour limiter les discriminations au moment du recrutement, les entreprises sont aussi de plus en plus nombreuses à mettre en place un processus structuré (entretien structuré, score card…). En France, 82% des entreprises utilisent des méthodes d’évaluation structurées, en hausse de 19 points comparé à 2022.

L’idée des quotas s’installe dans les esprits

Que ce soit du côté des salariés ou des professionnels RH, l’adhésion à l’idée d’instaurer des quotas pour favoriser l’accès et la progression de publics spécifiques (femmes, seniors, personnes en situation de handicap…) fait son chemin, y compris en France. 66% des RH y sont favorables, soit 8 points de plus qu’en 2022. Dans le même temps, la proportion de salariés qui y sont favorables est passée de 59 % en 2022 à 64 % aujourd’hui.

Les domaines où les difficultés demeurent

Pour autant, même si le sujet de la diversité et de l’inclusion progresse en entreprise, certaines difficultés demeurent et sont même plus marquées. « La plupart des « domaines posant des difficultés » progressent de façon notable depuis 2022, traduisant une conscience plus aiguisée des RH sur ces sujets », indique l’étude.

En tête des difficultés rencontrées en France, l’emploi et l’intégration des personnes en situation de handicap ou avec un état de santé particulier, cités par 64 % des RH (+16 points vs 2022). Viennent ensuite la cohabitation de personnes ayant des cultures ethniques différentes ou issues de minorités visibles (60%, + 17 points), la gestion des seniors (57 %, +10 points) et l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes (56 %, +11 points).

Parmi les autres sujets où les difficultés se sont accrues, le recrutement et l’intégration de personnes issues d’origines sociales différentes (53%, +6 points) et la difficulté à gérer les quadras (47%, +19 points), « ce qui illustre l’émergence de nouvelles questions autour des équilibres de carrière et des relations entre générations », pointe l’étude.

*Étude menée en ligne en avril et mai 2025, dans 10 pays d’Europe (France, Allemagne, Espagne, Italie, Portugal, Royaume-Uni), d’Asie (Singapour) et d’Amérique latine (Brésil, Mexique, Chili), auprès de 5 537 salariés et 438 Directeurs ou Responsables des Ressources Humaines, travaillant au sein d’entreprises ou d’organisations publiques de plus de 50 collaborateurs.

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Bien s’équiper pour bien recruter