L’heure de la Grande Démission est-elle venue en France ?

Le nombre de démissions ne cesse de progresser dans l’Hexagone à la faveur de la reprise économique post-crise.

Le taux de démission en France se rapproche de celui enregistré aux Etats-Unis.
Le taux de démission en France se rapproche de celui enregistré aux Etats-Unis. © yellow_man/stock adobe.com

Selon une note de la Dares, le nombre de démissions en France atteint un niveau historiquement haut fin 2021 et début 2022, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 concernent des CDI.

Si on rapporte ce nombre à celui des salariés français, le taux de démission atteint 2,7%. Un chiffre plus élevé que durant la crise des subprimes, mais qui reste en-dessous du niveau de début 2008, où il culminait à 2,9%.

A titre de comparaison, le taux de démission aux Etats-Unis, pays qui a vu émerger la Great Resignation, se situait, fin 2021, à 3%.

Un taux élevé qui s’explique par une conjoncture économique favorable

Comme nous le rappelait Christophe Blot, économiste à l’OFCE, dans un précédent article, « le taux de démission est une variable cyclique qui évolue en fonction du taux de chômage. Si ce dernier est élevé, le taux de démission est faible et inversement ». Avec un taux de chômage autour de 7,4% au premier trimestre 2022*, et à la faveur de la reprise économique, pas étonnant, donc, que les salariés soient attirés par de nouvelles opportunités. Et franchissent le pas de la démission !

Cette multiplication des démissions s’explique aussi par les difficultés de recrutement rencontrées par de nombreux pans de l’économie, BTP, services et industrie manufacturière en tête. Ces postes en tension apparaissent comme autant d’opportunités pour des salariés déjà en emploi, en quête de nouveaux challenges professionnels.

Un renforcement du pouvoir de négociation des candidats

S’achemine-t-on pour autant vers un scénario à l’américaine ? D’après la Dares, le nombre important de démissions outre-Atlantique et au Royaume-Uni serait le reflet de « comportements de débauchage de la main-d’œuvre, dans un contexte de forte demande du travail et d’offre limitée ». Elle cite pour preuve les « trajectoires des démissionnaires, qui correspondent le plus souvent à un changement d’employeur sur un même type de poste (à qualifications égales) et dans le même secteur ».

En France, le retour à l’emploi des démissionnaires se fait relativement rapidement, puisque 8 personnes ayant quitté leur emploi sur 10, fin 2021, avaient retrouvé du travail dans les six mois.

Ce mouvement de démissions se traduit par un rééquilibrage du rapport de force recruteur/candidat au profit de ce dernier. Ceux qui postulent ont plus de latitude pour négocier leur niveau de rémunération ou leurs conditions de travail (télétravail, horaires…) et les employeurs paraissent plus disposés à aller dans leur sens pour ne pas voir les meilleurs talents leur échapper.

*Chiffres Insee

Visuel promo

Bien s’équiper pour bien recruter