Pourquoi employeurs et employés n’ont-ils pas la même perception du télétravail ?
Une étude Microsoft explique pourquoi le télétravail n’est pas vu du même œil par les employeurs et leurs salariés.
D’un côté, 87% des employés estiment qu’ils sont autant, voire plus productifs qu’au bureau, lorsqu’ils télétravaillent. De l’autre, 85% des managers ont des doutes sur le fait que leurs équipes travaillent efficacement à distance.
Une « paranoïa de la productivité »
Le décalage mis en lumière par l’étude* de Microsoft, publiée le 22 septembre, est flagrant : au bout de plus de deux ans de pratique assidue du télétravail, ce mode de fonctionnement suscite toujours de la méfiance du côté de l’encadrement. Avec, dans des cas extrêmes, des employeurs qui contraignent leurs collaborateurs à revenir à temps plein au bureau, à l’image d’Apple. Une décision qui a déclenché une vague de protestation et une série de démissions aux Etats-Unis.
Faute de pouvoir avoir un œil en permanence sur leurs équipes en déambulant dans l’open space, dirigeants et managers développent ce que Satya Nadella appelle « une paranoïa de la productivité », qui se traduit, dans certains cas, par la mise en place d’outils de contrôle de l’activité à distance de leurs collègues (surveillance des mails, vidéosurveillance, contrôle de la navigation sur internet…). Seuls 12% des employeurs disent avoir une totale confiance dans le fait que leurs équipes sont productives à distance.
« Hybrid work is just work”
Dans ce match employeur/employé, la position du PDG de Microsoft est sans ambiguïté : « Hybrid work is just work ». Le travail hybride est avant tout du travail. Comprenez : ce n’est pas parce que cette organisation permet de mieux adapter son agenda professionnel à son planning personnel qu’elle signifie que vos employés se consacrent à leurs passe-temps favoris pendant leurs heures de travail. Le postulat de Microsoft : l’épanouissement des salariés au travail conditionne le succès de l’entreprise.
Pour mettre fin à cette « paranoïa de la productivité », les auteurs de l’étude suggèrent que les employeurs s’inquiètent davantage d’« aider leurs collaborateurs à savoir quelles tâches prioriser » plutôt que de « savoir s’ils travaillent assez ». Alors que 81% des salariés interrogés jugent important que leur manager les guide pour répartir leur charge de travail, moins d’un tiers d’entre eux témoigne avoir reçu un brief individuel clair de sa part.
Revenir au bureau, oui, mais sous certaines conditions
Pour que le travail hybride soit un succès, il y a un équilibre à trouver entre les aspirations grandissantes des salariés à la flexibilité et le mode de fonctionnement optimal pour la performance de l’entreprise. Alors que l’étude révèle que 73% des salariés ont besoin d’une meilleure raison pour revenir au bureau que de satisfaire la volonté de leur employeur, ils sont 85% à déclarer souhaiter travailler sur site s’ils ont l’assurance de pouvoir y rencontrer les membres de leur équipe et, donc, profiter de ces moments pour renforcer les liens avec eux.
*Etude réalisée auprès de 20 000 personnes vivant dans onze pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Chine, Inde, Japon, Canada, Etats-Unis, Brésil, France, Allemagne, Royaume-Uni).