Jeunes diplômés : leur salaire dépend encore fortement du classement de leur école
Une enquête révèle que le niveau de rémunération des jeunes salariés est étroitement lié au classement de l’école dont ils sortent.
Très courtisés par les entreprises, les jeunes diplômés ont des exigences de plus en plus élevées en matière de rémunération. Dans un contexte persistant de tensions de recrutement et d’inflation (qui devrait atteindre 5,8% en 2023, selon l’Insee), les employeurs n’hésitent donc pas à leur proposer des salaires très attractifs. Notamment aux candidats sortant des écoles les mieux classées, comme nous l’apprend l’étude WTW parue le 5 décembre.
De 3 000 à 5 000€ d’écart de salaire par an entre deux jeunes issus de la même filière
Ainsi, si les anciens étudiants d’une école de commerce dite de « 1er rang » (HEC, ESSEC ou EDHEC, par exemple) touchent un salaire médian annuel de 43 000 euros brut à l’embauche, ceux qui sortent d’une école de « 3e rang » (ESSCA, INSEEC, Montpellier Business School) sont rémunérés environ 38 000 euros. Soit un écart de 13%.
Le schéma est le même du côté des écoles d’ingénieurs, avec 7% d’écart entre les jeunes formés, entre autres, à Polytechnique ou Télécoms Paris et ceux qui ont suivi leur cursus à AgroParisTech ou Grenoble INP.
Pour les jeunes recrues diplômées d’IEP, d’écoles d’actuariat, d’informatique ou d’autres filières spécifiques, le salaire médian annuel est de 40 500 euros brut. Ceux qui ont suivi un cursus universitaire gagnent, quant à eux, environ 38 000 euros brut par an.
Les grandes écoles toujours auréolées de leur prestige
Autant de signes que la réputation de l’école a encore une grande influence aux yeux des recruteurs. L’attrait des recruteurs pour ce vivier de talents issus des meilleures écoles est confirmé par l’enquête de la Conférence des grandes écoles de juin 2023, selon laquelle le taux net d’emploi des anciens étudiants de grandes écoles n’a jamais été aussi haut et s’élève à 90,5%. La CGE note aussi une augmentation globale des salaires de ses jeunes diplômés de 4,5% par rapport à l’an dernier.
Si on peut comprendre que les classements des écoles, très relayés par les médias, rassurent les recruteurs et minimisent la prise de risque à l’embauche, ne se fier qu’à cela peut les faire passer à côté de pépites, à l’heure où les compétences extra-académiques et les soft skills sont de plus en plus valorisées sur le marché du travail.
Salaire, flexibilité, évolution professionnelle : des leviers tous azimuts pour attirer les jeunes diplômés
Par ailleurs, le niveau de salaire reste également fortement lié au niveau d’études. En 2023, le salaire annuel brut médian des jeunes diplômés de niveau bac+2 se situe à 31 000 euros (contre 29 500€ en 20022), celui d’un bac+5 se situe à 42 000 euros brut (soit 7% de plus qu’en 2022) et celui d’un titulaire de doctorat à 45 500 euros brut.
Cette année, 59% des employeurs interrogés disent avoir revu leurs grilles de rémunération à l’embauche à la hausse pour les jeunes diplômés ou envisager de le faire. Pour recruter ce type de profil, 85% du panel dit avoir déployé une stratégie d’évolution professionnelle dédiée (formation, mobilité…) et 77% ont mis en place un mode de travail hybride (présentiel/télétravail), plébiscité par cette génération.
« Dans un contexte de versatilité des jeunes talents, la rémunération attractive seule ne suffit plus à les retenir, d’autant que la hausse des prétentions salariales n’est qu’une réponse à celle du coût de la vie. Les entreprises doivent redoubler d’efforts pour offrir une expérience collaborateur qui réponde à leurs attentes en termes de flexibilité, d’évolution de carrière et de quête de sens », commente Radia Rafil, consultante et porte-parole de WTW en France.
*Enquête menée du 13 avril au 30 juin 2023, auprès de 12 278 collaborateurs ayant moins de deux ans d’expérience, disposant de bac+2 à bac+5, au sein d’un panel de 63 entreprises en France.