5 bonnes pratiques pour bannir le sexisme au travail
Des actions concrètes pour lutter contre des comportements qui entretiennent les inégalités hommes-femmes au travail.

41% des femmes et 15% des hommes rapportent avoir été au moins une fois la cible de comportements sexistes ou sexuels dans le cadre professionnel, selon le Panorama des violences en France métropolitaine d’Eurostat et SSMSI.
« Le sexisme est la source des inégalités entre les femmes et les hommes, inégalités qui se renforcent réciproquement et favorisent un groupe (les hommes) par rapport à un autre (les femmes) », écrit Marine-Pétroline Soichot, autrice d’un Guide de déconstruction du sexisme au travail. Dans le cadre professionnel, il se manifeste, entre autres, par des écarts de rémunération, un plafond de verre auquel se heurtent les femmes, des propos sexistes ou des violences sexistes ou sexuelles.
Être transparent sur les niveaux de salaire
« Lorsque les femmes sont informées des niveaux de rémunération avant l’entretien, elles sont beaucoup plus enclines à négocier leur salaire », constate l’autrice. La directive sur la transparence des salaires, qui doit être transposée prochainement en droit français, devrait donc inciter les entreprises à mieux communiquer sur les salaires sur leurs offres d’emploi, mais aussi sur les critères de progression des rémunérations et sur les écarts de rémunération femmes-hommes au sein de l’entreprise.
Condamner immédiatement tout propos ou acte sexiste
La législation française distingue six niveaux de violences sexistes et sexuels au travail, de la moins grave à la plus grâce : agissements sexistes, discrimination sexiste, outrage sexuel, harcèlement sexuel, agression sexuelle, viol.
L’autrice alerte sur le risque d’escalade de ces violences : « Les faits à la base de la pyramide constituent un terreau fertile pour des violences plus graves. Lutter contre ces comportements permet de prévenir l’escalade vers des violences. »
Le premier levier est d’inciter les managers à réagir en cas de « blague » ou remarque sexiste visant une ou un collègue. L’autrice conseille de réagir en trois temps face à une situation de violence sexiste.
Recadrer immédiatement l’auteur ou l’autrice du comportement sexiste
Cette réaction répond à un triple objectif : stopper la violence, prévenir toute escalade et signifier clairement à toutes les personnes présentes que ce type de propos ou d’actes n’est pas toléré dans l’entreprise.
Comment procéder ? Verbalisez la situation de la manière la plus objective possible (« Tu dis qu’une femme n’a pas la poigne nécessaire pour cette misssion ? C’est tellement cliché ! »), puis exprimez votre ressenti, votre désaccord (« Ta réflexion m’a mise mal à l’aise », « Je ne suis pas d’accord avec toi. »), avant de formuler une demande concrète (« Je ne veux plus entendre ce genre de propos. »).
Echanger avec la personne visée
La deuxième étape est d’échanger en privé avec la cible du comportement sexiste pour connaître son ressenti, voir si la personne a besoin d’aide et l’assurer de votre soutien. C’est aussi l’occasion de lui rappeler qu’elle peut contacter le référent harcèlement sexuel, le service RH ou la médecine du travail si elle en éprouve le besoin.
Recadrer à nouveau après coup
Enfin, l’autrice conseille de prévoir une autre mise au point avec la personne mise en cause, le lendemain ou quelques jours après les faits, en l’informant au préalable du sujet de l’échange et de son objectif. Cet entretien sera l’occasion de revenir sur les faits à froid, de faire de la pédagogie sur les violences sexistes et sexuelles, de faire comprendre à la personne que vous attendez un changement de comportement.
Travailler sur ses propres biais sexistes
Certains stéréotypes alimentent les inégalités de genre au travail. Prendre conscience de vos propres biais sexistes permet d’agir efficacement pour les contourner, notamment dans le cadre du recrutement. Marine-Pétroline Soichot donne quelques pistes pour se remettre en question :
- Objectiver : les critères de sélection doivent être les plus objectifs possibles et non discriminatoires.
- Lors d’un entretien, 87 % des décisions sont prises en moins de 15 minutes. Il faut ralentir la pensée pour neutraliser les réflexes instinctifs du cerveau.
- Croiser les regards. En impliquant, dans le processus, des personnes avec des perspectives différentes, vous réduisez l’influence des jugements individuels.
- Rendre transparent. Les étapes du processus et les critères de sélection doivent être connus de la même façon de toutes les personnes impliquées et de toutes les personnes qui postulent.
- Garder des traces écrites. Formaliser et conserver les compte-rendus d’entretien vous permettra de comprendre les choix effectués et, si besoin, de les justifier.
Être attentif aux signaux faibles
Soyez attentif aux changements de comportements, plus ou moins radicaux, qui peuvent être liés à des violences sexistes ou sexuelles, tels que des changements de tenue vestimentaire, un désengagement du travail, un évitement des interactions sociales, des absences ou retards répétés, une hypersensibilité inhabituelle…
Si vous repérez l’une de ces situations, parlez-en à la personne concernée lors d’un point individuel. « Si la personne ne souhaite pas vous parler ou élude, n’insistez pas, mais dites-lui que vous restez à l’écoute si elle en ressent le besoin. Si elle se confie à vous, pratiquez l’écoute active, avec empathie et bienveillance », conseille l’autrice.
Faciliter la vie des parents
Plusieurs études ont montré que la parentalité pèse davantage sur la carrière des femmes que sur celle des hommes. Les employeurs ont donc tout intérêt à faciliter la vie des parents pour éviter de creuser les inégalités de genre. Cela passe notamment par :
- Cadrez les horaires pour les réunions et les communications (pas de réunion avant 9h ou après 17h, pas de mail ou de messages instantanés après 18h, par exemple) ;
- Proposez aux membres de l’équipe d’indiquer les périodes où ils ont des impératifs personnels avec un code banalisé, sans besoin de précision (« Impératif perso ») dans leur agenda pro partagé ;
- Faites preuve de flexibilité horaire pour les jours exceptionnels (rentrée scolaire) ou les imprévus (maladie, école fermée…) ;
- Facilitez l’accès des parents qui le demandent au temps partiel ou au télétravail ;
- Organisez des temps conviviaux à d’autres moments que le soir ;
- Proposez des solutions de garde d’enfant ;
- Indemnisez des jours de congé « imprévu parental » ;
- Maintenez à 100% le salaire pendant les congés de naissance et allonger leur durée ;
- Choisissez une mutuelle avantageuse pour les parents.