Télétravail : où en est-on en France en 2025 ?

Cinq ans après la pandémie, le télétravail n’a rien d’un effet de mode. Loin du retour au bureau prôné par certaines entreprises, l’enquête nationale de l’Observatoire du télétravail 2025 montre qu’il s’est solidement ancré dans les pratiques.

Enquête observatoire national du télétravail - Télétravail les chiffres clés de 2025
Selon la dernière édition de l'Observatoire du télétravail, les salariés français télétravaillent en moyenne deux jours par semaine, un chiffre stable. © Impact Photography / stock.adobe.com

Le télétravail s’installe durablement dans les pratiques des salariés français, malgré les velléités d’un retour au bureau. Cinq ans après la pandémie, l’Observatoire du télétravail*, créé par l’Ugict-CGT, a dévoilé le 15 octobre sa nouvelle enquête nationale « Télétravail : stop ou encore ? », conduite auprès d’un échantillon de 5 336 salariés télétravaillants**. Les résultats de cette édition 2025 ? Si quelques entreprises freinent des quatre fers, les télétravailleurs, eux, n’en démordent pas.

Un modèle hybride bien ancré

En 2025, le télétravail reste une pratique quotidienne pour des millions d’actifs : deux jours par semaine en moyenne, un équilibre stable depuis plusieurs années. Et, à rebours de certaines grandes entreprises – Ubisoft, la Société Générale ou Amazon, pour ne citer qu’elles -, un répondant sur deux aimerait télétravailler davantage. Une demande stable, voire renforcée.

La fin du télétravail ? Une crainte plus qu’une réalité

Malgré quelques coups de frein, dans les faits, 77 % des répondants affirment que le télétravail n’a pas été supprimé dans leur entreprise. Seuls 7 % ont observé une suppression totale ou partielle dans certains services.

En revanche, près d’un tiers (31 %) évoquent une pression informelle au retour sur site. « Il n’y a pas forcément d’encouragement à revenir sur site, mais on sent que le télétravail est mal perçu », note l’un des répondants.

Parmi les chiffres, un signal fort est à relever : plus d’un salarié sur deux (54 %) serait prêt à démissionner si son employeur supprimait le télétravail. Les jeunes actifs (moins de 30 ans) sont les plus déterminés à claquer la porte le cas échéant, en comparaison des seniors (plus de 50 ans).

Une quête d’équilibre vie pro / vie perso au cœur des attentes

La motivation principale des télétravailleurs reste la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (77 %).

La liberté d’adapter ses horaires de travail séduit également 69 % des sondés. Et 56% déclarent gagner plus d’une heure de trajet par jour, réinvestie pour la famille (61 %), le repos (56 %), le travail (43%) ou les loisirs (39 %).

Toutefois, tout n’est pas rose pour autant : 30 % évoquent un brouillage des frontières entre vie pro et vie perso, et 46 % ont déjà connu des tensions liées à cette porosité.

Télétravail et santé : entre soupape et surmenage

L’étude met en lumière une santé mentale fragilisée, mais aussi un télétravail perçu comme une béquille précieuse. Si 87 % des répondants déclarent s’être déjà sentis stressés au travail, 75 % se disent moins fatigués qu’en présentiel et 45 % ressentent moins d’anxiété.

Paradoxalement, 76 % continuent de télétravailler alors qu’ils sont malades, souvent en raison d’une charge de travail trop importante ou pour éviter une perte de salaire. Et côté déconnexion, 30 % des répondants peinent à décrocher.

Ils sont aussi 44 % à déclarer avoir déjà eu recours au travail à distance pour s’occuper d’un enfant malade, plutôt que de poser un congé dédié souvent non rémunéré. Les femmes sont d’ailleurs plus représentées : 49 % ont déjà eu recours à cette méthode, soit 9 points de plus que les hommes.

Managers et déconnexion : les angles morts du télétravail

Côté encadrement, les managers semblent rester les grands oubliés du télétravail : 71 % n’ont reçu aucune formation au management hybride, et 43 % estiment que le télétravail rend le management plus complexe. En conséquence : plus de fatigue, de stress, et une difficulté à détecter le mal-être de leurs équipes.

Espaces de travail : le flex-office ne fait pas l’unanimité

« Quand les salariés de la Société Générale se sont mobilisés contre la volonté de l’employeur de revenir sur les accords télétravail et de diminuer le nombre de jours, ils et elles ont décidé de […] prouver à l’employeur que si tous les salariés revenaient en présentiel, il n’y aurait plus suffisamment de bureaux », peut-on lire dans l’enquête.

Si les entreprises profitent du télétravail pour réduire les surfaces, les coûts et généraliser le flex-office, les salariés ne suivent pas toujours. Deux sondés sur trois affirment ne pas avoir été consultés lors de la réorganisation de leurs espaces de travail. 36 % jugent ces changements négatifs pour la cohésion d’équipe, et beaucoup regrettent la perte de repères : « c’est impersonnel, on a l’impression d’être du bétail dans une étable », confie un répondant.

Et demain ?

L’enjeu désormais ? Consolider les politiques de télétravail sans les subir, en formant les managers, en clarifiant le droit à la déconnexion et en associant les équipes aux réorganisations. Car, à en croire les chiffres, le télétravail n’est pas un privilège, mais un besoin.

*Lancé en 2022 par l’Ugict-CGT avec le soutien de Secafi, Malakoff Humanis et de l’Anact, l’Observatoire du télétravail est un lieu d’échanges et de confrontations entre scientifiques, acteurs sociaux et syndicalistes. Il a pour mission d’anticiper les transformations du télétravail par le biais d’enquêtes.

**Enquête conduite entre mars et août 2025 auprès de 7 792 personnes. Après filtres, l’échantillon retient 5 336 salariés déclarant télétravailler. La base finale a été pondérée pour constituer un support robuste pour les analyses statistiques et les comparaisons.

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