Espagne : le bilan contrasté de la semaine de 4 jours à Valence
Il s’agit de la première expérience mondiale à l’échelle d’une ville tout entière.
Imaginez une ville où toutes les entreprises, les administrations publiques et les écoles seraient fermées le lundi, en plus du week-end : vous voilà transportés à Valence, en Espagne, au printemps 2023. La ville de 795 000 habitants a testé à la semaine de 4 jours, du 10 avril au 7 mai.
Si de nombreuses entreprises, administrations ou branches d’activité ont déjà expérimenté la semaine de 4 jours, c’est la première fois que toute une ville adopte ce rythme. Pour quels résultats sur l’activité de la ville et le bien-être de la population ? Le bilan est assez nuancé, d’après le rapport de la mairie relayé par le quotidien El Pais. Les citoyens ont attribué une note globale de 7 sur 10 à ce rythme hebdomadaire.
Des bénéfices sur la santé et l’équilibre pro/perso
Dans le détail, les Valenciens pointent les bénéfices de la semaine de 32h sur leur santé : ce temps supplémentaire leur a permis d’avoir un mode de vie moins stressant et plus sain (plus de sport et de sommeil, cuisine de plats équilibrés à la maison…), à contrebalancer avec une consommation plus importante de tabac et d’alcool.
Ils apprécient aussi le meilleur équilibre vie pro-vie perso permis par ce jour férié récurrent. Ce surplus de temps libre leur a permis de passer davantage de temps avec leur famille et leurs amis, de multiplier les sorties culturelles, les activités éducatives ou les balades nature.
L’enquête souligne néanmoins une différence entre les hommes et les femmes : si 42% des premiers disent avoir fait davantage de sport durant cette période, seules 33% des femmes ont fait de même. En revanche, 51% des femmes ont consacré davantage de temps à leurs proches en situation de dépendance (contre 36% des hommes) et 53% d’entre elles à leurs enfants (contre 30% des hommes).
Des retombées économiques contrastées
Du côté des avantages collectifs de la semaine de 4 jours, on peut mettre en avant une fluidification de la circulation automobile et une amélioration de la qualité de l’air les lundis. L’expérience pilote s’est également traduite par une augmentation significative de la fréquentation des bars et restaurants, des hôtels et des sites de loisirs.
À l’inverse, elle a généré une baisse de 20% des ventes dans les magasins, qui avaient baissé leur rideau. La mesure a, enfin, conduit à une saturation des services hospitaliers du fait de la fermeture des centres de santé des quartiers le lundi.
En conclusion, le rapport préconise que la réduction du temps de travail fasse l’objet d’une négociation collective dans chaque entreprise qui souhaite la mettre en place, pour répondre à leurs spécificités.
Depuis la fin de l’expérimentation, l’arrivée au pouvoir d’une équipe municipale d’extrême droite défavorable à la semaine de quatre jours ne devrait pas déboucher sur une généralisation pérenne de la formule.