6 propositions pour l’emploi des jeunes et des seniors

Cercle outre mancheComment faciliter l’accès des jeunes à leur premier emploi et maintenir les seniors au travail ? That is the question ! Et la réponse pourrait bien venir de l’Angleterre justement, avec les propositions du Cercle d’Outre-Manche. Les idées de ce think tank, regroupant des dirigeants d’entreprises françaises implantées chez nos voisins anglais, se sont déjà concrétisées récemment dans des mesures plus ou moins réussies : la rupture conventionnelle, c’était leur idée, idem pour la fusion Anpe-Assedic pour créer le Pôle emploi (sur le modèle des job centers). Avec toujours une inspiration anglo-saxonne mêlant pragmatisme et flexibilité.

D’où l’intérêt d’étudier de près les propositions de ce Cercle d’Outre-Manche car elles devraient en grande partie inspirer les mesures pour l’emploi des jeunes et des seniors qui seront annoncées par Xavier Bertrand, le Ministre du Travail, « d’ici un ou deux mois ». Alors quelles sont ces idées miracles et sont-elles véritablement importables chez nous ?

  • 1. Un Smic différencié pour les jeunes. La première mesure proposée par le Cercle d’Outre-Manche a pour objectif de rendre le coût du travail des jeunes plus compétitif en introduisant un Smic différencié « sur le modèle du Minimum Wage britannique afin de baisser le coût du travail en fonction du niveau de qualification ». En clair réduire les cotisations patronales et salariales des moins de 22 ans sans que cela ne change rien sur le salaire net des jeunes. Reste le problème du coût de cette mesure qui aurait le mérite pour le gouvernement de pouvoir s’attaquer au sacro-saint Smic.

 

  • 2. Privilégier les formations courtes. Selon le Cercle d’Outre-Manche les formations courtes comme les IUT  » connaissent un faible taux d’échec et un taux d’emploi à la sortie supérieure aux formations universitaires Bac+4 et +5 « . Le Think Tank franco-anglais propose donc de doubler les effectifs de ces filières qui comptent actuellement 120.000 étudiants en France.

 

  • 3. Une loi anti-discrimination des seniors. 3ème constat et 3ème différence avec la Grande-Bretagne. En France, quand une entreprise licencie, elle met d’abord dehors les seniors. « Une pratique socialement acceptée dont les effets collatéraux ne favorisent ni l’emploi des seniors ni l’entreprise » explique le Cercle d’Outre-Manche. Alors qu’en Angleterre quand une entreprise doit licencier elle le fait par poste et par compétence en essayant de préserver la pyramide des âges, sans perte de savoir. D’où cette 3ème proposition : « se doter d’une loi anti-discrimination sur le modèle britannique du Code de pratique sur la diversité des âges dans l’emploi ». Mais en France, la loi anti-discrimination existe déjà et comme la Halde est en train de mourir à petit feu dans l’indifférence, on n’a pas l’impression que ce soit une priorité.

 

  • 4. Supprimer le statut cadre. C’est sans doute l’une des propositions qui fera le plus de bruit. Selon le rapport du Cercle d’Outre-Manche « le statut de cadre encourage un modèle de rémunération fondé sur l’ancienneté » et serait « une barrière à l’employabilité des seniors et à la fluidité du marché de travail ». D’où l’idée de le supprimer purement et simplement ce qui permettrait de baisser de « 20% les salaires entre 50 et 65 ans » pour que les seniors soient plus compétitifs ! Aïe…

 

  • 5. Développer le compagnonnage. C’est ce qu’ont fait nos voisins anglais pour permettre aux seniors de travailler (souvent à temps partiel) et former les jeunes en interne dans les entreprises. Le but ? « Renforcer la solidarité inter-générationnelle » et diminuer les coûts de formation tout en permettant aux seniors déjà à la retraite de continuer à travailler pour transmettre leur savoir-faire. Une idée qui pourrait trouver écho dans la volonté de développer l’apprentissage.

 

  • 6. Donner plus de liberté aux entreprises en matière de formation. Dernière proposition, arrêter avec notre système de formation continue mutualisé et passer à un modèle individualisé en fonction des besoins réels de l’entreprise. Comment ? En commençant par « assouplir l’impôt formation tout en conservant le CIF (congé individuel de formation) et le DIF (droit individuel à la formation) et laisser les entreprises libres de choisir leur système de formation en fonction des besoins individuels ». Un vaste programme…

Des propositions qui devraient certainement faire parler en France dans les prochaines années, à condition que le faux-débat sur les 35H ne prenne pas le dessus. Reste quelques questions : ce modèle de flexisécurité un peu radical est-il vraiment transposable en France ? A chaque problème une nouvelle loi, c’est déjà un sport national en France et c’est peut-être pas la peine d’en rajouter, non ? Enfin, sommes-nous prêts à remettre en cause certains dogmes, comme le statut cadre ou le Smic ? Pas sûr…

Et vous quel est votre avis sur ces propositions ? Pour aller plus loin vous pouvez aussi consulter le document complet sur le site du Cercle d’Outre-Manche.

Bien s’équiper pour bien recruter