Etats-Unis : un coaching ciblé pour développer les soft skills des collaborateurs

L’Odyssée managériale nous emmène à Los Angeles pour la sixième étape de son périple, à la découverte d’une entreprise qui propose à ses collaborateurs un coaching personnalisé.

Aux Etats-Unis, certaines entreprises font appel à des coachs pour développer les soft skills de leurs collaborateurs.
Aux Etats-Unis, certaines entreprises font appel à des coachs pour développer les soft skills de leurs collaborateurs. © Odyssée Managériale

A l’origine de l’Odyssée managériale se trouve une rencontre : celle entre Romain Thievenaz et Thibaud Huriez, deux étudiants de l’emlyon, avides de découvrir des méthodes managériales innovantes aux quatre coins de la planète.

De novembre 2020 à mai 2021, les deux jeunes hommes ont rencontré des dizaines de chefs d’entreprise, managers, RH, collaborateurs. Autant d’inspirateurs qui peuvent servir de modèles pour dessiner l’entreprise française de demain. C’est dans les pas de ces étudiants globe-trotteurs que nous vous proposons de découvrir des recettes RH et managériales astucieuses tout au long de l’été. Sixième escale : les Etats-Unis.

Les Etats-Unis : des avantages salariaux alléchants pour recruter les meilleurs talents

« Aux Etats-Unis, les entreprises ont une culture très pragmatique, orientée vers les résultats, à l’image de ce qu’on a pu observer en Suède, souligne Thibaud. Le discours est très policé au travail et certains sujets, notamment liés à la vie privée, sont tabous, car on peut facilement être poursuivi en justice pour avoir tenu certains propos. »

« La qualité de vie au travail et tous les avantages proposés par les entreprises ont énormément d’importance sur un territoire comme la Californie, où la guerre des talents fait rage », précise Romain. Un salaire élevé, des primes, des collègues et une ambiance de travail sympas, des restaurants gratuits et des campus d’exception sont autant d’arguments pour attirer les meilleurs profils.

Mais, dans un contexte de pandémie, où certains de ces benefits ont été, de fait, suspendus, certains collaborateurs se sont posé la question de quitter leur société. Les entreprises qui ont joué la carte du développement personnel et du coaching ont alors tiré leur épingle du jeu.

Démocratiser le coaching pour améliorer la performance de l’entreprise

C’est le cas de Procore, une entreprise de logiciel pour le BTP, basée à Santa Barbara en Californie, qui compte 2 000 collaborateurs. « Aux yeux des jeunes qui arrivent dans la Silicon Valley et qui veulent travailler dans la tech, ce n’est pas forcément alléchant de candidater dans une entreprise qui conçoit des logiciels pour des chantiers, affirme Thibaud. Comme Procore peine à attirer des talents, elle mise sur sa culture managériale, basée sur le coaching ciblé, pour recruter de nouveaux collaborateurs. »

« A Los Angeles, on a rencontré un ancien directeur financier, qui a monté sa propre société de coaching, car il trouvait dommage que les salariés évitent d’avoir des conversations difficiles avec leur manager. Il s’est dit que le coaching était un outil indispensable dans une entreprise mais qu’il était trop souvent réservé aux leaders et aux managers, car cet accompagnement coûte cher. Il a donc souhaité démocratiser le coaching et le rendre accessible à tous les collaborateurs, en mettant en relation une cinquantaine de coachs avec des entreprises clientes, comme Procore, qui a reçu en 2019 le prix ICF Prism Award pour récompenser sa culture de coaching », explique Thibaud.

En plus de faire appel à ces coachs externes, Procore dispose de 3 coachs exécutifs en interne, qui forment les managers pour qu’ils soient capables de coacher à leur tour leurs équipes.

« Le coaching est individualisé mais prend en compte l’environnement de travail de la personne et les collègues avec lesquels elle travaille. »

Les besoins en soft skills des collaborateurs sont identifiés et transmis à ces coachs par des HR Business Partner, des membres de l’équipe RH assignés à chaque Business Unit : « Ils traduisent les objectifs du département en besoin de soft skills, ils transposent le business en humain », résume Romain.

Ces HR Business Partner connaissent très bien tous les collaborateurs de leur unité et assistent à toutes les réunions stratégiques. « Cela leur permet d’être informé des objectifs et de proposer des sessions de coaching en répondant, au préalable, à des questions telles que : manque-t-il un talent pour réaliser les objectifs ? La communication est-elle fluide dans l’équipe ? Quelles compétences un collaborateur peut-il apporter à un autre pour atteindre un objectif donné ? », développe Thibaud.

Chez Procore, chaque salarié participe, au minimum, à six sessions de coaching par an, dans une démarche d’amélioration continue. « Le coaching est individualisé mais prend en compte l’environnement de travail de la personne et les collègues avec lesquels elle travaille », précise Romain.

Les coachs se basent notamment sur la logique des cinq comportements d’une équipe performante (créer la confiance, maîtriser le conflit, obtenir l’engagement, connaitre la responsabilité, se focaliser sur les résultats), au sens de Patrick Lencioni, pour structurer leurs séances.

A l’issue de chaque session, chaque HR Business Partner évalue les résultats et les partage avec les autres HR Business Partner de l’entreprise. « L’avantage d’avoir des coachs en interne est qu’ils sont en lien avec la vision stratégique et connaissent très bien la culture d’entreprise, ses forces et ses faiblesses. Ils connaissent également les personnes au-delà des rôles, ce qui n’est pas le cas des coachs qui viendraient de l’extérieur », analyse Romain.

Et en France ?

Les deux étudiants de l’emlyon jugent ce modèle transposable en France. « Cela nécessite simplement de l’investissement de la part des directions et des managers, pointe Thibaud. Avoir un ou deux coachs en interne peut apporter beaucoup à des entreprises en croissance exponentielle ou à des start up qui commencent à se structurer. Le coaching ciblé peut être une solution efficace pour définir sa culture d’entreprise et continuer à grandir tout en y restant fidèle ! »

L’éclairage de l’expert RH

Sébastien HEBERT, manager chez Balthazar, mentor de l’Odyssée Managériale : «Contrairement à la formation aux soft skills, le coaching s’inscrit nécessairement dans un temps long. On ne fait pas une ou deux séances de coaching ! C’est une relation de confiance qui doit s’établir sur le long terme entre le coaché et son coach. De fait, le coach intègre le système de l’organisation et en favorise ainsi les transformations. Par ailleurs, c’est un moyen efficace pour capter, développer et retenir des talents. Certaines entreprises en France s’inspirent du modèle tel que décrit par Romain et Thibaud et vont même plus loin comme la mutuelle Alan chez qui il n’y pas de managers mais un système de coaching systématique de tous les collaborateurs. A travers le coaching, le collaborateur définit son plan de développement. Celui-ci permet de trouver le juste équilibre entre les attentes du collaborateur (ses motivations profondes, sa finalité absolue) et celles de l’entreprise. C’est ce que nous appelons chez Balthazar  »la raison d’en être ». »

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Bien s’équiper pour bien recruter