Comment devenir une entreprise pro-vélo ?

13% des émissions de gaz à effet de serre des transports sont liées aux trajets domicile-travail, nous dit l’Insee dans une note de décembre 2023. Ces déplacements constituent donc un axe de travail majeur de votre politique RSE pour répondre aux enjeux de la transition écologique.

Mais par où commencer ? En vous inspirant des bonnes pratiques déjà adoptées par certains de vos salariés pour les généraliser au plus grand nombre possible de personnes. C’est ce qui s’est passé chez Luminess, entreprise spécialisée dans l’accompagnement à la transformation digitale, qui compte 600 collaborateurs en France.

« On avait déjà une communauté de vélotafeurs [des personnes qui utilisent exclusivement le vélo pour se rendre au travail] sur nos différents sites : Rennes, Mayenne, Lens, Paris… L’idée d’encourager et de développer ces trajets domicile-travail à vélo était en phase avec notre volonté de promouvoir les mobilités éco-responsables comme le co-voiturage, et de proposer des alternatives aux déplacements (augmentation du nombre de jours hebdomadaires de télétravail, développement des formations et réunions inter-sites à distance, limitation des déplacements professionnels) », souligne Denis Roturier, directeur des relations sociales au sein du groupe.

Lever les freins financiers

C’est en 2022, dans le cadre des NAO, que l’entreprise décide de mettre en place une indemnité kilométrique pour les collaborateurs déclarant au moins 400 km de trajet domicile-travail à vélo par an (« en fonction de leur kilométrage, la somme varie de 50 à 100€, versée avec le bulletin de paie de janvier », précise Denis Roturier) et de les équiper d’un vêtement de pluie.

De son côté, Hellowork, premier acteur de l’emploi, du recrutement et de la formation en France, s’est penché sur le sujet dans le cadre d’un groupe de travail RSE consacré aux trajets domicile-travail : « Cette réflexion est partie d’une contrainte liée à la localisation de nos bureaux en centre-ville : nous avons un petit parking et les places alentours sont payantes. A cela s’est ajouté un impératif écologique de réduire l’empreinte carbone liée à nos déplacements : l’idée était de proposer des alternatives à la voiture. On a donc mis en place le remboursement partiel d’un vélo électrique ou d’une trottinette électrique, car le coût est un frein important à l’adoption de ce mode de transport. On rembourse 50% de la facture à hauteur de 175€ maximum », détaille Ophélie Pannetier, responsable RH chez Hellowork. Assez rapidement, l’entreprise a également étendu cette participation à l’achat d’équipements de type casque de vélo ou pantalon de pluie.

Dans la même veine, elle a mis en place un forfait mobilité durable de 25€, versé chaque mois sur le bulletin de paie des collaborateurs qui viennent au moins 80% de leur temps au travail en vélo, en trottinette ou en covoiturage. Actuellement, 110 collaborateurs sur 590 bénéficient de cette prime.

Pour convertir de nouveaux salariés à ce mode de transport doux, Hellowork a décidé de prêter pendant deux mois aux collaborateurs volontaires un vélo électrique : « Beaucoup s’y sont mis définitivement à la suite du test », constate Ophélie Pannetier.

Créer des événements festifs et ludiques autour du vélo

Chez Luminess, pour fédérer ses collaborateurs et recruter de nouveaux vélotafeurs, l’entreprise organise un événement annuel autour de la petite reine : « En 2023, pour fêter nos 120 ans, quelques cyclistes ont fait le pari de relier, le temps d’un week-end, l’ensemble de nos sites en France : de Rennes à Lens en passant par Mayenne et Paris », explique Denis Roturier. « Ces trois jours de partage, dans la convivialité, renforcent les liens entre les collaborateurs des différents sites autour de belles valeurs : l’esprit d’équipe, le sport, la responsabilité, la solidarité. En 2024, on a organisé une grande boucle dans l’Ouest. Notre directeur général et moi-même y avons participé pour partie. En 2025, on prévoit une grande traversée du nord, pour relier Lens à Laval. »

De son côté, Hellowork participe au défi national Mai à vélo. Le principe : inviter ses collaborateurs à déclarer les distances effectuées à vélo durant ce mois, avec à la clé des lots à gagner pour les meilleurs rouleurs et des dons reversés à des associations de promotion du vélo. En 2023, 8 225 km avaient été effectués par des salariés de l’entreprise.

Sensibiliser, former et communiquer toute l’année

Au-delà de ces temps forts, les deux entreprises communiquent sur leurs actions pro-vélo toute l’année : « Nous avons mis en place plusieurs actions de sensibilisation et de formation sur le sujet : distribution de kits de sécurité (gilet jaune, lumières…), formations sécurité routière et Code de la route à vélo, ainsi que des ateliers de réparation de son vélo sur le temps du midi », liste Ophélie Pannetier. Autant d’initiatives qui ont permis à l’entreprise d’obtenir le label Employeur Pro-Vélo, niveau argent, début 2025. « Nous sommes fiers d’avoir obtenu ce label qui reflète notre engagement sur les mobilités douces et notre volonté de prendre soin de la sécurité de nos collaborateurs », témoigne la responsable RH. Entre 2022 et 2023, le nombre de collaborateurs venant au travail plus de deux jours par semaine à vélo est passé de 53 à 64 (pour environ 230 répondants à l’enquête), chez Hellowork. Dans le même temps, le nombre de kilomètres parcourus à vélo par les salariés pour se rendre au travail est passé de 134 436 à 158 471.

Chez Luminess, qui compte une cinquantaine de vélotafeurs réguliers, le nombre moyen de kilomètres parcourus par collaborateur augmente chaque année : « En 2024, ils ont déclaré 50 272 km, ce qui représente plus de 1 000 km par collaborateur sur une année. On est fier de partager ces chiffres sur notre réseau social interne, où les vélotafeurs sont une des communautés les plus dynamiques, mais aussi à l’externe, sur les réseaux sociaux et dans la presse locale. En vélo, vous en avez un qui prend le vent, chacun à tour de rôle, et les autres se rangent derrière.  Cet esprit correspond à notre ADN de société d’ingénieurs, qui travaillent en équipe et par projet », conclut Denis Roturier.