TPE/PME : les bas salaires augmentent davantage que ceux des cadres

Des experts-comptables se sont penché sur les bulletins de salaire d’employés de TPE/PME et en ont tiré des enseignements en matière d’évolution de leur rémunération.

Le SMIC a été à nouveau revalorisé le 1er mai 2022.
Les TPE/PME ont davantage augmenté leurs collaborateurs qu'elles ne l'escomptaient en début d'année. © HJBC/stock adobe.com

Ce ne sont pas les entreprises qui ont le plus de marges de manœuvre financière. Pourtant, les TPE/PME de moins de 50 salariés ont décidé d’augmenter les salaires, au premier semestre 2022, pour renforcer le pouvoir d’achat de leurs salariés. C’est ce que révèle une analyse de plus de 433 000 fiches de paie dans des entreprises de cette taille, conduite par le Cercle Perspectives, qui regroupe dix-sept cabinets d’expertise comptable.

Une hausse moyenne de 3,10%

« Nous avons pris comme référence le taux horaire brut, ce qui permet d’enlever tout ce qui brouille la rémunération finale, comme les primes, les absences maladie ou les congés payés sans solde, pour ne conserver que ce qui est pérenne sur un bulletin de paie », explique Laurent Chapart, président du cabinet Cogep et du Cercle perspectives, aux Echos.

Les dirigeants de ces TPE/PME ont accordé une hausse de salaire moyenne de 3,10% durant la première moitié de l’année. Un geste en réaction au contexte inflationniste. De l’aveu des entreprises interrogées dans le cadre de cette enquête, c’est la première fois que les employeurs font face à des demandes individuelles d’augmentation si pressantes : « J’ai dû aller jusqu’à 8,56% voire 10% d’augmentation pour des salariés dont j’ai absolument besoin et qui menaçaient de partir. Les métalliers, c’est une denrée rare, je dois les ménager », témoigne une dirigeante de TPE.

Un coup de boost pour les bas salaires

Alors qu’un sondage Cercle Perspectives indiquait, en février 2022, que huit entreprises sur dix n’envisageaient pas d’augmenter les salaires plus que les années précédentes, contenant les hausses entre 1,5 et 2%, le conflit en Ukraine et la hausse des prix a changé la donne. Même si la hausse des salaires reste deux fois moins élevée que l’inflation, qui se situait à 6,2% sur un an en octobre, comme le faisait récemment remarquer la Dares.

Fait nouveau, ce sont les bas salaires qui bénéficient de la plus forte augmentation : 3,14% pour les salariés non-cadres et 2,76% pour les cadres. De leur côté, les femmes ont été légèrement plus augmentées que les hommes : 3,16 contre 3,05%, ce qui constitue un « potentiel rattrapage », selon les experts-comptables, les rémunérations des femmes étant, en moyenne, moins élevées que celles de leurs collègues masculins.

L’hôtellerie-restauration affiche les plus fortes hausses

L’effet de rattrapage est également géographique, avec une moindre augmentation des salaires franciliens (2,99%) que dans certains régions, telles que les Hauts-de-France (+3,23%), d’Auvergne-Rhône-Alpes (3,20%), les Pays de Loire (3,22%), la Bretagne (3,17%) et la Nouvelle-Aquitaine (3,17%).

L’enquête pointe également des disparités en fonction des secteurs. Sans surprise, ce sont ceux qui éprouvent le plus de difficultés à recruter qui ont le plus gonflé les salaires. En tête, l’hôtellerie-restauration affiche 5,23% d’augmentation, en moyenne, des chiffres tirés vers le haut par l’accord de branche signé par la profession en janvier 2022. Suivent l’administration publique, avec 4,18% d’augmentation, et le secteur du transport, avec une hausse moyenne de 3,68%.

Bien s’équiper pour bien recruter