Pénurie de talents dans la tech : pourquoi les entreprises françaises ne recrutent-elles pas plus à l’international ?
Les entreprises de la tech françaises recrutent bien moins à l’étranger que leurs homologues européennes ou américaines. Comment l’expliquer ?
Le secteur de la tech est particulièrement en proie aux difficultés de recrutement, en France comme à l’international. Pour faire face à cette pénurie, la guerre des talents se mondialise. Mais les entreprises françaises semblent plus frileuses que les autres à recruter des candidats vivant à l’étranger.
11% des entreprises de la tech recrutent à l’international
Selon le dernier rapport Tech Talents 2022* publié par Remote, une plateforme RH spécialisée dans le télétravail, seuls 11% des employeurs français embauchent à l’international pour pallier les difficultés de recrutement. Soit le taux le plus bas des pays ayant pris part à l’enquête. En comparaison, 40% des entreprises néerlandaises, 25% des entreprises britanniques, 23% des entreprises allemandes et 20% des entreprises américaines font appel à des candidats vivant en dehors de leurs frontières.
L’étude révèle encore que 24% des entreprises françaises ont déjà tenté ou tentent d’embaucher à l’international, pour des raisons diverses : diversifier leurs équipes (46%), tester de nouveaux marchés (35%), lutter contre la pénurie de talents (11%).
Lorsqu’elle se tournent vers d’autres pays, elles privilégient des écosystèmes historiquement reconnus pour leur expertise tech : New York, Londres, Berlin ou San Francisco. Mais la moitié des recruteurs français s’intéressent également aux pôles émergents que constituent Buenos Aires, Helsinki ou Guadalajara.
Culture de travail différente et méconnaissance des réglementations locales
Si 22% des entreprises françaises de la tech ont adopté une politique de travail à distance pour élargir leur vivier de candidats, deux tiers des recruteurs continuent à axer leur stratégie de recherche principalement dans l’Hexagone. Pour quelles raisons ?
D’abord par crainte de ne pas savoir gérer des cultures de travail différentes ou d’appréhensions liées à la barrière de la langue. Mais aussi par méconnaissance des réglementations locales en matière de payes et d’avantages sociaux. Enfin, les employeurs français redoutent aussi des difficultés à coordonner des équipes travaillant selon différents fuseaux horaires.
« Les opportunités qu’offre le recrutement à l’échelle mondiale sont immenses, affirme Job van der Voort, PDG et cofondateur de Remote. En comparaison, les défis et les obstacles à l’embauche des meilleurs candidats ne sont que minimes. Notre étude démontre que pour répondre à leurs besoins en matière de compétences, les entreprises doivent chercher au-delà de leur propre marché. Les talents dans le milieu de la Tech n’ont pas disparu, ils sont simplement répartis dans le monde entier, et les entreprises doivent surmonter les difficultés pour aller les recruter là où ils se trouvent. »
*L’étude Tech Talents 2022 de Remote a été menée auprès de 263 décideurs en France qui recrutent actuellement pour des postes techniques à distance. Les entretiens ont été menés par Focaldata en septembre 2022 au moyen d’une invitation par e-mail et d’une enquête en ligne.