Les femmes restent moins payées que les hommes en 2024
Dans sa dernière enquête publiée le 8 octobre, l’Apec montre que les disparités entre hommes et femmes sont encore tenaces en matière de rémunération et d’évolution professionnelle.
Les inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail ont la vie dure. Selon sa dernière étude publiée le 8 octobre, intitulée « Argent, carrière, sexisme : des inégalités persistantes entre les femmes cadres et les hommes cadres », l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) montre que malgré de légères améliorations ces dernières années, la situation reste préoccupante. Comment expliquer ces disparités tenaces ? Quelles en sont les conséquences pour les femmes ? Comment se positionnent les entreprises pour contrer cette réalité ?
Un écart de rémunération moyen de 6,9%
Ces six dernières années, en matière de rémunération, peu d’améliorations sont à constater « à profil identique » . L’écart de rémunération reste stable au détriment des femmes : de 7,1% en 2019 à 6,9% en 2024.
Tandis que l’écart s’est réduit chez les moins de 35 ans, avoisinant les 2%, il s’intensifie chez les plus de 55 ans et plafonne à 21%. À titre de comparaison, en 2022, il était de 15% chez les moins de 35 ans et de 19% chez les plus de 55 ans (lire le Baromètre 2023 de la rémunération des cadres de l’Apec).
79% des hommes dirigent les entreprises
Ces inégalités croissantes avec l’âge s’expliquent principalement par la sous-représentation des femmes dans les postes clés des entreprises. A la tête des entreprises, seuls 21% des dirigeants d’entreprise sont des femmes, contre 79% d’hommes.
Même tendance quand on descend dans la hiérarchie de l’entreprise : les postes de responsables hiérarchiques sont davantage tenus par des hommes (46%) que des femmes (33%). À contrario, les femmes occupent plus de postes d’experts sans responsabilités (34%) que leurs homologues masculins (23%).
Se heurtant au plafond de verre, les femmes sont encore trop nombreuses à avoir le sentiment d’être freinées dans leur carrière en raison de leur sexe (35%).
En faire plus pour gagner moins
L’enquête de l’Apec révèle également que 44% des femmes cadres estiment travailler « trop dur en durée et en intensité », contre un tiers des hommes (35%). Par ailleurs, alors que 40% des hommes considèrent être sous-rémunérés, près d’une femme sur deux (49%) ressent une iniquité salariale.
Elles sont aussi nombreuses à éprouver des difficultés à concilier vie pro / vie perso, plus encore lorsqu’elles sont mères d’un enfant en bas âge ou qu’elles occupent des postes à fonctions hiérarchiques.
Ces disparités peuvent s’expliquer par la subsistance d’inégalités dans la sphère privée : 44% des femmes interrogées déclarent s’occuper de leur enfant lorsqu’il est malade, pour seulement 16% des hommes.
Quelles conséquences pour les femmes
Globalement, hommes et femmes s’accordent à dire qu’ils et elles ressentent un impact négatif sur leur santé psychologique et physique, lié aux difficultés à concilier vie pro / vie perso.
Cependant, l’environnement professionnel a des conséquences négatives plus importantes chez les femmes que les hommes : fatigue intense, manque d’énergie, trouble du sommeil ou de l’appétit, perte de plaisir hédoniste.
Que font les entreprises ?
Bien que le sujet des inégalités salariales et de leurs conséquences soit patent depuis de nombreuses années, encore trop peu d’entreprises, notamment du côté des TPE et PME, se sont saisies du sujet.
Selon la même enquête, seules 19% des TPE et 25% des PME interrogées ont « mis en place des actions de sensibilisation auprès des managers pour garantir une équité salariale ». Les chiffres sont plus encourageants pour les ETI-GE (56%), bien qu’un long chemin soit encore à tracer.
Plus inquiétant, 2% des TPE, 5% des PME et 14% des ETI-GE déclarent avoir « alloué un budget spécifique pour réduire les inégalités de rémunération ».
Dans le même temps, plus d’un cadre sur trois sans distinction de sexe (37%) affirme être, de temps en temps, témoin de comportements sexistes dans son entreprise.