Quand les entreprises innovent pour le confort de leurs salariés

Sur fond de Grande Démission et de tensions de recrutement, les employeurs étudient la meilleure stratégie pour attirer des candidats et fidéliser leurs collaborateurs. Si les actifs sont en quête de flexibilité au travail et ne sont pas prêts à faire une croix sur leurs journées de télétravail héritées de la période Covid, peu sont adeptes du full remote, constate Sophie Distel, directrice des écosystèmes Workplace et Immobilier au sein du groupe Républik : « Le 100% télétravail montre rapidement ses limites en termes de vie sociale, de creusement des inégalités, d’impact sur la santé, de difficultés à manager… Côté entreprise comme côté salarié, on note une vraie volonté de conserver les bureaux. Pas avec la même fréquence et la même superficie qu’avant la crise sanitaire, mais il doit rester une possibilité. »

Le bureau : une brique essentielle du bien-être au travail

Tout l’enjeu est donc de (re)donner envie de venir travailler sur site, en proposant une valeur ajoutée aux salariés qui se déplacent : « Il n’y a rien de pire qu’un grand open space, avec, en tout et pour tout, deux salariés au milieu. On a l’impression d’être venu pour rien ! », témoigne Sophie Distel. Même si, nuance-t-elle, « les principales attentes des salariés demeurent une rémunération à la hauteur, un travail épanouissant et un management bienveillant, l’aménagement de l’espace de travail et les services proposés au bureau constituent une brique essentielle du bien-être au travail ».

« Il faut être au bureau mieux que chez soi ! Les télétravailleurs mal installés à leur domicile ont pu expérimenter que l’ergonomie du mobilier de bureau est essentielle pour éviter les troubles musculo-squelettiques, embraye Pierre-Alexandre Pillet, cofondateur de Sowen, créateur d’espaces de bureau. Le confort de travail passe également par l’équipement digital des espaces collaboratifs, afin de pouvoir organiser des réunions hybrides. Cet équipement doit être intuitif et facile d’utilisation. »

Des espaces modulables multi-usages

Comment faire de son bureau un endroit accueillant qui correspond aux usages de ses occupants ? Il faut d’abord prendre garde aux effets de mode, conseille Sophie Distel. Mieux vaut réfléchir à deux fois à l’option la plus pérenne, car réaménager ses espaces représente un coût financier et écologique : « Après le Covid, le premier mouvement a été de dire :  »On vient désormais au bureau pour se retrouver autour d’événements conviviaux et assister à des réunions ». La tendance des entreprises était de casser toutes les cloisons et de généraliser le flex office. Sauf que, quand on vient au bureau, ce n’est pas uniquement pour travailler en mode collaboratif, il y a toujours une heure, dans la journée, où l’on aura besoin de passer des coups de fil, deux heures où l’on aura besoin de se concentrer à fond sur une tâche et où on ne voudra pas être dérangé. »

« Les salles de réunion peuvent devenir des salles de sport ou de sieste le midi. »

Les employeurs doivent rester attentifs à ce besoin de repli et penser à aménager des box individuels. « La multiplication des réunions en visioconférence implique de pouvoir s’isoler, seul ou à plusieurs, dans de plus nombreuses (et plus petites) salles de réunions bien équipées, ou dans des bulles acoustiques », confirme Pierre-Alexandre Pillet. Le travail d’équipe ne doit pas être laissé de côté pour autant, poursuit-il, évoquant le récent déménagement de l’un de ses clients, Prologis : « L’entreprise a pris le parti audacieux d’installer seulement une quarantaine de postes de travail pour un effectif de 70 collaborateurs. Le rôle du bureau devait se recentrer autour du collaboratif, avec un archipel d’espaces innovants : espaces workshops, pitch, créativité, socialisation, visio, parcours client, quiet room… Les moments passés ensemble au siège étant plus espacés, ils devaient être plus impactants. »

Réduire la superficie des bureaux, oui, mais en intensifiant l’usage des espaces. Les salles doivent être modulables pour pouvoir remplir différentes fonctions : « L’espace de restauration peut servir de lieu de coworking le reste de la journée, les salles de réunion peuvent se transformer en salles de sport ou de sieste le midi. À terme, on peut même imaginer que les bureaux soient investis le soir ou le week-end par des centres de formation ou des associations », illustre Sophie Distel.

Des services qui favorisent l’équilibre vie pro/vie perso

Autre carte à jouer pour les entreprises : proposer à leurs collaborateurs une expérience utilisateur digne de l’hôtellerie-restauration. « Inutile de tomber dans la débauche de services que l’on a pu commencer d’observer il y a quelques années : tous ne sont pas forcément utilisés et le rapport qualité prix n’est pas tenable pour les entreprises. Il vaut mieux faire le tri entre les services plébiscités par les collaborateurs et ceux qui sont gadget », souligne la directrice Workplace.

En novembre 2022, le baromètre Parella révélait que les salariés sont majoritaires à juger utiles les offres de restauration (65%), d’activités sportives (54%), de services santé mentale et bien-être (55%) ou encore une salle de sieste (51%).

En la matière, de nombreuses solutions ont été présentées lors de Worknight, la nuit du Future of Work, comme :

• Bolk, et sa cantine robotisée capable de préparer 300 plats différents en une minute ;
• Exalt et son service à table digitalisé en restaurant d’entreprise, réinventent la pause déjeuner. Leur objectif : éviter aux collaborateurs de faire la queue. Ils commandent en ligne leur repas et viennent ensuite s’installer à table où ils sont servis comme au restaurant ;
• Le pédalier Eveia « qui permet d’atteindre un objectif de 10 000 pas tout en étant assis à son bureau ». « Les collaborateurs peuvent avoir une activité douce, sans s’en rendre compte, et ainsi lutter contre les effets négatifs de la sédentarité. »
• La cabine de téléconsultation de médecine H4D, qui permet aux salariés d’échanger avec un médecin à distance, de prendre leur température et leur tension et de recevoir une ordonnance.
• Nap&Up qui propose « des espaces de sieste, sous forme de cocon avec une application d’audios de relaxation, qui constituent une véritable bulle sensorielle de décompression ». « De nombreuses études montrent les bienfaits d’une micro-sieste sur la productivité (+35% après 20 minutes de micro-sieste), la créativité, la vigilance, la mémoire, le niveau de stress. Notre objectif est de fournir un outil pour répondre à l’ensemble des besoins que l’on peut rencontrer sur sa journée de travail et qui nécessitent un moment à soi : fatigue, stress, présentation importante, moment difficile avec un collègue ou un client », souligne l’entreprise.

Les entreprises ont tout à gagner à mettre en place des solutions qui favorisent l’équilibre vie pro/vie perso de leurs salariés, en leur proposant, par exemple, de gagner du temps sur des tâches qui empiètent sur leur vie personnelle : livraison de drive directement dans leur coffre sur le parking d’entreprise, services de réparation de vélo au bureau (CycloCare), casier pour réceptionner leurs colis dans le hall de l’entreprise (MyColisBox)…

De son côté, Totem propose des magasins sur-mesure et modulaires au cœur des bureaux pour faciliter l’accès des collaborateurs aux services et produits essentiels du quotidien : cafétéria, épicerie, bibliothèque, ludothèque, vente de matériel de sport… « La création d’espaces conviviaux et pratiques pour renforcer le lien social reste la meilleure manière d’améliorer l’attractivité des lieux de travail. Les collaborateurs bénéficient d’un accès facile aux produits et services essentiels, des moments de partage et d’interactions sociales, ainsi que d’un gain de temps », développe l’entreprise.