Lutte pour l’égalité femmes-hommes : « 30 ans de perdus en un an de crise »

Selon un avis du conseil économique, social et environnemental, la pandémie a accentué certaines inégalités de genre, notamment sur le plan professionnel.

La crise a amplifié les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes.
La crise a amplifié les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes. © Nuthawut/stock adobe.com

La crise sanitaire entrave la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes. C’est le triste constat dressé par le Conseil économique social et environnemental (CESE), dont les conclusions ont été présentées, jeudi 15 avril, à la Délégation aux droits des femmes du Sénat.

Le rapport met notamment en exergue que la pandémie a eu un effet délétère sur les droits des femmes. « En un an de crise sanitaire, on a perdu près de 30 ans d’avancées dans le domaine de la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Le constat est alarmant : la crise sanitaire et les confinements ont provoqué une explosion de violences faites aux femmes, ils ont aggravé la charge mentale des femmes et les inégalités de répartition des tâches ménagères et familiales au détriment de ces dernières », a développé Dominique Joseph, présidente du Groupe de la Mutualité française et co-rapporteure de l’avis du CESE.

Des conditions de télétravail moins avantageuses pour les femmes

Sur le front de l’égalité professionnelle, les femmes ont également pâti de la crise. Selon le rapport du CESE, 25 % des femmes interrogées disposent d’un lieu dédié au télétravail, c’est-à-dire d’une pièce pour travailler, contre 40 % des hommes. Cela signifie qu’« elles partagent l’espace à la maison avec les enfants, quand elles ont des enfants, ou avec les autres membres de la famille qui vivent sous le même toit », explicite Dominique Joseph. On est bien loin de la « Chambre à soi », prônée par Virginia Woolf dès le début du XXe siècle, pour favoriser l’émancipation des femmes !

Autre fait marquant de l’enquête : 48% des femmes en télétravail vivaient avec un ou plusieurs enfants pendant le confinement contre 40% des hommes. Or, de nombreuses femmes en télétravail ont mis leur travail entre parenthèses pour gérer l’intendance de la maison, faire l’école à la maison, s’occuper de leurs enfants. Elles ont donc logiquement été plus nombreuses que les hommes à recourir au congé garde d’enfant ou à l’activité partielle.

Les femmes plus nombreuses que les hommes à perdre leur emploi

De manière générale, c’est pour les femmes que la situation de l’emploi s’est le plus dégradée au cours de la crise sanitaire. D’après l’Ined (l’institut national des études démographiques), parmi les femmes qui étaient en emploi au 1er mars 2020, deux sur trois seulement continuaient à travailler deux mois plus tard, contre trois hommes sur quatre.

Pour inverser cette tendance, le CESE a fait plusieurs préconisations. A commencer par la réalisation d’une étude d’impact genrée au sein des entreprises avant de mettre en place le télétravail pour éviter de creuser les inégalités entre leurs collaboratrices et leurs homologues masculins. Le manque de données genrées pour chaque profession pourrait, quant à lui, être pallié par la création d’un Observatoire des métiers. Enfin, le rapport recommande d’instaurer la parité dans les instances de décision.

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