« La Gueule de l’emploi » : la polémique continue

InfrarougegueuledelemploiLa diffusion jeudi 6 octobre 2011 du documentaire « La Gueule de l’emploi » n’en finit pas de faire des vagues. Les méthodes du cabinet de recrutement RST Conseil, filmées par le réalisateur Didier Cros, ont suscité énormément de réactions négatives. En annonçant sa diffusion, les médias promettaient un document-choc sur « l’obscénité du processus de recrutement ». Et on n’a pas été déçus.

« Un quarteron de recruteurs amateurs »
Diffusé en exclusivité sur le site de Télérama, le documentaire a commencé à faire parler de lui dès la fin du mois de septembre. Mais c’est après la diffusion grand public sur France2 que les choses se sont accélérées. Les réactions n’ont pas manqué, à commencer par les professionnels du recrutement comme Alain Gavand de l’association A compétence Egale qui s’est dit sur son blog « scandalisé par les méthodes employées par le cabinet de recrutement qui apparaît dans ce film ». Ce recruteur critique particulièrement « sous l’apparence du sérieux, les intuitions vaguement argumentées d’un quarteron de recruteurs amateurs… » mais aussi leurs questions carrément discriminatoires.
Sur le web et les médias sociaux comme Twitter, le cabinet de recrutement filmé par le réalisateur en prend pour son grade. Il faut dire que les jeux de rôles et le cynisme affiché dans les critères de sélection a de quoi choquer. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le documentaire qui n’est malheureusement disponible désormais qu’en VOD.

Ce sont surtout ces méthodes que le réalisateur a voulu dénoncer dans un documentaire, qui, selon lui, reflète les « maux du monde du travail ». « Pour autant, je ne veux pas jeter la pierre à ce cabinet de recrutement. D’abord parce que ce n’est vraiment pas le pire que j’ai vu. Ensuite parce qu’il ne faut pas oublier que ces recruteurs jouent un rôle lors de telles sessions et que hors de ce contexte, ce ne sont pas du tout les mêmes » a expliqué Didier Cros dans une interview accordée à l’Express.

Un site non-officiel dépasse les bornes
GueuledelemploiReste le malaise, accentué aujourd’hui avec la mise en ligne d’un site non-officiel sur « La Gueule de l’Emploi ». Un site qui s’en prend violemment aux recruteurs montrés dans le documentaire : « Ces personnes doivent avoir affaire à l’indignation qu’elles suscitent, dans la vraie vie ». Les coordonnées personnelles des recruteurs y sont mêmes indiquées pour que les internautes qui le souhaitent aillent coller des flyers ou des affiches fournies par le site autour de leur domicile ou de leur travail. Une démarche extrême évidemment condamnée par le réalisateur qui y voit « un lynchage public ». En attendant une procédure judiciaire qui ne devrait pas tarder, en raison de l’atteinte à la vie privée et au droit à l’image.

Les regrets du groupe Gan
ReactionganDe son côté, le Groupe Gan a tenu à réagir aussi sur son site Internet. « Nous sommes nous-mêmes profondément blessés » par la teneur des images montrées dans la « Gueule de l’emploi », indique le groupe d’assurances dans un communiqué. Après avoir rappelé comment Gan a ouvert les portes de sa session de recrutement pour un reportage qui devait être initialement s’intituler « Il y a un trou dans votre CV », Gan avance un début d’explication sur le résultat final : « il apparaît que la présence des caméras a pu fausser l’attitude d’une partie de l’équipe formée par le cabinet de recrutement RST et les représentants de Gan Prévoyance » peut-on lire sur le site. « D’où un rendu final choquant, qui ne reflète pas le processus de recrutement de Gan Prévoyance. »

Trop tard, le mal est fait. L’image de ces cinq recruteurs qui tentent de déstabiliser le candidat et de le passer « à la lessiveuse » restera sûrement comme un exemple à ne pas suivre. Et pour ces recruteurs qui avaient l’habitude dans le documentaire de demander aux candidats de « se remettre en question », les rôles vont sans doute s’inverser prochainement.

Bien s’équiper pour bien recruter