Vie de RH : « Le jour où j’ai pris un aller simple pour l’Irlande »

Emilie Narcy explique comment son expatriation lui a permis de prendre son envol professionnel.

"En Irlande, on n’a pas peur de parler d’argent et d’en gagner."
"En Irlande, on n’a pas peur de parler d’argent et d’en gagner." © HelloWork/stock adobe.com

« A 25 ans, j’ai l’impression que tout s’écroule autour de moi »

« Après un DUT techniques de commercialisation, je prends mon premier poste en tant que chargée de recrutement dans une agence d’intérim du Loiret, d’où je suis originaire. C’est là que je tombe amoureuse du recrutement : l’adrénaline, trouver les bonnes personnes en un temps record, résoudre les problématiques des entreprises. »

« A 25 ans, au bout de six ans dans cette agence, j’ai l’impression que tout s’écroule autour de moi. J’ai le sentiment de ne pas savoir quelle direction donner à ma vie : je ne m’épanouis pas dans mon travail, je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfant. Je ne réponds pas au schéma de réussite de mon milieu. J’ai envie de me redécouvrir. Mes proches me disent : ‘’Tu parles anglais, pourquoi tu ne t’en vas pas ? Tu as toute la vie devant toi !’’ »

« Prends un billet d’avion et viens nous rencontrer ! »

« Je mets mon CV sur internet et, dès le lendemain, je suis contactée par Approach People, qui me propose un poste de consultante en recrutement à Dublin. Deux jours plus tard, je passe un entretien à distance avec le manager. Il me dit : ‘’Si tu es vraiment motivée, prends un billet d’avion et viens nous rencontrer en Irlande’’. Je lui ai demandé s’il me payait le voyage, il m’a dit non. Il voulait voir si j’avais du cran. »

« Deux à trois semaines plus tard, je débarque à Dublin. L’entreprise ne me pose aucune question sur mes diplômes, sur mon CV. Mais cherche à savoir comment je suis capable de convaincre un client, comment je fais passer des entretiens d’embauche. L’entreprise m’offre un salaire plus élevé que celui que je touche en France, avec un système avantageux de commissions et me dit qu’il ne faut pas avoir honte de faire de l’argent. En Irlande, on n’a pas peur de parler d’argent et d’en gagner. Le marché de l’emploi est ouvert, on laisse leur chance aux personnes. On peut se réinventer, côté pro comme côté perso. J’ai été embauchée. Ça a été une révélation ! Je n’étais plus la fille de la campagne qui n’avait pas assez de diplômes, j’étais la Française qui est venue à Dublin pour lancer sa carrière. »

« En Irlande, tout est possible si on s’en donne les moyens »

« De l’autre côté de la Manche, l’approche du recrutement est différente de celle qui prévaut en France : on mesure mon activité avec des KPIs, je suis davantage orientée résultats et solutions. On m’a dit : ‘’Tu vas passer beaucoup plus de temps si tu ne te concentres pas d’abord sur les besoins de tes clients’’. Je me suis rendu compte que, contrairement à ce que je croyais, ce raisonnement me permettait d’aider beaucoup plus les candidats. Alors qu’en France, on passe d’abord du temps à lire le CV, en Irlande on appelle plus rapidement le candidat pour le découvrir. Aujourd’hui, on y revient un peu en France avec les CV anonymes et les entretiens sans CV. »

« Après l’Irlande, j’ai eu l’occasion de travailler à Barcelone, puis en Asie et aux Etats-Unis, pour m’occuper de projets temporaires. Je suis finalement revenue en Irlande, le pays où j’ai pu me réinventer. Un pays qui cultive la culture du tout est possible si on s’en donne les moyens, où l’on vit dans le moment présent, où on va au pub avec ses collègues après le bureau pour débriefer sa journée. »

« Soyez ouvert aux opportunités et osez partir sans préjugés ! »

« J’avais dit à mes parents que je partais pour un an mais je ne suis pas revenue travailler en France. J’apprécie d’autant plus mon pays depuis que je suis expatriée. Quand je rentre en France, je savoure mieux les petits plaisirs : acheter du pain, du vin, déguster un plat préparé par ma grand-mère… J’entends ma sœur me parler de la sécurité de l’emploi, du système du VIE, du CPF. Je me rends encore plus compte des aspects positifs du système français. Aujourd’hui, je suis fière de dire que je suis française ! »

« Si vous voulez vous installer à l’étranger, renseignez-vous sur les jobboards leaders dans les pays qui vous intéressent et déposez-y votre CV, contactez les cabinets spécialisés dans le recrutement à l’international, demandez à rejoindre des groupes d’expatriés sur les réseaux sociaux. Mon conseil, c’est d’être ouvert aux opportunités, d’oser partir sans préjugés. Foncez, ne vous posez pas trop de questions, ne comparez pas trop les pays entre eux. Ouvrez-vous à quelque chose de nouveau et vivez l’expérience à fond ! »

Emilie Narcy a débuté sa carrière de recruteuse dans une agence d’intérim du Loiret avant de multiplier les expériences à l’étranger : en Irlande d’abord, puis en Espagne, en Asie et aux Etats-Unis, avant de retrouver Dublin. Elle est aujourd’hui HR et Director of Operations au sein du cabinet de recrutement franco-irlandais Approach People.

Bien s’équiper pour bien recruter