Les Français sont-ils prêts à faire le même travail jusqu’à leur retraite ?

La réponse varie grandement en fonction de l’âge, de la situation familiale et du type de poste occupé, comme nous le révèle la dernière étude de la Dares.

66% des caissiers ne se voient pas exercer le même métier jusqu'à leur retraite, selon la Dares.
66% des caissiers ne se voient pas exercer le même métier jusqu'à leur retraite, selon la Dares. © georgerudy/stock adobe.com

En France, en 2019, 37% des salariés ne se sentent pas capables de faire le même travail jusqu’à la retraite. La note publiée par la Dares le 9 mars offre un éclairage intéressant en ces temps de débats sur le report de l’âge légal de départ à la retraite.

Si nous sommes amenés à travailler plus longtemps, cela signifie-t-il que nous exercerons le même métier toute notre vie ? La réponse à cette question varie fortement en fonction du profil des personnes sondées et des professions exercées.

Les jeunes, les femmes et les parents moins enclins à faire le même métier jusqu’au bout

Ce sont les moins de 30 ans qui se sentent les moins capables de faire le même métier jusqu’à la retraite, un sentiment partagé par 59% de cette classe d’âge. Le discours est tout autre chez les plus de 50 ans qui ne sont que 18% à penser qu’ils ne pourront pas continuer d’exercer leur profession actuelle jusqu’à leur sortie de la vie active.

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à ne pas penser pouvoir tenir dans leur travail jusqu’à la retraite (41% contre 34%). L’insoutenabilité perçue du travail est également plus marquée chez les parents que chez les actifs sans enfant.

Les métiers d’accueil du public, du soin et les postes d’ouvriers non qualifiés jugés moins « soutenables »

Le point de vue diffère aussi en fonction du type de métier exercé et des conditions de travail associées. Sont jugés particulièrement insoutenables :

  • Les métiers d’accueil du public : caissiers, vendeurs, employés de banque et des assurances et de l’hôtellerie-restauration. Des postes au rythme de travail soutenu avec des attentes parfois fortes de la part du public qui génèrent du stress au travail.
  • Les professions de la santé et de l’action sociale : infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, professionnels de l’action sociale et de l’orientation… Autant de professions exigeantes physiquement et émotionnellement qui peuvent avoir un impact sur la santé des travailleurs.
  • Les postes d’ouvriers non qualifiés dans les secteurs de la manutention, du gros œuvre et du second œuvre du bâtiment, de la mécanique… Ces métiers sont souvent associés à des contraintes physiques (station debout prolongée, port de charges lourdes…) et à un environnement de travail présentant des nuisances (exposition aux intempéries, à la fumée, à la poussière…).

À l’inverse, les personnes travaillant dans des bureaux et/ou à des postes plus qualifiés sont plus enclines à conserver la même activité jusqu’à leur retraite. C’est notamment le cas des secrétaires, des techniciens de l’informatique et des techniciens et agents de maîtrise des industries mécaniques.

Pourquoi ces chiffres doivent-ils retenir l’attention des employeurs ?

D’abord parce que ce sentiment de ne pas pouvoir tenir jusqu’à la retraite s’accompagne souvent d’interruptions de travail plus longues et plus fréquentes, selon la Dares. De la même manière, plus un salarié juge son travail insoutenable, plus il risque de se retrouver en arrêt maladie, un phénomène qui augmente avec l’âge des salariés.

Enfin, ces situations de travail considérées insoutenables ouvrent souvent la voie à un départ en retraite plus précoce, dans des conditions financières plus défavorables pour le salarié. Un récent rapport de l’Unédic faisait par ailleurs état d’un pic de ruptures conventionnelles et de licenciements pour inaptitude à 59 ans.

Comment faire pour améliorer la soutenabilité d’un métier ?

D’après les avis des actifs récoltés par la Dares, les leviers les plus efficaces pour réduire la pénibilité du travail sont :

  • Allègement des contraintes horaires (travail de nuit, le week-end, posté, en horaires variables…)
  • Réduction de l’intensité du travail (contraintes de rythme de travail, stress…)
  • Hausse de l’autonomie accordée aux collaborateurs
  • Un meilleur soutien social au travail (solidarité entre collègues, appui du manager, présence d’instances représentatives du personnel…)

 

Bien s’équiper pour bien recruter