Transparence des salaires : où en sont les entreprises dans le monde ?

Les entreprises européennes affichent un retard par rapport à leurs homologues américaines en matière de stratégie de transparence des rémunérations.

"Les entreprises ont l’opportunité unique de transformer un effort nécessaire de conformité en avantage concurrentiel."
"Les entreprises ont l’opportunité unique de transformer un effort nécessaire de conformité en avantage concurrentiel." © Jiw Ingka/stock adobe.com

Alors que d’ici l’été 2026, les Etats membres de l’Union européenne devront transposer dans leur droit national la directive sur la transparence des rémunérations, où en sont aujourd’hui les entreprises ?

Seules 7% des entreprises européennes ont aujourd’hui déployé un plan de transparence des rémunérations, mais 59% d’entre elles sont en train d’élaborer leur stratégie et/ou leur plan d’actions sur ce sujet, selon la dernière enquête Mercer* publiée le 5 novembre.

Les groupes européens sont à la traîne par rapport à leur pairs américains : aux Etats-Unis, 19% du panel a mis en place une politique de transparence des rémunérations et 57% signale que celle-ci est en cours d’élaboration. Une avance qui s’explique par une législation plus ancienne en la matière, dans des états pionniers tels que le Colorado, la Californie ou encore le Nevada. Ces lois imposent notamment aux employeurs de publier à minima une fourchette de salaire sur leurs offres d’emploi. Le Canada se classe, lui aussi, parmi les bons élèves, avec des lois similaires, déjà en vigueur dans la province de l’Ontario, et à l’étude en Colombie-britannique et en Nouvelle-Ecosse.

Dans les pays d’Asie, du Pacifique et d’Amérique latine, l’accent est moins mis sur la communication des fourchettes salariales, sur un poste donné, aux candidats et aux salariés que sur la publication d’indicateurs sur l’égalité salariale femmes-hommes.

© Mercer’s 2024 Global Pay Transparency Survey Report

Respecter la loi : le premier moteur du virage vers la transparence salariale

De manière générale, la première motivation des employeurs pour faire preuve de davantage de transparence salariale est la mise en conformité avec la loi (citée par 77% des entreprises dans le monde, et 82% des entreprises françaises). 53% de l’ensemble des employeurs mettent ensuite en avant une volonté de s’aligner sur les valeurs de l’entreprise en termes de diversité, d’équité et d’inclusion, et 51% le souhait d’augmenter la satisfaction de leurs employés.

Pourtant, selon Arnauld Fourniol, associé au sein du département transformation et gestion des talents de Mercer France, « l’application de la nouvelle directive européenne sur l’équité et la transparence des rémunérations ne doit pas uniquement être perçue comme un projet de mise en conformité mais comme une formidable opportunité d’améliorer tant sa proposition de valeur aux salariés que sa marque employeur, pour mieux retenir et attirer les talents ».

Une exigence accrue des candidats

Au niveau mondial, près de 7 entreprises sur 10 reconnaissent d’ailleurs que la transparence salariale est une exigence des candidats. Dans toutes les régions, les attentes de ces derniers sont plus élevées que chez les salariés.

Actuellement, 60% des entreprises interrogées partagent des fourchettes de rémunération dans le cadre de leur processus de recrutement, un pourcentage qui devrait atteindre 94% dans le monde au cours des deux prochaines années, selon Mercer.

« Le chemin vers la transparence salariale est difficile, mais il regorge également d’opportunités pour ceux qui le prendront tôt et efficacement, estime Gordon Frost, Global Rewards Solution Leader chez Mercer. Alors que les entreprises s’efforcent de répondre à la demande croissante en termes de transparence, elles ont l’opportunité unique de transformer un effort nécessaire de conformité en avantage concurrentiel. »

*L’enquête mondiale sur la transparence des salaires 2024 de Mercer a été menée en ligne du 15 avril au 15 mai 2024. 1 160 entreprises ayant leur siège dans 45 pays ont répondu à cette enquête. Environ 35% des entreprises participantes sont basées en Europe (Europe continentale et pays nordiques), 32% aux États-Unis, 22% au Canada, 7% au Royaume-Uni et en Irlande, et 4% en Asie.

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