Les propositions des DRH pour améliorer l’emploi des jeunes
Le taux d’emploi des jeunes en France a toujours été plutôt bas reconnaît le gouvernement. Force est de constater que des freins subsistent, et que les dispositifs favorisant une meilleure intégration des jeunes comme l’alternance ne sont pas encore pleinement utilisés par toutes les entreprises françaises. Le 19 mars dernier, l’ANDRH (Association nationale des DRH) et Inergie (cabinet de conseil en management) présentaient leur étude conjointe sur « Les pratiques des entreprises en matière de recrutement et d’intégration des jeunes ». L’objectif : dresser un panorama des pratiques et des attentes des entreprises et mettre en avant plusieurs pistes d’améliorations pour favoriser l’emploi des jeunes.
Une certaine ambivalence…
On compte seulement 3,2% d’alternants dans les effectifs et seulement 34% des entreprises comptent augmenter cette part en 2014. Pourtant, la majorité des entreprises se disent convaincues par l’alternance (sous réserve de quelques ajustements) : pour 2 sur 3, recruter des jeunes est un véritable enjeu et elles sont autant à penser que le dispositif actuel de l’alternance incite à embaucher des jeunes. Les sondés sont cependant plus sévères sur la question des contrats de génération : il incite à intégrer des jeunes pour seulement 2 DRH sur 10.
Alternance, partenariats écoles et campagnes de com…
En 2014, 1 entreprise sur 3 comptent recruter plus de 20% de jeunes contre 1 sur 2 en 2011. La part des jeunes dans le recrutement a donc baissé constatent l’ANDRH et Inergie. Pourtant l’emploi des jeunes reste un enjeu pour 79% des grandes entreprises (plus de 2000 salariés).
Ainsi, 76% des grands groupes ont mis en place des politiques spécifiques de recrutement contre seulement 31% des entreprises de moins de 300 employés : les principales étant l’alternance et les partenariats écoles mais d’autres moyens existent comme la participation à des forums et salons, la publication d’offres d’emploi sur Internet, la mise en place d’objectifs chiffrés, des partenariats avec des acteurs de l’insertion (type Missions locales) ou des campagnes de communication dédiées.
Proposition n°1 : Renforcer les ponts entre entreprise et système scolaire
Pour les entreprises, les freins sont clairs : il manque des candidats sur les métiers en tension et les filières de formation ne sont pas adaptées à leurs besoins. 40% des RH interrogés citent également le manque d’expérience des jeunes. Les RH sondés proposent pour y remédier de « développer les ponts entre le monde de l’entreprise et le monde de l’enseignement », « systématiser l’apprentissage et l’alternance » mais aussi les valoriser. Il est également nécessaire d’adapter les filières de formation aux besoins réels du marché. Certains organismes de formation l’ont d’ailleurs bien compris en adaptant leur offre aux besoins des entreprises locales et en travaillant en direct avec elles pour définir de nouveaux programmes de formation.
Proposition n°2 : Fusionner tous les dispositifs en un seul
Stage, apprentissage, contrat de professionnalisation… Les entreprises s’y perdent et les jeunes aussi. « Fusionner tous les dispositifs en un seul simple et facilement mobilisable » fait partie des propositions récurrentes. Le mot d’ordre est donc à la décomplexification : moins de dispositifs, moins de démarches administratives, moins de changements et moins de charges… Un chantier déjà amorcé avec la réforme de la formation professionnelle et la simplification des diplômes.
Proposition n°3 : Mieux préparer les jeunes à l’entreprise
Cette fois, c’est au système éducatif qu’incombe cette tâche pour les DRH. Il s’agit de « pallier au manque de savoir-être ou au comportement décalé par rapport à l’entreprise ». Cela en améliorant la connaissance de celle-ci et de ses métiers par les enseignants, et en évitant les « orientation par défaut« . Sur ce point, certaines suggestions sont très tranchées : « Faire passer à ces jeunes de vrais tests sur leur motivation, volonté à intégrer le métier pour lequel ils vont postuler » ; « Adapter au niveau de leur capacité, le choix d’une BONNE formation et non un remplissage » ; « Nos impôts payent un système scolaire et de formation déficient, inadapté au marché et qui ne donne pas de valeurs aux jeunes… »… Des déclarations feront sans doute bondir bon nombre de professeurs. Mais une chose est sûre : il y a urgence à agir pour l’emploi des jeunes.
(Etude réalisée par internet du 3 au 14 février 2014 auprès des professionnels de la fonction RH, membres de l’ANDRH ; échantillon répondant constitué de 167 DRH.)