Transition écologique : 150 entreprises françaises se fixent des objectifs ambitieux pour 2030

La Convention des entreprises pour le climat regroupe des acteurs prêts à repenser leur modèle d’entreprise pour répondre à l’urgence climatique.

Face à l'urgence climatique, des entreprises se mobilisent pour repenser en profondeur leur modèle.
Face à l'urgence climatique, des entreprises se mobilisent pour repenser en profondeur leur modèle. © malp/stock adobe.com

« Toutes les fois qu’une génération ferme et résolue se met au travail, l’univers se transforme. » Face à une tâche immense, réparer le monde qu’on est en train de détruire, cette phrase de Stefan Zweig sert de boussole aux acteurs de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), qui se sont réunis le 25 octobre à l’ESCP Business School, à l’occasion du rendu de leur rapport final.

Née dans le sillage de la Convention citoyenne pour le Climat, cette entité, regroupe 150 entreprises de tailles, secteurs et régions variés. Son souhait : faire des entreprises françaises des fers de lance de la transition économique écologique.

Se reconnecter au vivant pour le régénérer

Durant dix mois, chefs d’entreprise, DRH, responsables RSE, directions financières et marketing, bénévoles ont travaillé main dans la main pour construire leur propre feuille de route. Avec un objectif :  basculer d’un modèle business as usual (visant le profit maximal) ou d’entreprise responsable (cherchant à réduire ses impacts négatifs) à celui d’entreprise contributive (avec des objectifs RSE intégrés à la stratégie d’entreprise), voire régénérative (régénérant les conditions du vivant) d’ici 2030. « La régénération est le processus qui définit le vivant. Le corps humain régénère ses cellules, détaille le rapport final de la CEC. L’arbre régénère son écorce. La montagne régénère ses glaciers. Tout écosystème naturel régénère sa faune et sa flore. »

Or, il est urgent d’agir car cette régénération est entravée par l’activité humaine : « Nous habitons l’écosystème Terre et en consommons les ressources 1,7 fois plus vite que ce que la Terre est capable de régénérer. Dans le monde de l’entreprise, on appelle ça un retour sur investissement négatif. Compenser nos vols en avion et repêcher quelques tonnes de plastique dans les océans n’y fera rien : il est temps, il est même impératif, de passer d’une économie extractive à une économie régénérative. » En d’autres termes, il s’agit de passer d’une logique de limitation, voire de neutralisation des impacts négatifs de son activité, à une influence positive de celle-ci sur l’écosystème et la société.

Sur la voie de l’entreprise régénérative : 3 exemples de feuille de route

Le rapport final de la CEC, publié le 25 octobre, présente le fruit des travaux de ces entreprises : des objectifs d’impact clairs, mesurables et ambitieux et un plan d’action concret pour atteindre ce cap.

A titre d’exemple, Axeo Services, filiale de La Poste spécialisée dans les services à domicile, s’est fixé 8 objectifs :

  • En 2035, 100% des salariés mesureront leur impact CO2 et accompagneront leurs clients dans cette démarche
  • En 2030, 100% de l’équipe sera formée à l’éco conduite et aux écogestes
  • En 2030, aucun déchet non recyclable ne sera généré par l’agence
  • La mise en place d’une mesure annuelle de l’indice de développement humain auprès de ses salariés
  • Une baisse de 30% du nombre de km parcouru par ses intervenants à horizon 2030
  • Dans le même temps, une augmentation de 50% des trajets parcourus en mobilité douce et transports en commun
  • L’abandon des produits phyto et ménagers non écolabellisés
  • Un renforcement de la qualité de l’aide à l’autonomie des personnes âgées et en situation de handicap

Son plan d’actions se décline, quant à lui, en 5 mesures :

  • Acquérir une forêt jardin et créer une communauté AXEO de sensibilisation à la préservation de la biodiversité et du vivant
  • Lancer des ateliers de sensibilisation et d’accompagnement à la transformation mutualisé entre agences d’un même territoire
  • Déployer des équipes locales et autonomes
  • Expérimenter la coopération avec les entreprises de la CEC
  • Faire évoluer le mode de gouvernance pour se transformer en entreprise à mission.

