Le « job cuffing » ou jouer la sécurité de l’emploi faute de mieux

« En période de ralentissement économique, le job cuffing (ou “menottes au travail”) consiste pour certains collaborateurs à jouer la carte de la sécurité de l’emploi en restant en poste tout en attendant des jours plus cléments pour bouger. Cette aversion au risque n’est pas sans conséquences… »

La stabilité dans l’incertitude

« Le cuffing est une tendance présente dans les relations amoureuses où une personne reste en couple avec un(e) partenaire pendant les mois d’hiver avant de reprendre le “papillonnage” au printemps. Sa déclinaison dans le monde professionnel est le job cuffing, qui reflète un désir de sécurité au travail en attendant des jours meilleurs sur le front du marché de l’emploi. Ce comportement d’aversion au risque consiste à rester retranché au même poste dans la même entreprise en période de crise et d’incertitude. »

« Selon une étude récente d’Owl Labs, certains actifs restent à leur poste principalement pour des raisons de sécurité. 72% des personnes interrogées déclarent qu’elles essaient de conserver leur emploi pendant un an, même si elles se sentent épuisées. Les talents peuvent rester à leur poste non pas par satisfaction, mais pour se protéger contre un marché du travail trop instable. Il faut aussi noter que l’attente de primes, en particulier dans des secteurs comme la tech, précède souvent les vagues de démissions, les collaborateurs partant avec leurs récompenses financières acquises et leurs compétences validées. Pour être sûrs de conserver leur poste actuel, certains collaborateurs n’hésitent pas à accroître leur engagement en acceptant de nouveaux projets et en s’investissant dans la vie de l’entreprise. Ce comportement prudentiel qui vise à “rester au chaud par gros temps” n’est pourtant pas sans risques… »

Les conséquences néfastes du job cuffing

• « Un risque de surmenage : le fait de vouloir en faire toujours plus pour justifier et conserver son poste peut conduire à une forme d’épuisement professionnel ;
• L’inertie crée de l’inertie : lorsque tout le monde reste en poste au même moment dans bon nombre d’entreprises, un sentiment d’inertie se crée avec moins de fluidité sur le marché du travail. Chacun reste à sa position et il y a un manque de mouvement et de renouvellement ;
• Une performance collective menacée : avec l’explosion de l’IA et de la tech, il est essentiel que l’entreprise intègre de nouvelles compétences et de nouvelles pratiques. Elle doit se régénérer. Si les personnes en poste sont rétives au changement et restent uniquement dans leur périmètre d’intervention, la performance collective peut être touchée. »

Quelles solutions pour prévenir ces risques ?

• « Le collaborateur doit prendre conscience que sa perception du marché du travail est souvent biaisée et différente de la réalité. En effet, des besoins subsistent dans de nombreux secteurs dont certains restent pénuriques (digital, métiers du “care”…). Il existe des postes vacants qui ne trouvent pas preneur. La peur est souvent mauvaise conseillère…
• L’employeur doit faire en sorte que le collaborateur reste dans l’entreprise pour de bonnes raisons en mettant en place une politique de mobilité interne volontariste, des perspectives d’évolution, un plan de formation adapté à chaque collaborateur, un climat de bien-être au travail où la parole est libre avec une écoute active des managers, un équilibre vie pro-vie perso respecté mêlant télétravail et flexibilité… Bref, une expérience collaborateur impeccable !
• Diversifier les avantages tout au long de l’année : les collaborateurs ne doivent pas être uniquement dépendants des primes annuelles mais doivent être objectivés plus régulièrement et motivés par d’autres avantages : avantages en nature (logement, véhicule…), télétravail sur le lieu de son choix…
• Rendre le lieu de travail incontournable : dans une stratégie d’office peacocking, de nombreuses entreprises mettent tout en œuvre pour rendre le bureau plus accueillant avec des déjeuners gratuits, des salles de sport sur place….
• Faciliter la recherche d’emploi et le processus de recrutement : tous les employeurs et les acteurs du recrutement doivent faire en sorte que la recherche d’emploi du candidat soit plus fluide avec des processus de recrutement raccourcis et une meilleure considération du postulant. Cela induit notamment une communication impeccable sur les différentes étapes du recrutement et un suivi précis des candidatures… »