Travail des mères : « l’équilibre reste à trouver »
L’étude de l’Insee sur le taux d’activité des femmes publiée récemment a examiné l’éloignement du marché du travail et le profil des femmes concernées. Certes, ce taux a augmenté significativement depuis les années 60, mais il reste directement tributaire du nombre d’enfants. Alors quel est véritablement l’influence du nombre d’enfants sur le travail des mères ? Julie Moschion démontre, dans son étude pour l’Insee, qu’avoir plus de deux enfants diminue la probabilité d’activité des mères, et lorsqu’elles sont en emploi, réduit le nombre d’heures travaillées de deux heures. Un constat partagé par l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Le partage des tâches toujours en cause
Selon l’étude de l’Ined paru en novembre 2009, « naissance et éloignement de l’emploi jouent en synergie ». Les femmes assumaient encore en 2005 près de 80% des tâches domestiques en France et le déséquilibre est d’autant plus prononcé qu’il y a d’enfants dans la famille. Un constat fait dans le cadre de l’enquête Erfi, qui a rendu visite à des couples en 2005 puis en 2008 pour rendre compte d’éventuelles évolutions. La forte implication dans les tâches domestiques explique sans doute que la femme cesse ou réduit son activité professionnelle dans 25% des cas lors de la naissance du premier enfant, et dans 32% des cas si c’est un enfant supplémentaire. Une accentuation des inégalités dans le couple mal vécue par les mères selon l’Ined.
Et les conséquences sont plus multiples : les femmes doivent faire face à des perspectives d’emploi moindre, des salaires plus bas, et une certaine précarisation dès lors qu’elles ne peuvent faire garder leurs enfants. En France, le constat de l’Insee est simple : les femmes en couple ayant un ou deux enfants de plus de trois ans travaillent à 80% contre 72% pour les mères de trois enfants et plus.
Pas de changement pour les pères
Aucune rupture dans l’activité n’est constatée chez les pères de famille, dont le taux d’activité reste proche des 95% quelque soit leur âge et le nombre d’enfants. Ariane Paihé et Anne Solaz (auteurs de « Entre famille et travail », avril 2009) soulignaient en 2006 que « 39% des mères qui travaillent déclarent que leur activité a été modifié par la naissance, qu’il s’agisse d’un changement de statut, d’horaires, d’intensité du travail, voire même de retrait du marché du travail ». Chose qui n’est constatée que pour 6% des pères… Ce sont la plupart du temps les mères qui adaptent leur activité professionnelle à la naissance des enfants, ce qui explique un plus fort retour à l’emploi des femmes à partir d’un certain âge.
Malgré le grand idéal d’égalité de la société actuelle selon l’Ined, et des femmes en particulier, « la répartition des tâches au sein du couple reste fortement déséquilibrée ». Ainsi, comme le concluent les auteurs Ariane Paihé et Anne Solaz, « la persistance de fortes inégalités de genre et de conditions de travail témoigne que l’équilibre entre famille et travail reste toujours à trouver ».