De son côté, le groupe Pierre&Vacances CenterParcs vise pour 2030 :

  • -46% d’émissions carbone liées aux consommation d’énergie
  • -27% d’émissions indirectement liées à l’activité du groupe (trajets des clients…)
  • Augmentation de la part d’énergie renouvelable et de l’autonomie énergétique des sites
  • Zéro artificialisation des surfaces des nouveaux projets
  • Contribution nette à la biodiversité sur les sites de plus de 50 ha et les nouveaux projets
  • 80% de produits responsables et locaux dans les espaces de restauration du groupe
  • Grands chantiers régénératifs impliquant les sites (agriculture, énergie, social…)
  • 100% de nos collaborateurs formés aux enjeux du développements durable et 30% ambassadeurs engagés dans des actions de transition des territoires

Son plan d’actions se décline ainsi :

  • Définir et déployer la trajectoire de sobriété et décarbonation selon la méthode SBTi (une méthode destinée à atteindre un objectif net zéro)
  • Développer des services sur toute l’expérience client en partenariat avec les territoires : une offre de transport bas carbone, une offre de restauration locale responsable, des activités de découverte des territoires et de la nature
  • Mettre en place des exigences pour leurs nouveaux projets et les étendre aux sites en exploitation (réhabilitation vs construction neuve, un objectif de zéro artificialisation nette, des objectif de contribution nette à la biodiversité ordinaire)
  • Mettre en place une stratégie d’adaptation aux risques climatiques
  • Mettre en place un programme de formation “culture RSE” permettant à chacun de comprendre les enjeux et passer à l’action (focus : énergie & carbone, cycle de l’eau, biodiversité & sol, diversité & equité, ancrage local)
  • Permettre aux collaborateurs d’initier ou de participer à des projets régénératifs locaux.

Enfin, l’entreprise Mustela, spécialisée dans les cosmétiques pour bébés et enfants, s’est fixé comme objectifs :

  • Une hausse de la pénétration des produits solides ou du vrac chez les consommateurs dès 2025
  • Le soutien d’une cause locale pour la parentalité dans 100% des filiales en 2025
  • La qualité de prise en charge de la parentalité (ex baisse de la dépression post-partum), en commençant par viser l’exemplarité au niveau mondial chez ses salariés en 2025
  • Une contribution à la neutralité carbone planétaire en 2030 via des approvisionnements au  plus  près de la production et une réduction de l’impact des transports et décarbonation des centres de production
  • En 2035, 100% de son offre disponible en vrac, solide ou emballage réemployé
  • En 2035, des pratiques agricoles exclusivement régénératives ou usages de co-produits

Son plan d’actions est le suivant :

  • Redéfinir leur manière de travailler (fin de l’innovation à visée de croissance volumique de produits non authentiquement régénératifs, fin du suremballage, puis rupture techno pour ne plus emballer, arrêt des produits non redirigeables: cosmétiques « accessoires », lingettes et échantillons, remise en question des voyages à forte émission de gaz à effet de serre, interdiction du fret aérien…)
  • Revue des outils de pilotage de performance : challenger les indicateurs de croissance, les substituer par la valeur absolue distribuée à l’actionnaire, la valeur absolue distribuée aux salariés, le ratio % d’augmentation des revenus et des profits sur % d’inflation locale, la réduction des destructions, gâchis de matière ou d’énergie, dépenses non utiles ou non efficientes pour nos objectifs et mise en place de la comptabilité triple capitaux « environnementale, sociale et financière ».
  • Revue du système de rémunération : rémunération variable indexée sur nos objectifs de mission pour nous donner les moyens de rendre notre business model régénératif et de se défaire des dépendances nous poussant à l’impact négatif, diminuer les écarts salariaux entre les plus bas et les plus hauts salaires et penser la rémunération au-delà du salaire : y associer les modes de travail, les jours de congés, services spécifiques aux salariés (crèches, transports, services aux familles, aux aidants, aux seniors, formations, aide à la création d’entreprise, etc)
  • Redirection vers des modèles d’affaires potentiellement régénératifs : prise de participation dans des entreprises éco-compatibles en amont et en aval de notre chaine de valeur : terres agricoles et centres de production plus près de nos consommateurs, entreprises qui récoltent des plantes invasives ou des déchets sur les côtes, dans les fleuves ou les océans, pour les transformer en actifs ou en emballages, centres de lavage de bouteilles réemployées pour l’industrie cosmétique, maisons de la parentalité associant des services favorisant le bien-être, l’inclusion sociale, la prévention santé, l’éducation à l’éco-action, la distribution de soins en vrac, la collecte d’emballages, la circularité des vêtements et matériels de puériculture…

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